Pousser une porte à Nagoya





Lundi 30 décembre 2024, 15h – 16h, quartier Sakae, Nagoya. On aperçoit des tables et une cuisine et on pousse la porte. Il y a vraiment au Japon deux sortes de restaurants, ceux qui sont très ouverts et ceux qui sont cachés. Les deux exemples sont là côte à côte. Ici, à peine plus de douze places, y compris au comptoir qui donne sur la cuisine où s’affairent deux jeunes hommes. À voir le grand bouquet de fleurs au centre du petit espace et la serveuse qui semble tout diriger, on comprend vite que c’est à la mode. Avec le menu puis le zakouski, on apprend la référence italienne. On va attendre longtemps un filet d’agneau et un risotto, mais, à voir les autres clients, c’est le style. En sortant, alors que le jour baisse, on découvre une grande façade aveugle peinte en gris sombre. Le nom, Up Town, et l’image de l’enseigne, vont nous faire entrer dans toute une histoire sur Internet : https://www.instagram.com/uptownyamabiko/

Retour


Lundi 23 décembre 2024, midi, café Doutor, centre commercial Plaza, Ogaki. Cette chaine de cafés est fidèle à une modernité ordonnée, distinguée et simple. Et c’est pour nous une manière de marquer un retour au Japon, sous l’angle d’un échange « occidental ».

Personnage type


Dimanche 20 octobre 2024, 22h. Une série de dix photos a été préparée pour accompagner les dix chapitres d’un texte à paraître : « La collection à l’œuvre. Le cas Soba Choko ». Les tasses, ou gobelets, objets singuliers du Japon nommés soba choko, ont semble-t-il une figure qui les fait apparaître comme des personnages avec des rôles. Soba Choko est devenu un nom propre qui se moque du soba, le sarrasin et même du choko, le gobelet pour la bouche. Celui-ci est nommé ichimatsu. Il prend le nom d’un brillant acteur de Kabuki, Sanogawa Ichimatsu (1722~1762), identifié au damier de son costume. Mais encore, cet ichimatsu est l’œuvre du maître céramiste de Kyoto, Kasho Morioka (1937-2009), et a été produit en Chine, à Jingdezhen — capitale mondiale de la porcelaine —, dans les années 1990. Voir 9 novembre 2023 : https://jlggb.net/blog8/2023/11/09/sometsuke-soba-choko/

Vert, vert bleuté, jaune, orangé



Vendredi 11 octobre 2024, 18h15, Saint-Girod, Entrelacs, Savoie. Dans le contre-jour, la belle courbe des prés, l’inflexion d’épis qui sont de faux épis d’autant plus beaux. On trouve que cette graminée à panicules, « aux feuilles d’un vert bleuté », « aux soies jaunes ou orangées » se nomme Setaria glauca, sétaire glauque. Ou encore Yellow Foxtail et mauvaise herbe.

État des lieux


Jeudi 22 août 2024, 13h30, rue de Montreuil, Paris 11e. La ville « déserte » favorise les sorties de l’inaperçu ordinaire. On remarque cette vitrine sans produits mais avec, peut-être, des symboles, sous l’enseigne « États des lieux locatifs ». Reflet de la vitrine d’en face : « Estimation ». Quelle note lui mettre ? Nombre de plantes : une vingtaine ; variété : une douzaine ; rares : non ; composition : un certain équilibre mais dissymétrie banale — il n’est pas question d’ikebana — ; encadrement métallique et vis apparentes, solidité et frontalité assurées ; effet kitsch positif. Un peu mieux qu’assez bien : 13/20.

Assiette de Matisse



Mercredi 15 mai 2024, 15h, Fondation Louis Vuitton, Bois de Boulogne. Matisse, Nu féminin, Asnières, 1907, Faïence stannifère [André Metthey], The Museum of Modern Art, New York, achat, 2001 et L’Atelier rouge, huile sur toile, 1911, Issy-les-Moulineaux, The Museum of Modern Art, New York, détail. L’assiette figure dans le tableau manifeste qu’est L’Atelier rouge, elle est une façon pour Matisse de poser un objet décoratif dans un art qui est lui-même l’affirmation du pouvoir poétique du motif décoratif. On voit dans nombre de ses peintures des poteries qui lui sont familières. La frise de fleurs à cinq pétales — ciste à fleurs blanches — est aussi celle du grand nu au fond rose, peinture absente de la reconstitution faite par le MoMA et la Fondation, car Matisse a voulu qu’elle soit détruite après sa mort.

Elle est bien là


Vendredi 10 mai 2024, 20h33, ligne de chemin de fer de Chambéry vers Lyon, Savoie. Elle semble faire concurrence au repère rituel des passages en TGV du côté de Tournus. Mais c’est elle, la cascade de Couz, de Jean-Jacques Rousseau, qui fait appel à l’instantané habile, à la citation au cours de la phrase.

Un oiseau chasseur ou chassé


Lundi 12 février, 15h, Mucem, Marseille. Céramique de Chalcis, Grèce, ancien port de Thèbes, plat de terre cuite, Empire Byzantin. Cette image nous conduit à une image semblable, au Metropolitan Museum of Art, New York, avec cette légende : « Bol avec oiseau à long bec, Le chasseur portait le faucon sur le dos de la main. Les pattes du faucon, auxquelles étaient attachées des petites clochettes, étaient tenues à la main du chasseur par des sangles, qui se détachaient lorsque le faucon était relâché pour chasser. Extrait de Constantin Manasses, Description de la chasse à la grue, vers 1130-1187. La chasse à la grue était un sport byzantin populaire. L’oiseau au long bec peut être un oiseau de proie — le chasseur — ou un oiseau d’eau — le chassé —. »