Les pavés d’un passage


Vendredi 6 septembre 2024, 14h, rue Saint-Maur, Paris, 11e. Sous le porche du numéro 81 s’ouvre un passage conduisant à de nombreuses activités. Il a une particularité, avec une entrée d’immeuble de la rue Notre Dame de Nazareth, il est le dernier exemple à Paris d’une portion conservée de pavés de bois. Terrier et Boissier se sentent concernés.

Portrait d’Eve Fairfax


Vendredi 30 août 2024, 11h, Victoria & Albert Museum, Londres. Chaque fois qu’on entre ici, on est d’abord arrêté par la présence d’êtres de terre, de pierre ou de bronze. La collection unique de sculptures d’Auguste Rodin que le musée possède vient du don que l’artiste a fait au moment de la guerre de quatorze. En 1902, ce portrait répond au souhait d’Eve Fairfax : « Je veux que mon buste soit l’un des plus beaux que vous ayez jamais réalisés ». La jeune anglaise de 30 ans devient son amie et son modèle pour plusieurs belles sculptures. Elle a vécu jusqu’à 107 ans, donc 61 ans après la disparition de Rodin.

Retour au Barbican


Jeudi 29 août 2024, 11h. Barbican Centre, Londres. Ce n’était pas particulièrement prévu, mais la station de métro Barbican se trouvait sur notre route. Il est dit que l’on rejoint cette forteresse brutaliste « comme en pèlerinage ». La dernière fois, il y a dix ans, c’était pour voir, dans le Centre culturel, Digital Revolution, une exposition bilan, historiquement un peu tardive, avec notre ami Daniel, pour préparer Shortcuts à Bienne, au musée Pasquart. On est dans une rue normale puis un passage dans un haut mur anonyme débouche sur un monde urbain à part, coupé du reste, vaste, complexe, d’une unité d’aspect sans égal. Construit en 23 ans, inauguré en 1982, le Barbican est sur un site antique, poste militaire au Moyen-Âge, bombardé durant la guerre. Des salles de concert, de théâtre et de conférence, 2000 appartements et maisons pour les plutôt riches, une serre tropicale, etc. Ce phare de la modernité est vieillissant, intéressant pour ça. Avec un peu plus de verdure, il semble une utopie fatiguée.

Fournier Street


Jeudi 29 août 2024, 9h, Fournier Street, East End, Londres. Il y a dix ans, on avait déjà remarqué — et photographié –, ces portes symétriques : https://jlggb.net/blog4/?p=1896. On voulait voir le quartier de Spitalfields et de Brick Lane. On avait retenu ce nom français. Internet abonde en informations, y compris pour raconter comment les maisons géorgiennes de cette rue ont été achetées et rénovées depuis une quarantaine d’années, peut-être comme ce que l’on a connu à Paris dans le faubourg Saint-Antoine, mais avec plus d’authenticité. Des artistes y ont installé leurs ateliers, à commencer par Gilbert & George. « Spitalfields’ historic association with the silk industry was established by French Protestant refugees who settled in this area after the Revocation of the Edict of Nantes in 1685. The Huguenots brought with them little, apart from their skills ». Fournier est le nom de l’un d’eux, riche, qui participa à la construction de la rue, dans les années 1720. Au-dessus, les deux étages ont de vastes fenêtres pour les ateliers. Avec le déclin de l’industrie de la soie au 19e siècle, le quartier devient celui d’une grande communauté juive. Au bout de la rue, la Neuve Eglise de 1743 est transformée en Synagogue en 1898, puis en Grande Mosquée dans les années 1970. La plaque de rue porte sa transcription en bengali.

À écouter



Mercredi 28 août 2024, 12h, Tate Modern, Londres. La grand rétrospective « Yoko Ono. Music of the Mind » s’ouvre sur ce qui est peut-être la pièce la plus simple et la plus convaincante : Telephone Piece, 1964. À intervalles réguliers, un téléphone sonne six fois, est décroché, « Hello. This is Yoko », est raccroché. Ensuite c’est la même chose avec « Moshi Moshi. Yoko desu ».

Rousseau comme maquette


Jeudi 8 août, 14h30, Musée des Beaux-Arts, Chambéry. Je crois que c’est sa statue, dans un virage qui monte en sortant de Chambéry, qui m’a donné à entendre parler de Jean-Jacques Rousseau. Je découvre aujourd’hui la maquette du monument, par Mars-Vallett, 1913 : moins naturaliste dans les matières, enlevée, énergique, plus vivante.

Anéantir (La vie des objets. Ch. 169)


Samedi 3 août 2024, 14h, Musée d’ethnographie de Genève. Dans l’exposition « Mémoires — Genève dans le monde colonial » — qui déclare l’entreprise de « décoloniser le musée » —, une carte de visite d’Adolphe Audéoud porte : « fouet à captifs usagé, Haut Sénégal 1893 ». Cet agronome (1866-1968) militait contre la prostitution avec l’Association abolitionniste genevoise. Selon lui, une telle volonté d’anéantissement devait s’inspirer de celle de l’esclavage en Afrique.


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