Jeudi 26 novembre 2009, 14h, École d’ingénieurs de Genève, rue de la Prairie, Genève. On remarque des escaliers métalliques très purs dans une belle architecture rationnelle (Jean-Jacques Oberson).
« Quand il refuse de dissocier l’architecture de l’urbanisme, quand il insiste sur le caractère collectif du travail de l’architecte, quand il parle du soin requis par les cages d’escalier qui ne sont pas des non-lieux mais des espaces sociaux, habités, où il importe de favoriser flux et rencontres, quand il se montre plutôt préoccupé de l’élévation du niveau moyen de l’architecture que de la médiatisation tapageuse des programmes exceptionnels, quand il affirme encore que la modernité est en dehors de la mode, qu’elle ne dépend pas de gadgets technologiques et qu’il ne faut pas confondre l’expression d’une certaine singularité stylistique et l’exhibitionnisme ou quand il évoque les responsabilités que confère le fait d’être assis sur la très fine croûte de l’écorce terrestre, Jean-Jacques Oberson se profile bien comme ce philosophe technicien dans lequel il reconnaît la double identité de l’architecte. »
Texte de Christian Bernard, 1999
Catégorie : escalier
Escalier chinois (titre provisoire)
Escalier en sursis
Vendredi 23 octobre 2009, 14h45, Friendship Store, Jianguomenwai Dajie, Pékin. La façade du bâtiment a été refaite dans les années 80, mais l’escalier est d’origine : 1973 (on note le décalage stylistique : la modernité chinoise des années 70 — manifestation du sortir de la Révolution culturelle — ressemble aux années 50 européennes). Dans le quartier diplomatique, à l’est du grand axe est-ouest de l’avenue Chang’An, le Youyishangdian ou Friendship Store, ou Magasin d’amitié, de Pékin a été longtemps une institution du régime destinée à satisfaire des touristes forcément amis et une communauté d’expatriés, auxquels il fallait ajouter des Chinois eux aussi en possession de devises étrangères, ou certificats de devises, les fameux FEC, en manque de produits appartenant à leur standard de vie, souvent importés : magazines, épicerie fine, cosmétiques. Des tissus de qualité étaient là pour commander aux tailleurs tel vêtement répliqué à l’identique. Tout cela n’a plus de sens : s’il y a encore beaucoup de vendeuses, il n’y a plus aucun client. Il est étonnant qu’on puisse encore emprunter cet escalier qui ne conduit qu’à des souvenirs, ceux des anciens visiteurs qui en avaient fait un passage rituel, ceux des quelques touristes d’aujourd’hui orientés par des guides périmés, en quête des valeurs sures que seraient les pulls en cachemire et les vases en cloisonné.
Le bâtiment du Youyishangdian à l’époque de son ouverture en 1973. [dr]
Certaines constructions d’après 1950 sont aujourd’hui classées à Pékin, y compris les résidences diplomatiques proches du Youyishangdian qui, quant à lui, semble promis à la destruction, l’emplacement étant désormais l’un des plus chers du monde.