janvier 2008

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lundi 28 janvier 2008, 13 h, route de la Tourelle, bois de Vincennes, Paris, 12e.  À l’emplacement approximatif du Centre universitaire expérimental de Vincennes, Université Paris 8. En octobre 1749, Rousseau rend visite à Diderot enfermé au donjon de Vincennes. Selon la version de Rousseau, c’est Diderot qui l’incite à concourir au prix de morale de l’Académie de Dijon : « Si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou à épurer les mœurs ». Après sa brouille avec Diderot, il sera dit que c’est Diderot qui lui aurait suggéré de prendre le contre-pied des idées reçues, fournissant ainsi le paradoxe sur lequel se fonderait la philosophie de Rousseau.

« Ce que je me rappelle bien distinctement dans cette occasion, c’est qu’arrivant à Vincennes, j’étais dans une agitation qui tenait du délire. Diderot l’aperçut ; je lui en dis la cause, et je lui lus la prosopopée de Fabricius, écrite en crayon sous un chêne. Il m’exhorta de donner l’essor à mes idées, et de concourir au prix. Je le fis, et dès cet instant je fus perdu. Tout le reste de ma vie et de mes malheurs fut l’effet inévitable de cet instant d’égarement. Mes sentiments se montèrent, avec la plus inconcevable rapidité, au ton de mes idées. Toutes mes petites passions furent étouffées par l’enthousiasme de la vérité, de la liberté, de la vertu ; et ce qu’il y a de plus étonnant est que cette effervescence se soutint dans mon coeur, durant plus de quatre ou cinq ans, à un aussi haut degré peut-être qu’elle ait jamais été dans le cœur d’aucun autre homme. » (Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, livre huitième)

Aujourd’hui, des historiens et spécialistes de Rousseau considèrent que « des éléments topographiques et climatiques objectifs contredisent formellement la version des faits présentée par Rousseau. L’avenue de Vincennes était plantée d’ormes et non pas de chênes, et il n’a pas fait chaud dans la région parisienne en octobre 1749. » (R. Galliani, Dictionnaire de Rousseau, Honoré Champion, 1996, p. 435). Il reste que Rousseau considéra que l’« illumination de Vincennes » avait marqué le tournant philosophique de sa vie.

En août 1980, alors que le déménagement de l’Université Paris 8 était décidé par la secrétaire d’État, Mme Saunier-Séité, que les bâtiments se construisaient à Saint-Denis (dans le triangle avenue Lénine, avenue de Stalingrad, rue de la Liberté), un retour dans le bois de Vincennes, route de la Tourelle, donnait à voir les pelleteuses qui détruisaient les bâtiments provisoires construits en 1969. Quelques mois plus tard, il était déjà difficile de repérer où était l’entrée, les bordures en ciment de la route étaient refaites, des alignements de jeunes arbres traversaient de biais l’espace où était le « campus ».
En 2008, aujourd’hui, 27 ans après ce premier retour, seuls des plans en archives ou une mémoire des configurations de grands arbres permettraient de retrouver les lieux où nous étions. À l’occasion du quarantième anniversaire de la fondation de l’Université Paris 8, un projet pourrait se faire, qui serait titré L’illumination de Vincennes : un travail sur les archives et la mémoire, des performances enregistrées sur le territoire de Paris 8 au bois de Vincennes, un environnement virtuel interactif et encore un film. Des personnages — des « performeurs » nés en 1968 — circulent sur le territoire de l’ancienne université. Équipés d’écrans de poches comportant un GPS, ils « retrouvent » des fragments de textes empruntés aux descriptifs de cours des départements d’arts plastiques et de cinéma, de 1970, 1971, 1972*. Des caméras sont fixées dans ce paysage et saisissent le passage de ces lecteurs, ils lisent à haute voix ce qu’ils reçoivent. Plus tard, on place ces séquences vidéo dans une maquette 3D du même territoire, comme des écrans verticaux que l’on peut aller voir en circulant dans l’espace virtuel. Plus tard encore, on enregistre un film de l’une des versions de cette exploration virtuelle.**

Notes
* Ces descriptifs sont véritablement surprenants, peut-être difficilement compréhensibles pour les étudiants et la jeunesse d’aujourd’hui. La génération intermédiaire des personnes de 40 ans (les performeurs, contemporains de la fondation de l’université), si elle comprend, rejette ces idées. On trouvera ces textes marqués par une croyance sectaire, un dogmatisme, une attitude théorique et pratique gravement erronée et dangereuse, des utopies définitives mais peut-être encore prometteuses et nécessaires, un esprit critique indispensable, un réelle ironie, etc. Notre propos est de transmettre ces propositions, de laisser entrevoir ces monuments, au sens du XVIIIe siècle, de documents, mais aussi au sens moderne, et, avec beaucoup de distance, de les donner à entendre malgré tout. On peut parler de « suppléments aux monuments » à Vincennes avec les significations qu’ont ces deux mots chez Rousseau : ce qui supplée au manque de mémorisation effective. Une autre version pourrait d’ailleurs se faire sur les textes politiques de Rousseau lui-même.
** Ayant trait aux images et aux représentations, à leur pouvoir, ces documents entrent en résonance avec les recherches actuelles. La réalisation expérimentale de la performance-installation-film « L’illumination de Vincennes » est une manière de répondre à certaines des questions qu’ils posent, mais elle laisse en suspens la question à laquelle Rousseau répond non : « Si le progrès des sciences et des arts a contribué à corrompre ou à épurer les mœurs ».

Document
Lire l’article du Monde du 30 mai 2008.

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Lundi 21 janvier 2008, 16 h, place du Panthéon, Paris, 5e. Dans la perspective de 2012, il est question de poursuivre les « suppléments au monuments ». De The American Monument de Lee Friedlander, il faut retenir la façon d’enregistrer contexte et circonstances dont le monument (ce qui entretient la mémoire) ne serait que le prétexte. Non loin de l’Hôtel des Grands Hommes, la statue du Panthéon — en pierre, remplaçant celle de bronze enlevée pendant la guerre — était passée inaperçue pendant toutes les années de recherche des monuments à Rousseau.

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Lee Friedlander, The American Monument, Eakins Press, New York, 1976

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Mardi 22 janvier 2008 vers 19h30, Paris, 11e. Le voisin du dessous peint un dixième tableau.

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Samedi 19 janvier 2008, 12h20, Aix-les-Bains, Savoie. L’Hôtel Bernascon vu depuis le 2e étage.

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Samedi 19 janvier 2008, midi, Nice Savoie, Aix-les-Bains. Porte isoplane vernie acajou, carreaux de faïence blancs 15 x 15, carrelage de grès cérame 10 x 10 dans le placard et au sol.

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Mardi 15 janvier 2008, elle est dans cet état-là. Vendredi 14 décembre 2007, peu après 18 heures, Tokyo. Non loin du Musée d’art contemporain, exposition « Space for your Future », dans le quartier Miyoshi du district de Koto-ku, en direction de la station Kiyosumishirakawa, cette bouture de succulente crassula ovata a été prélevée juste à l’angle d’une maison — un comptoir restaurant où des boulettes ont été achetées —, dans une ruelle sombre. Coordonnées du prélèvement : 35°40’55″N, 139°48’18″E, emplacement. Transportée vers Paris par le vol Air France du samedi 15, elle a été mise dans un verre environ 32 heures après. Voir la suite 11 septembre 2008 et juillet août 2011 : http://jlggb.net/blog2/?p=6720.

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Dimanche 13 janvier 2008, 15h, Cité de l’Architecture et du patrimoine, Palais de Chaillot, Paris, 16e. Dans la cafétéria, une grande table avec 8 écrans tactiles sur des bras articulés. Pour une fois, ça marche très bien. Impressionnantes, les suspensions de Ingo Maurer, XXL Dome.

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Samedi 12 janvier 2008, 2h du matin, Nice-Savoie, Aix-les-Bains. Le santon de Niçoise vient de Marseille, de la foire aux santons de Noël, 31.12.2007 ; celui de ramoneur savoyard vient de la place des Petits Pères, Paris 2e, 11.01.208. L’un et l’autre sont de la fabrique Carbonel à Marseille.

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Dimanche 6 janvier 2008, 13h, Paris, 11e. Les tasses dites soba choko sont celles qui sont simplement coniques, pour la sauce des pâtes de soba, sarrazin, ou pour le thé de soba, et d’autres usages. Ces deux là, achetées à Tokyo le 12 décembre 2007, sont signées 渓山, Keizan, Arita-Keizan, Préfecture de Saga, non loin de Nagasaki, Kyushu : Télécharger un petit catalogue. En porcelaine, elles sont peintes à la main, donc différentes. Probablement parce qu’elles ont une forme simple et toujours semblable et donc de subtiles variations, les tasses de cette sorte font l’objet de collections, au Japon et ailleurs.

 

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Acheté à Kyoto en 2001, ce livre, parmi d’autres, en recense 1000 : Kodansha éd. 2001, ISBN 978-4-06-210524-8
http://www.amazon.co.jp/exec/obidos/ASIN/4062105241/81032892-22/ref=nosim

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Voir aussi : Couleurs remarquées (3).

31122007_corbu_vert.jpg31122007corbu_rouge.jpgUnité d’habitation Le Corbusier à Marseille, rue du 3e étage, lundi 31 décembre 2007 (première visite le 31 décembre 1967).

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« Cette gamme utilisée par Le Corbusier dans les années 50 intègre les couleurs du sable, des bourgeons printaniers, du soleil et du ciel. » Polychromie Le Corbusier 43 Satinée Set : 20 tubes de 20ml et d’un tube de 35ml de blanc de titane pour travaux créatifs et artistiques. Peinture acrylique de haute qualité, soluble à l’eau. 198.00 CHF. Fondation Beyeler, Baselstrasse 101, CH-4125 Riehen/Bâle.

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