
Mardi 21 octobre 2025, 17h, salon Asia Now, Monnaie de Paris, Paris, 6e. Li Fang, Avant l’orage N° 8, 2024, huile sur toile, 97 x 130 cm, galerie Boulakia. Dès que le titre est lu, le flou idyllique des larges traits de couleur savants, trouve son sens dramatique. Li Fang a étudié et enseigné l’art à Nankin, puis elle a trouvé son style en s’établissant à Paris et poursuivant ses recherches à l’Université Paris 1.
Catégorie : Lecture
La chambre d’Émile






Mercredi 18 mai 2025, 14h, Paris. On est fin 2011. Parce qu’il l’a connu à La Borde, Raymond conseille le docteur Jean-Claude Polack à Étienne, petit-fils d’Émile. Le rendez-vous a lieu au 125 boulevard Saint-Germain mais renvoie à un autre docteur, au 22 boulevard Saint-Michel. La consultation se révèle une impasse. Pourtant, l’adresse va apparaître sur la carte d’étudiant d’Émile, qui accompagne son dessin, envoyé en novembre 1948 à Emma, à Françoise et Jean-Louis : Ma « chambre de bonne ». Une observation photographique persévérante conduit à des preuves. La chambre sous les toits donne sur le boulevard Saint-Germain car l’immeuble fait l’angle. La forme de la fenêtre, ses volets intérieurs, la position de la cheminée sont identiques. La vue dans le dessin montre, au nord, la flèche de la Sainte-Chapelle, un groupe de jacobines superposées. Cette adresse a été aussi celle de Jean-Claude Polack, elle est dans tout un réseau de relations qu’on ne va pas décrire ici.
Dans la forêt, le chemin qui a connu des traverses
Se pointer (La vie des objets. Ch. 187)


Lundi 14 avril 2025, 18h30, Paris et lundi 23 décembre 2024, 15h30, supermarché MaxValu, Ogaki. La (très) grande surface d’alimentation est parcourue in extenso. Pour y faire les courses dans les temps qui viennent, il faut en prendre connaissance, la déchiffrer. En marge du champ visuel, un objet accroche avec, tout de suite, l’affirmation « Super Normal ». Confirmation : il est juste là à sa place sur un rayon de la bibliothèque, dans l’ouvrage de Fukasawa et Morrison, Super Normal, 2008, le numéro 30 (sur 210), pages 69-71, est Table salt shaker. Avec cette notice : « 30 Table salt shaker. In days gone by, the general store on the street corner was called a tobacco shop, and salt was always sold there along with cigarettes. This table salt shaker is one that seems to hark back to that time. Since then, salt has been revamped, with a new bottle making the scene. But when you get down to it, this stable conical shape is still an icon for table salt. Many shakers, whether by coincidence or not, have the same kind of shape. What they share is that, while having a functional shape, they also have a gentleness, a softness about them. »
Jean-Luc Godard, le typographe à la caméra


Mercredi 19 mars 2025, 15h, Musée de l’imprimerie, Lyon. L’exposition, conçue par Paule Palacios-Dalens, est impressionnante par sa mise en forme sur le modèle d’un livre, par son étendue documentaire, par ses notes savantes. « En train de se faire » elle aussi, comme La Chinoise de 1967 s’annonce typographiquement. Je me perçois mêlé, par tant de détails vécus, à une histoire de soixante années.
Tatsuo Miyajima

Jeudi 16 janvier 2025, 17h, Musée d’art contemporain de Tokyo (MOT), Tokyo. Tatsuo Miyajima, Keep Changing, Connect with Everything, Continue Forever, 1998, diodes rouges, 1728 pièces affichant les chiffres de 0 à 9, panneau d’aluminium. Notice : « Tout dans le monde naît, existe un temps, puis disparaît, et ce processus se répète à l’infini. Le temps s’écoule de la même manière pour tout ce qui existe en ce monde, mais la perception du temps diffère selon les entités et les situations individuelles. » En 1989, dans « Les Magiciens de la Terre » au Centre Pompidou, on découvrait cet artiste travaillant le temps, le rythme, la circulation dans l’espace avec des diodes lumineuses. Remarque : c’est aujourd’hui son anniversaire, il est né le 16 janvier 1957.
Nezu calligraphie


Jeudi 15 janvier 2025, 13h, Musée Nezu, Omote Sando, Tokyo. La belle exposition du moment « Shared Beauty: Detached Segments of Ancient Japanese Calligraphy » montre comment un court extrait d’un manuscrit devient un tableau calligraphique. Les trajets dans le jardin et ses pavillons apportent à leur tour des segments à révéler.
La rue lisible
Attacher (La vie des objets. Ch. 174)

Jeudi 29 août 2024, 10h, station Angel, Islington, Londres. L’objet est le logo des transports publics londoniens, cercle rouge vif barré d’un nom en blanc sur fond bleu sombre, dans la célèbre typographie d’Edward Johnston, qui a lui-même défini ce logo, de 1913 à 1916. Le reproduire pour le documenter serait peu au regard de sa rencontre dans les profondeurs du Tube. Bien plus que le lire, et la collection de ses noms propres s’identifie résolument, le fréquenter, le voir vivre, le vivre, est la façon première de s’attacher à des lieux, à des trajectoires, aux mailles de la ville.
Se traduire (La vie des objets. Ch. 155)

Lundi 8 avril 2024, 19h, Paris. Le couteau est venu du Japon par M. Fukushima Koji, dont le stand de brocanteur est très apprécié. Pas cher du tout parce que petit et ordinaire, caché parmi des lames autrement plus puissantes et exotiques. À la maison, il se laisse photographier. Et alors, c’est notre époque, son nom, élégamment inscrit sur l’acier, s’offre traduit, en surimpression : « Forgeron Kanemori ». On en saura peut-être plus.



