Significations du puits



Vendredi 8 mars 2014, 16h, École d’art et de design, Orléans. Ici c’est un élément pratique d’exposition, on ne sait pas laquelle. Mais dans notre esprit c’est d’abord le # (croisillon, hashtag), motif présent dans la céramique, en Chine, au Japon, et que nous avons pris comme emblème de notre affaire Soba Choko. Dans l’écriture, ce signe veut dire le puits. Il semble que le symbole est tragique en Chine, pour dire jeter, ou se jeter, dans le puits. Au Japon, on entend d’abord les bienfaits de l’eau, des rencontres, et c’est d’abord l’architecture de la margelle. Dans Les contes de la lune vague après la pluie (Ugetsu, 1953), de Mizoguchi, c’est un travelling fugitif qui assemble les deux significations. Le trait redoublé signifie la bienveillance et la chance.

In Between


Samedi 26 octobre 2024, 17h, Maison de la culture du Japon, Paris. Toshiki Okada, dramaturge et romancier japonais dont on a vu, depuis une dizaine d’années, trois pièces à part, intéressantes, expérimentales et esthétiques, propose The Window of Spaceship ‘In-Between’. On va observer le comportement de six interprètes et leurs paroles en japonais, alors même qu’ils sont une extraterrestre, un androïde, ou qu’ils vivent au Japon sans que le japonais soit leur langue maternelle. C’est là ce qui se manifeste, la vérité de la puissance de la parole, renforcée par la traduction en surtitrage.
Note 1 : de gauche à droite, Leon Kou Yonekawa, Mari Ando, Robert Zetzsche, Qiucheng Xu, Ness Roque, Tina Rosner.
Note 2 : photographier n’était peut-être pas autorisé.
2021 : https://jlggb.net/blog7/eraser-mountain/
2013 : http://jlggb.net/blog3/?p=6940

Personnage type


Dimanche 20 octobre 2024, 22h. Une série de dix photos a été préparée pour accompagner les dix chapitres d’un texte à paraître : « La collection à l’œuvre. Le cas Soba Choko ». Les tasses, ou gobelets, objets singuliers du Japon nommés soba choko, ont semble-t-il une figure qui les fait apparaître comme des personnages avec des rôles. Soba Choko est devenu un nom propre qui se moque du soba, le sarrasin et même du choko, le gobelet pour la bouche. Celui-ci est nommé ichimatsu. Il prend le nom d’un brillant acteur de Kabuki, Sanogawa Ichimatsu (1722~1762), identifié au damier de son costume. Mais encore, cet ichimatsu est l’œuvre du maître céramiste de Kyoto, Kasho Morioka (1937-2009), et a été produit en Chine, à Jingdezhen — capitale mondiale de la porcelaine —, dans les années 1990. Voir 9 novembre 2023 : https://jlggb.net/blog8/2023/11/09/sometsuke-soba-choko/

Imiter (La vie des objets. Ch. 153)



Samedi 9 mars 2024, 12h, Aix-les-Bains. On l’appelle prunus pour ne pas se tromper car on l’a prise, façon Hanami, sur un arbre dépassant d’une propriété. Mais la question est ailleurs. La photo en gros plan a été prise dans le format 4/3 horizontal. Pour la rendre plus visible, on a décidé de la rendre carrée. C’est là que pour la première fois, dans La vie des objets, on a joué avec l’IA de Photoshop. Le haut et le bas du carré ont été générés par imitation de ce qui était déjà là. Alors la vue large a été quelque peu transformée aussi, pour la recadrer et la simplifier. On dira que les objets, cette fois, sont les photos elles-mêmes.

Dénouer (La vie des objets. Ch. 151)


Vendredi 1er mars 2024, 21h45, TGV de Paris à Aix-les-Bains. Elle a été vue entre les mains d’une enfant qui jouait alors que ses parents s’apprêtaient à descendre à Mâcon. Ils se trouvaient dans ce train par erreur, l’ayant pris à la dernière minute pour celui qui partait vers Montbard. Il a fallu une heure pour désentrelacer les fines mailles métalliques, en gardant à l’esprit qu’elles n’ont pas de vrais nœuds. La découpe calligraphique tente d’être déchiffrée par l’analyse de son image sous Google. Dans une centaine de propositions d’images, une seule présente le motif. Mais il n’est pas directement traduisible. La photo est sur un compte Face Book. Elle provient de la bijouterie Le Rivage, à Ben Aknoun, à l’ouest d’Alger, et elle donne l’occasion d’un cœur à l’intention de صوفي, une Sofia reconnue. On est à Guelma, à l’Université francophone du 8 mai 1945. On sait quelque peu des manifestations d’indépendance cruellement réprimées dans le Constantinois, Sétif, Guelma et Kherrata, le 8 mai et après. On lit Wikipédia qui l’explique longuement. Une minuscule plaque de la chaine porte la mention : ITALY S925.

S’appeler (La vie des objets. Ch. 150)


Jeudi 29 février 2024, 23h, Paris. Elle a été obtenue à Kyoto, dans un FamilyMart (konbini ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7) et elle vient de réapparaître ce soir. On vérifie que le mot spork qui revient en la regardant est bien son nom en anglais, comme spoon et fork. La dire deux en un, l’appeler vraiment cuillère-fourchette ou fourchette-cuillère, sont des façons d’éviter le qualificatif pseudoscientifique aujourd’hui à toutes les sauces, alors qu’on a connu la vérité du mulet. La guerre l’est peut-être. Mais on entend trop cette façon de désigner, sans le dire, le « pure race ».

Crassulas du Vertbois


Dimanche 25 février, 15h, rue du Vertbois, Paris, 3e. Interpellation d’un duo de crassulas, comme souvent, derrière leur vitre, et ici soulignées par les lettres qu’elles suscitent. On l’a dit, toute crassula est l’occurrence d’une colonie dispersée dans le temps et dans l’espace. Pour autant, l’ubiquité obtient des adresses forcément particulières, nommables, saisissables.