Le Chef-d’œuvre inconnu


Jeudi 11 janvier 2024, 17h 39 et 17h 52, 6e étage, Centre Pompidou, Paris. Exposition « Picasso. Dessiner à l’infini ». Pablo Picasso, points et lignes, eaux-fortes, ouvrage d’Honoré de Balzac, Le Chef-d’œuvre inconnu, Paris, Ambroise Vollard, 1931. Vue de l’altitude 36 m, dans la direction magnétique 241,91° à 17:52:40, focale 15,66, équivalent : 120 mm en 35 mm. Instagram : JEUDI SOIR.

Françoise au bandeau



Jeudi 11 janvier 2024, 17h, Centre Pompidou, Paris. Pablo Picasso, Françoise au bandeau, Paris, 5 juillet 1946, crayon graphite sur papier. Portrait de Françoise, Paris, 20 mai 1946, crayon graphite, crayon trois couleurs et fusain sur papier. Françoise au bandeau, Paris, 5 juillet 1946, crayon graphite, estompage et gommage sur papier. Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo Picasso, 1979. Le portrait central est sur l’affiche de l’exposition « Picasso. Dessiner à l’infini ». Alors que le modèle du Minotaure porte désormais une critique de Picasso, Françoise Gilot, qui s’est éteinte le 6 juin 2023, est célébrée comme peintre, comme femme libre. Sous le titre « Variations autour du portrait », il est écrit au mur : « La réunion de la face et du profil s’impose comme le problème central qu’affrontent les portraits de Dora Maar. Après-guerre, ceux de Françoise Gilot, au contraire, adoptent la vue frontale. À force de déclinaisons, le visage se transforme en motif, l’identité du modèle s’estompe derrière l’archétype. En contrechamp de ces portraits, les mémoires de Françoise Gilot, comme avant eux, ceux de Fernande Olivier, font entendre la voix du modèle. » Une telle analyse est utile. Une remarque cependant. Un tableau qui fait appel à un modèle n’est pas nécessairement un portrait et ce sont bien ici des portraits. S’ils tendent à devenir des motifs, ils peuvent conserver la motivation qui les a fait exister. Un motif est à même d’éviter le stéréotype, d’atteindre l’efficience d’un signe ouvert. On préfère singularité à identité. Françoise a la joue gauche marquée d’un point dont il a été dit qu’il serait la marque d’une brûlure de cigarette infligée par Picasso. Il est vrai que c’est Vivre avec Picasso qui nous l’apprend, et qui charge le punctum de faire vivre le motif, qui n’attendait que ça. On voudrait en savoir plus sur le bandeau.
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Les photos de Françoise Gilot, qu’on connaît bien, dont celles de Robert Doisneau, montrent un grain de beauté.

Françoise au bandeau, Paris, 5 juillet 1946, crayon graphite sur papier, détail.

24 – 29 juin 1890



Vendredi 5 janvier 2014, 14h, Musée d’Orsay, Paris. L’exposition dédiée aux dernières peintures de Van Gogh donne aussi à le lire : « Ce qui me passionne le plus, beaucoup beaucoup davantage que tout le reste dans mon métier – c’est le portrait, le portrait moderne. Je le cherche par la couleur. » À Willemien, Jeudi 5 Juin 1890. Peindre les gens est « la seule chose en peinture qui m’émeut le plus profondément et me fait ressentir l’infini, plus que toute autre chose ». L’ambition de Van Gogh est d’atteindre chez ses modèles « cet éternel indéfinissable, dont le nimbe était le symbole et que nous essayons d’atteindre par l’éclat lui-même, par la vibration de nos couleurs ». Exalter leur caractère par la couleur, donner à ses toiles l’expressivité des passions qui les habitent, voilà ce qui constitue « le portrait moderne ». Mais à Auvers comme auparavant, il peine à trouver des modèles, sinon dans son entourage immédiat : Gachet, sa fille Marguerite, la fille de son aubergiste, Adeline Ravoux, des enfants, deux jeunes femmes non identifiées. Il déploie dans ces portraits des expérimentations plastiques parfois étonnantes, par le format carré, les fonds tramés, des jeux de couleur ton sur ton, un dessin simplifié à l’extrême. [Peinture légèrement recadrée, cartels du Musée]

Paysage avec maisons


Vendredi 5 janvier 2014, 13h30, Musée d’Orsay, Paris. L’exposition dédiée aux dernières peintures de Van Gogh donne beaucoup de jamais vu. On s’étonne de ce qui pourrait être une superbe simplicité : Paysage avec maisons, 1890. Le cartel : Cette grande feuille mêle huile et aquarelle de plusieurs teintes. Ce mélange est rare au sein de l’œuvre de Van Gogh, mais il montre combien la frontière entre peinture et dessin peut être ténue dans son esprit. Il s’y livre à un éblouissant jeu graphique d’opposition de traits droits et de volutes. La dominante bleue manifeste son attirance pour cette couleur à Auvers. Mine de plomb, huile et aquarelle sur papier vergé. Amsterdam, Van Gogh Museum (Vincent van Gogh Fondation).

Alexander Calder



Vendredi 5 janvier 2024, 13:07 et 13:09, rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris, 8e. Deux galeries successives où une gouache et une tapisserie de Calder voisinent. Alexander Calder, Yin, Yang and Pinwheel, 1969, gouache sur papier, galerie Omagh, 190 000 euros. Alexander Calder, The yellow worm is longer than the red one, 1970, tapisseries d’Aubusson, Atelier Pinton, galerie Hadjer. La rue, à deux pas du ministère de l’intérieur et du Palais de l’Élysée, on le voit dans les reflets, est surchargée de policiers puis barrée.

Autoportrait


Mercredi 3 janvier 2024, Musée Picasso, Paris. Pablo Picasso, Autoportrait, 1901, huile sur toile, 81 x 61 cm, détail [ici les couleurs ne sont pas exactes]. Le voyant au détour d’une cloison, je me demande si je peux le prendre en photo, et je le peux, en gros plan, ce qui est impressionnant.

Chuter (La vie des objets. Ch. 146)


Vendredi 29 décembre 2023, 14h 30, Monoprix, Aix-les-Bains. Elle s’est rattrapée de justesse. Elle a glissé brusquement. L’accident s’est inscrit en blanc sur l’ocre moucheté du quadrillage 5 x 5 de grès cérame. Une inconnue cependant : le Bridélice s’est-il ouvert et répandu dans sa chute ou bien sous le coup de pied ?

Vie de clones


Samedi 23 décembre 2023, 11h, Aix-les-Bains. La loggia fait 3 m x 1,5 m. Les douze spécimens de crassulas en occupent la moitié ouest en étant protégés des intempéries par un rideau de coton tendu. Les crassulas ovata, arbres de jade, sont solides si on les laisse tranquilles, en les arrosant sérieusement mais peu souvent. Elles doivent leur nature à être du désert. On n’a jamais tenté de les semer, bien qu’a maturité, peut-être dix ans, elles fleurissent l’hiver. Elles se sont multipliées, elles se sont prolongées, par bouturage. Le grand pot que l’on voit très vivace n’a fait que recevoir depuis un an de petits rameaux ou des feuilles spontanément tombées.