Personnage type


Dimanche 20 octobre 2024, 22h. Une série de dix photos a été préparée pour accompagner les dix chapitres d’un texte à paraître : « La collection à l’œuvre. Le cas Soba Choko ». Les tasses, ou gobelets, objets singuliers du Japon nommés soba choko, ont semble-t-il une figure qui les fait apparaître comme des personnages avec des rôles. Soba Choko est devenu un nom propre qui se moque du soba, le sarrasin et même du choko, le gobelet pour la bouche. Celui-ci est nommé ichimatsu. Il prend le nom d’un brillant acteur de Kabuki, Sanogawa Ichimatsu (1722~1762), identifié au damier de son costume. Mais encore, cet ichimatsu est l’œuvre du maître céramiste de Kyoto, Kasho Morioka (1937-2009), et a été produit en Chine, à Jingdezhen — capitale mondiale de la porcelaine —, dans les années 1990. Voir 9 novembre 2023 : https://jlggb.net/blog8/2023/11/09/sometsuke-soba-choko/

Attacher (La vie des objets. Ch. 174)


Jeudi 29 août 2024, 10h, station Angel, Islington, Londres. L’objet est le logo des transports publics londoniens, cercle rouge vif barré d’un nom en blanc sur fond bleu sombre, dans la célèbre typographie d’Edward Johnston, qui a lui-même défini ce logo, de 1913 à 1916. Le reproduire pour le documenter serait peu au regard de sa rencontre dans les profondeurs du Tube. Bien plus que le lire, et la collection de ses noms propres s’identifie résolument, le fréquenter, le voir vivre, le vivre, est la façon première de s’attacher à des lieux, à des trajectoires, aux mailles de la ville.

Une petite poupée du Japon


Samedi 24 août 2024, 16h15, musée d’Ennery, avenue Foch, Paris, 16e. Elle n’était pas pour jouer mais pour célébrer la fête des enfants. L’étiquette surprend, surtout dans les circonstances françaises actuelles. On doit savoir que, dans la hiérarchie du gouvernement japonais, il y avait, avec l’empereur au centre, le ministre de gauche d’abord, puis le ministre de droite. Ce musée en est un parce que Madame d’Ennery, à la fin du 19e siècle, a voulu faire aboutir, sous ce nom, sa passion particulière des collections d’objets chinois et japonais. Ici, aujourd’hui, 7000 pièces, presque exclusivement des figures animales et humaines, achetées, sans jamais voyager ni étudier, souvent par lots, chez des antiquaires, au Bon Marché. Ce musée unique parle avant tout de la façon dont de riches familles parisiennes, proches du pouvoir, firent la promotion des chinoiseries et des japonaiseries.

Regarder (La vie des objets. Ch. 170)


Samedi 3 août 2024, 16h, Musée d’art et d’histoire, Genève. L’exposition conçue par Pascal Rousseau, « Archéologie des fluides », « parcourt les collections du MAH en compagnie de Waldemar Deonna [archéologue, directeur du musée de 1922 à 1951], pour saisir ce qui, en dehors des classements conventionnels, pousse ces objets hétéroclites à former une chaîne magnétique dans laquelle l’œil peut faire l’expérience de modes de connaissance ouverts à une circulation libre et réversible dans le temps. » Parmi les bustes antiques et les œuvres précieuses, partageant « l’évidement des yeux, dénominateur commun du magnétisme surnaturel du regard », un regard fascinant, littéralement vide, entré dans la collection on ne sait pourquoi, le Masque de carnaval et de bal costumé, vers 1950, Soleure, papier mâché peint, toile cirée peinte.

Anéantir (La vie des objets. Ch. 169)


Samedi 3 août 2024, 14h, Musée d’ethnographie de Genève. Dans l’exposition « Mémoires — Genève dans le monde colonial » — qui déclare l’entreprise de « décoloniser le musée » —, une carte de visite d’Adolphe Audéoud porte : « fouet à captifs usagé, Haut Sénégal 1893 ». Cet agronome (1866-1968) militait contre la prostitution avec l’Association abolitionniste genevoise. Selon lui, une telle volonté d’anéantissement devait s’inspirer de celle de l’esclavage en Afrique.


Signe : « Certains contenus présentent des images ou des termes à caractère raciste et discriminant ».

Le Bus a 40 ans


Mardi 25 juin 2024, Paris. Le 25 juin 1984, sur un trajet inventé qui va de Saint-Denis à Stains, en passant par Pierrefitte, un travelling de 10 minutes, aller et retour, est enregistré, pour conduire aux portraits photographiques de 120 êtres vivants, selon l’« ARRÊT DEMANDÉ ». Cette installation pour l’exposition « Les Immatériaux », Le Bus ou l’Exercice de la découverte, fondée sur un vidéodisque, a aujourd’hui, dans une forme reconstituée, rejoint les collections du Musée national d’art moderne — Centre Pompidou.

Quai des charbonnages (Atlas du gobelet)





Lundi 20 mai 2024, 17h43, quai des Charbonnages, place Sainctelette Bruxelles. L’attention portée à ces carreaux de ciments qui retiennent un petit gobelet noir ne vient pas du terrible chantier qu’ils connaissent aujourd’hui, mais du gobelet orange, agité alors par le vent dans le soleil, le 15 février 2019 à 12h20 : http://jlggb.net/blog6/2019/02/15/atlas-du-gobelet-molenbeek/