Dimanche 20 septembre 2009, 18h15, Lyon. Dans la Xe Biennale de Lyon, une sculpture de Takahiro Iwasaki : montagne en serviettes éponges, pavillon en fil.
Takahiro Iwasaki, né en 1975 à Hiroshima, vit et travaille à Londres. [dr]
Paris, mercredi 5 août 2009, 22h30.
Tolomeo Micro rouge, la première, a été pendant plusieurs années la seule de son espèce. Elle était arrivée sur une fausse table de nuit à la faveur d’un anniversaire. Puis, sous prétexte de symétrie, une deuxième Tolomeo Micro rouge avait été apportée. Sans le montrer trop, Numéro un ne l’avait pas très bien pris. Elle révéla son point faible, celui de la toute première génération, un pivot d’aluminium trop fin, qui se brisa. Réparée, elle retrouvait sa place, mais des bouleversements se préparaient, les chambres allaient se transformer en bureaux. Numéro deux a fait un stage d’un mois dans une exposition high-tech aux Arts décoratifs. Elle a été beaucoup photographiée, filmée et même dessinée. À son retour, elle avait la grosse tête. L’origine des Tolomeo ne faisait plus mystère pour personne, best-seller absolu autant dans les bureaux que dans les appartements du standard chic. Il est difficile de venir du postmoderne années 80 tout en illustrant le fonctionnalisme moderne. Il faut dire que d’autres Tolomeo, Micro aussi, pour ne pas être trop ostentatoires, mais aluminium, étaient maintenant dans des espaces voisins. Numéro deux s’est retrouvée dans la cuisine, tandis que Numéro un étaient délaissée dans une pièce équivoque. Et puis d’autres Tolomeo Micro Alu trouvaient tout de suite de bonnes places en province. Mais en appliques, est-ce une vie ? Un recours s’imposait alors à Numéro un, rejoindre la cuisine (photo).
Pendant ce temps, la vie de deux petites Luxo, venues de Venise, était véritablement mouvementée. Portent-elles légitimement le nom ? Leurs ancêtres des années 30, fabriquées à Oslo, pourraient-elles reconnaître ces Lilyna italiennes ? Certainement, mais leur lignée semble éteinte (note). Technique d’un autre âge. Pourtant, leur petit-cousin américain a fait la fortune hollywoodienne de son concepteur. Elles ont connu tour à tour un séjour au rez-de-chaussée, dans une ambiance certes plus vivante, mais non sans risques. C’est ce qu’on appelle être cabossé par la vie. Elles viennent de se débarrasser de leurs tags argentés et dorés, mais elles ne triomphent pas. D’ailleurs l’une d’elles ne s’allume plus (photo).
John Lasseter, Luxo Junior, Pixar, 1986
Demie-sœur de Tolomeo (Artemide), Oceanic (Memphis), par Michele de Lucchi, 1981.
Note : un passge à Venise en septembre 2009 permet de contredire cette impression : on y voit des lampes Luxo et Lilyna (blanches) made in Italy.
Statistiques : en un an, depuis le 5 août 2008, jlggbblog a eu 28 951 visiteurs.
Pierrelatte, samedi 4 juillet 2009, 7h du matin. Dans la série « Les choses nous regardent » : cette boîte de Ricorée est restée longtemps sans être touchée. La poudre s’est mise en bloc et a rétréci, s’éloignant de la paroi métallique. La lumière est celle du soleil levant.
Voir : « Avocat », 2 avril 2008 ou « Rouge de Savoie », 28 février 2009.
Le nom de Naoto Fukasawa revient régulièrement dans ce blog : magasin Plus Minus Zero à Aoyama, Tokyo, lampes, toaster, porte-manteau, « super-normal », etc. Parfois son nom ne devrait pas apparaître, Muji oblige. Cette fois c’est au contraire « sa marque » : http://www.plusminuszero.jp/. Les petits objets de la série « 2.5R », Plus Minus Zero 5e édition, 2008, sont vendus à 3 ou 4 endroits à Paris. Minimalisme aristocratique. Ce que la photo ne rend pas : une texture au grain soyeux. Bel objet.
« 2.5R » is the name given to a series of products of dimensions 58.5mm x 58.5mm x 29.3mm – a square of a size that fits comfortably in the hand – and which have different functions. The name comes from the fact that the corners of these boxes all have an R of 2.5mm. A long time ago, the corners of wooden furniture and fixtures were not rounded; the corners were planed off, and this « chamfering » relaxed any excessive sharpness. Since the size of this chamfering translated into an R of 2.5mm, 2.5R is a roundness of the corners that feels comfortable to the touch. These gentle boxes, like building blocks, are a platform to bind together different products. Joining the 2.5R series line-up this time is an analog alarm clock, a thermometer/hygrometer, an LCD alarm clock and a digital timer.
Vendredi 12 juin 2009, 16h. Plus Minus Zero, Japon, digital timer, 2008.
Pierre Bayard, Le Plagiat par anticipation, Minuit, 2009.
Dans les billets du 9 janvier 2009 : « Appel à reconnaissance de forme », puis du 1er février 2009 : « Le mot Haken », se formait l’histoire de la recherche d’identification d’un objet (un porte-manteau) qui allait de Nice à Berlin en passant par Paris. Or voilà qu’avec « Le blog d’avant le blog », petit coup de théâtre, ce même objet apparaît, photographié dans les toilettes du Kunstmuseum de Bâle, le 13 juillet 2005. On pourrait prendre cela pour une prémonition, pour un intérêt inabouti ou pour une interprétation rétrospective. Compte tenu du succès de l’enquête (le porte-manteau a été identifié comme produit de Lubeck Beschläge, Mommsenstraße 4, 42289 Wuppertal) il faut parler de « découverte par anticipation », à la manière de Pierre Bayard qui a démontré la nécessité de la notion de « plagiat par anticipation ». Certes, la première apparition du porte-manteau à Bâle, avant Nice, ne devait pas conduire à une investigation particulière, mais elle n’en constituait pas moins une élection qui ne devait prendre tout son sens que trois ans et demi après et mériter alors le qualificatif d’anticipation. Le manque qui s’est exprimé en janvier ne disposait-il pas, sans éveiller le moins du monde la conscience, d’une satisfaction potentielle dans son lieu même, ce blog ?
Les trois photographies ci-dessous, qui attendaient, attestent incontestablement une destination, doublement méritée aujourd’hui, qui leur épargne le classement en « blog d’avant le blog ». Une question se pose alors : faut-il, dans un blog basé sur la chronologie et les liens rétrospectifs, placer des « liens par anticipation » ? Autrement dit, lier les billets « Appel à reconnaissance de forme » et « Le mot Haken » à celui-ci.
Perfection de la laque grise. Toilettes du Kunstmuseum de Bâle, 13 juillet 2005 à 12h30.
Pour mémoire, les exemplaires de Nice et de Berlin.
Les différences sont des variantes de tailles du même modèle.
Si « jlggbblog » a commencé le 1er décembre 2007, certains sujets avaient été faits pour un futur blog ou plutôt dans un esprit « blog », avant la lettre. C’était le cas surtout avec des photographies mais parfois aussi avec un objet collecté, une remarque, une idée. Les billets du « blog d’avant le blog » sont une façon de combler un « retard », d’utiliser des archives, de donner un écho aux billets qui eux sont « en temps réel ». Les billets du « blog d’avant le blog » sont, par principe, titrés avec leur date de référence.
Pour être distingués, ils seront marqués du signe d’une spirale qui est aussi, depuis aujourd’hui, la « favicon » de jlggb.net. C’est le petit signe qui précède l’URL et se retrouve aussi dans les signets. Ça fait chic.
La marque de la spirale vient d’un véritable tampon, trouvé à Tokyo dans l’un de ces rayons qui ne vendent que ça (magasin Parco-Loft à Shibuya). Les tampons sont collectionnés par les jeune filles, mais pas seulement. Ils sont en tout cas un aspect des plus significatifs du phénomène kawaii (mignon, etc.) puisqu’ils touchent à l’écriture, à la correspondance, à la signature, aux figurines et personnages mascottes, etc. Un exemple de site de vente (américain) : From Japan With Love.
Samedi 23 mai 2009, 23h00. Tampon OS-787AG – Beverly®, médium, mousse bleue, caoutchouc blanc, 20 x 20 x 20 mm, ¥273, Japon, 2007.
À partir de là, la spirale a été scannée et un bandeau-image a été fabriqué sous PhotoShop avec la mention « Le blog d’avant le blog » pour être mis sur les billets correspondants :
Mug Muji, septembre 2008.
Diagnostic : « Lésion consistant en une solution de continuité complète ou incomplète avec ou sans déplacement des fragments. » Il y a traumatisme, fracture. Mais la cause peut être interne, alors c’est perçu comme plus grave, incurable. Jusqu’où ira la maladie ? Ce qui est fâcheux, c’est qu’on ne sait pas comment c’est venu.
La roue tourne, ainsi va la vie des mugs. Il n’y a pas si longtemps, elle triomphait modestement (voir « La jalousie »). Le problème, c’est qu’il a fallu que deux de sa famille viennent s’ajouter. Elle aurait pu rester la perle rare de la transparence minimaliste et du « Super Normal ». Et puis on ne l’a plus distinguée. On a fini par dire qu’elles venaient de Chine, qu’elles se ressemblaient toutes, qu’elles étaient fragiles. D’ailleurs, c’est laquelle qui est malade ?
À Rosny-sous-Bois, rue Newton, 9e étage, É. a assemblé cet objet dont on a compris (dont il a dit — il parlait à peine) que c’était un gâteau d’anniversaire. Il devait avoir deux ou trois ans. L’œuvre est fragile mais elle a constamment été exposée depuis, sur diverses étagères. L’éponge (pour ardoise d’enfant) s’est légèrement rétrécie, elle a bruni, elle a perdu de sa souplesse. Les épingles sont toujours restées à leur place d’origine, elles ont un peu rouillé. Photographie du lundi 18 mai 2009 à 13h30.
Remarques : on pourrait encore chercher à savoir de cet objet si l’acupuncture lui fait du bien et si on ne l’accuse pas de pratiquer l’envoûtement.
Dans la série des commentaires des objets qui sont présents tout près, cette petite (200 x 150 mm) peinture de Fr. Brechbühl, Am Bielersee, achetée au cours de l’été 1992 à Bienne, représentant le lac de Bienne vu depuis le nord l’Île Saint-Pierre, qui a donc trait à Jean-Jacques Rousseau.
Pour donner à voir la configuration de l’Île Saint-Pierre (qui n’en n’est plus une depuis que les eaux du lac ont été baissées au XIXe sècle), cette phographie aérienne :
Europa > Schweiz > Bern, Kanton > Erlach/Luftbild, Teilansicht, St. Petersinsel, septembre 1988/ETH-Bibliothek Zürich, Bildarchiv.
Ce billet pourra recevoir de nombreux compléments à partir des projets Flora petrinsularis (1993), Moments de Jean-Jacques Rousseau (2000), etc.
Fenêtre sur la cour, jeudi 9 avril 2009, 12h20. Elle est depuis quelque temps ressortie des placards, une petite bouteille de verre rouge épais, formée par le souffle et à la main. Elle invite à une nouvelle expérience de recherche d’identité sur le Web. Plusieurs tentatives avaient été faites, à partir des mots Sweden, vase, glass, red, sixties, etc., assortie de la recherche visuelle d’une bouteille rouge ; sans succès. Ce vase a été acheté à Stockholm en août 1963. Il s’agit donc de vérifier son inscription, 45 ans après, dans une autre mémoire que le cerveau d’une personne. Un nouvel examen de l’objet révèle, en dessous, un numéro, finement gravé à la main : H525/130. Sous Google image, H525/130 ne donne rien, ni H525. Avec H525 glass, par contre, s’affichent, dès la première page, deux vases en verre, un vert et un jaune, en forme de bouteilles, avec la mention Green engraved: H525/170, 648 x 486 – 36 ko – jpg, www.starkeld.com. C’est une indication décisive : Erik Höglund for Boda, est le point de départ de tout un dossier de documents concernant le designer et artiste suédois Erik Höglund, auquel un musée est consacré près de Stockholm : http://www.erikhoglund.com/eng-biografi.html.
Erik Höglund Kristallhytta No 102 E
http://elephant-life.shop-pro.jp/?pid=12273473
vase(red) – elephant
À la faveur d’un temps mort, une nouvelle recherche, sur iPhone cette fois, et à partir du nom du designer, fait aparaître un site de vente japonais, intitulé Biotope (le public japonais aime beaucoup le design scandinave). Il y a des entrées par noms, dont Erik Höglund. Il y a 88 objets proposés, le 40e est une bouteille rouge, un peu plus grande que celle de 1963, mais très proche.