Samedi 12 avril 2024, 16h, Bourse de commerce, Paris. Peter Fischli & David Weiss, « Trois briques », Plötzlich diese Übersicht, Soudain cette vue d’ensemble, 1981-2012, sculptures, argile non cuite. On avait vu à Venise, en 2013, l’intégralité des modelages qui venait de s’achever, avec la disparition de David Weiss : https://jlggb.net/blog3/?p=6031. Ici, on est désormais dans le passé. Sauf pour ces objets qui ne sont peut-être pas des représentations, qui, dans leur vitrine, existent dans le même temps que les passants. Ils pourraient servir.
Mois : avril 2024
Christopher Wool
Mercredi 12 avril 2024, 15h30, Bourse de commerce, Paris. Christopher Wool, Black Book Drawings, 1989, 104 x 69 cm, d’une série exposée de 22 dessins, Collection Pinault. Il est dit qu’il estde « la scène underground et punk new-yorkaise », en retrait du monde de l’art, qu’il « inscrit des mots témoignant de l’incompréhension qui peut s’installer entre l’artiste et le public. » On sait aussi qu’il vend très très cher.
Le sucrier venu d’Athènes
Jeudi 11 avril 2024, 17h58, Paris. Depuis plusieurs années, un pot à lait de faïence fine, des années 60, de chez Johnson Bros, le grand, de 30 cl, vert clair, green dawn, de cette teinte douce obtenue en colorant la matière entière qui a donné la suite Dawn, attendait le sucrier de son duo. Ce sucrier s’est montré sur le site Etsy, très abordable, depuis Athènes. Commandé dans la soirée de mardi, il a été à l’agence DHL d’Athènes le 10 avril à 15h58, a embarqué à 20h56, est arrivé à Leipzig à 23h16, est reparti le jeudi 11 avril à 3h49, est arrivé à Paris à 6h19, a rejoint DHL Orly à 8h27, est parti en livraison à 9h39. À 15h24, un message a indiqué qu’il était « à votre disposition à La Machinerie, Relais colis C3140, 10 avenue Parmentier ». Là il a fallu parler un moment, montrer une carte d’identité pour que son colis soit emporté à pied en remontant le boulevard Voltaire vers La Nation.
Apparaître (La vie des objets. Ch. 156)
Mercredi 10 avril 2024, 16h30, Institut suédois, Paris, 4e. Il s’agissait de voir une exposition, mais elle se montre peu intéressante. Dans le salon, des fauteuils apparaissent, comme des Ikea qui seraient brillants. La reconnaissance visuelle dans le iPhone par Google parle d’abord d’une fabrication danoise. Mais la notoriété de Bruno Mathsson, fils d’ébéniste à Värnamo, sur la route de Jönköping (j’y passe en 1963), s’impose avec Wikipedia : « Dès 1931, il dessine pour un hôpital suédois sa première chaise à sangles, ces meubles ergonomiques qui allaient devenir mondialement célèbres. Surnommée ‘sauterelle’ par le personnel du fait de sa ressemblance avec l’insecte, cette première chaise, trop en avance sur son temps, a d’abord été remisée quelque temps à la cave avant de ressurgir. » La façon de bois courbé est exposée à l’Exposition universelle de Paris 1937. La chaise Eva, Work Chair, est achetée pour les espaces publics du MoMA en 1939. Celle-ci est sans doute restée de la rétrospective qui a eu lieu ici en 2006. Son apparition se poursuit lorsqu’elle appelle à être écartée de la table encombrée de revues et de livre pour être prise sur un fond noir en montrant ses bras souples et vigoureux. L’IA Firefly de Photoshop intervient pour ça, répare quelques petits accidents du bois, nettoie le plancher.
Se traduire (La vie des objets. Ch. 155)
Lundi 8 avril 2024, 19h, Paris. Le couteau est venu du Japon par M. Fukushima Koji, dont le stand de brocanteur est très apprécié. Pas cher du tout parce que petit et ordinaire, caché parmi des lames autrement plus puissantes et exotiques. À la maison, il se laisse photographier. Et alors, c’est notre époque, son nom, élégamment inscrit sur l’acier, s’offre traduit, en surimpression : « Forgeron Kanemori ». On en saura peut-être plus.
Jasmin à Belleville
Jean Prouvé, 1956
Jeudi 4 avril 2024, 16h, galerie Patrick Seguin, Paris. Jean Prouvé, maison Les Jours meilleurs, 1956, bloc domestique central et poutre faîtière. Extraits des explications : « De conception très simple, elle est constituée de 4 éléments structurels principaux: une assise en béton, un bloc domestique métallique, une couverture autonome reposant sur une poutre faîtière et des panneaux de façade semi-porteurs. […] En dépit d’une commande ferme de plusieurs centaines d’unités et la prise en compte des adaptations techniques demandées, cette maison trop révolutionnaire pour son époque n’obtient pas les homologations officielles pour une production en série, l’Administration française n’admettant pas que la salle d’eau et la cuisine soient situées au cœur de l’espace d’habitation. Pour autant, Jean Prouvé n’acceptera pas de modifier son projet ; seuls cinq exemplaires de la maison Les Jours Meilleurs seront fabriqués et connaîtront des destins divers.»