Photographier (La vie des objets. Ch. 205)


Jeudi 16 octobre 2025, 17h, Paris. Le livre, monographique, Edward Weston Photographer, The Flame of Recognition, Aperture, New York, 1965 a été acheté au moment de sa parution, à la librairie La Hune, et il est toujours resté accessible. À l’occasion de son soixantième anniversaire, il paraît dans sa sixième édition, mais avec une couverture souple. En tournant les pages — extraits du journal de Weston et choix de ses photographies — les sujets sont : usine, nuages, portraits, nus, coquillage, paysage, légumes, tronc d’arbre, champignon, dunes, graffiti, cabane, poteaux télégraphiques, chaussures abandonnées, water-closet, voiture brûlée, glace en train de fondre, grange, pierre tombale, couple homme et femme, père et sa fille, pélican mort, nu avec masque à gaz, quatre personnes aux fenêtres de la maison, rochers, mer et vague. Le coquillage de la couverture n’est pas un objet ordinaire et ses photographies ont donné lieu à bien des interprétations, sur sa beauté naturelle ou ses effets symboliques. Pour autant, c »est par lui qu’une leçon a été acquise, qui pourrait s’écrire rétrospectivement ainsi : par la photographie, tout peut faire l’objet d’une belle chose.

Détails de deux peintures voisines



Vendredi 5 septembre 2025, 15h30, Musée Granet, Aix en Provence. Détail de Jacques Louis David (Paris, 1748 – Bruxelles, 1825), Première idée pour le vieil Horace du « Serment des Horaces » (1784), huile sur toile, 1775, 61 x 50 cm. Détail de Jean Auguste Dominique Ingres (Montauban, 1780- Paris, 1867), Jupiter et Thétis, 1811, huile sur toile, 327 × 260 cm. Ingres fut l’élève de David, dont il déplace le réalisme vers le « beau ».

C’est aussi ça, la guerre


Dimanche 24 août 2025, 16h, Musée de l’Oise, Beauvais. Félix Valloton est l’un des artistes qui a directement approché la guerre. Mais pas seulement avec sa célèbre série de gravures sur bois C’est la guerre ! (1915-1916). Il a été de ceux qui, avec la « mission de peintre aux armées », est allé au front pour peindre. Son tableau Verdun (1917) est le plus marquant, par sa relative abstraction futuriste. Soldats sénégalais au camp de Mailly (1917), huile acquise par le musée, est aussi « anti guerre », mais sa figuration calme, inscrite directement dans la manière de Vallotton, apporte une critique caustique qui persiste aujourd’hui.

Archéologie (La vie des objets. Ch. 197)


Vendredi 22 août 2025, 18h30, rue de Buci, Paris, 5e. Une petite faim d’aujourd’hui invite au rapprochement : comme sur ce sablé, des traits parallèles et croisés figurent, conservés par la poterie, parmi les plus anciens de l’histoire humaine. La grotte des Blombos, Afrique du Sud, possède un bloc d’ocre gravé de ces formes géométriques daté de 75 000 ans, de l’Homo sapiens. Quant à l’Homo erectus, on lui attribue, à Java, des coquillages gravés de tels motifs, datés de 500 000 ans. Une remarque qui relativise : le « sablé nature » est sans doute repris ici, avec une certaine maladresse volontaire, dans l’intention d’apparaître comme « traditionnel », car « Les viennoiseries chez Thevenin c’est toujours du sans-fautes. »

Thiers et la porcelaine chinoise

Dimanche 20 juillet, 15h40, Musée du Louvre. Au début de l’exposition « Une passion chinoise — La collection de Monsieur Thiers » on peut lire : « Au long de sa carrière, Thiers suscite autant l’admiration que la détestation. Ambitieux, savant, bourreau de travail, d’une intelligence hors norme selon ses partisans, il est pour ses ennemis corrompu, immoral, arrogant et prétentieux. Thiers n’a de cesse de rechercher la notabilité et la reconnaissance de la bonne société. L’art et la culture seront un moyen d’y parvenir. La Chine, elle, est à la périphérie de cette entreprise, elle est sa passion discrète, probablement l’un de ses rares intérêts sincères. » Intérêt sincère ? On peut rapprocher deux objets exposés : son buste et son regard tourné vers l’horizon ; l’estampe chinoise de propagande, montrant la fiction d’un succès de l’empire dans la répression de la révolte des Taipings (1851-1864). Une phrase encore, celle qui dit : « Thiers était un spécialiste reconnu de porcelaine chinoise et sa collection faisait référence en son temps (elle fut en partie détruite pendant la Commune). »

Rue du Caire (Atlas du Gobelet)




Dimanche 20 juillet 2025, 14h50, rue du Caire, Paris 2e. On n’évite pas « c’était autrefois une entrée vers la cour des Miracles », ou encore « l’entrée de Bonaparte au Caire, le 23 juillet 1798 ». Rue des forges, rue des Corderies, la longue histoire des ateliers du Sentier. Maintenant c’est tout autre chose, des boutiques de bouche et de mode. Mais tout de même, à l’écart, il apparaît qu’un sans-abri venu d’Afrique a posé là son gobelet.

Vue retrouvée


Lundi 14 juillet 2025, 17h, Aix-les-Bains. On y est retourné trois fois depuis le mois de mars. Plusieurs raisons se sont rassemblées. Le point de vue, on disait un peu plus au sud et un peu plus haut, est plus juste quand on est à Pugny, non loin au sud du centre du village. Pourquoi le peintre Carolus-Duran, célébré à l’époque pour ses portraits de bourgeois et de célébrités mondaines, a été amené à peindre cette vue. En 1900, la villégiature à Aix-les-Bains vient de s’étendre vers le mont Revard, par la construction du train à crémaillère. Ce train présente trois arrêts intermédiaires dont un à Pugny, qui a été déterminé par la présence, dans la campagne boisée, de l’hôtel climatérium des Corbières. Carolus-Duran fréquente le beau monde d’Aix-les-Bains, il a fait le portrait de celle qu’on nomme ici Marie de Solms, Marie-Lætitia Bonaparte-Wyse. Il a résidé au climatérium. En montant sur le trajet de la crémaillère, on voit plusieurs vergers. Les pommiers de la peinture pouvaient être là. La vue ne peut pas se confirmer car des chemins bordés d’arbre ont été creusés pour conduire à de nouvelles maisons. On en vient aussi à supposer que, en dépit ou à cause du naturalisme, le peintre a naturellement arrangé son paysage. On le fait aussi un peu avec la nouvelle photo.

Note : https://jlggb.net/blog9/2025/03/23/on-voit-le-lac/

Vérifié




Samedi 12 juillet 2025, 23h45, Aix-les-Bains. Dans les photos de la famille Nantois-Terrier, l’une d’elles a fait l’aller et retour vers le prisonnier Claude Terrier, à Vienne, en Autriche. Elle montre un moment des vendanges de 1942 à Chindrieux, François Nantois, ses filles Claudine et Rose, sa petite fille Nicole. Mais un autre cliché donne la scène en miroir, à l’envers. L’épreuve « GEPRÜFT » est très abîmée. Trois ans dans le Stalag XVII A. Mais, elle a été reconnue véridique.
Voir : https://jlggb.net/blog9/2024/05/09/concretiser-la-vie-des-objets-ch-159/

Les ramasseuses


Mercredi 9 juillet 2025, 17h, route de Vars, Chindrieux, Savoie. C’est l’été 1942. Son père, François Nantois, a pris une ferme à Vars. Son mari est prisonnier de guerre en Autriche. Claudine est venue participer aux foins avec sa fille Nicole. C’est sa sœur Joséphine qui prend la photo. Sur une précédente épreuve, les silhouettes du Mollard de Vions et du Grand Colombier n’étaient pas visibles. Ici elles ont été découvertes et légèrement renforcées. Aujourd’hui, un examen attentif de l’espace et des lignes d’horizon permet de prendre une vue au cadrage comparable.