Le corps de Cécile

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Albi, Cathédrale Sainte-Cécile, mercredi 8 juillet 2009, 10h30.

Cette figure de Sainte Cécile est inspirée de la sculpture de Stefano Maderno (1566-1636) placée dans la basilique Santa Cecilia du Trastevere à Rome. La tradition veut que la position soit celle qu’avait le corps retrouvé intact dans le sarcophage.

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Stefano Maderno, Santa Cecilia, marbre, 1600. Photo DR

La sculpture d’Albi n’est certainement pas la « réplique fidèle » ou la « reproduction » de celle de Maderno, comme il est dit souvent, mais elle s’inscrit dans la suite d’une image construite historiquement : Georges Didi Huberman, dans son livre Ninfa moderna. Essai sur le drapé tombé, Gallimard, 2002, souligne les trois niveaux de construction du personnage : la découverte archéologique de restes corporels, l’invention hagiographique (s’appuyant sur le miracle d’un corps non corrompu), et le travail artistique. Il analyse comment le corps peut s’imposer à l’imagination par le « paradoxe visuel proposé par ce tas de voiles ».

« […] elle était couchée sur le côté droit, les genoux légèrement repliés, une étoffe de soie verte, rayée de rouge sombre, l’enveloppait tout entière et dessinait parfaitement ses lignes; sous le voile, une robe d’or, maculée de sang, brillait vaguement. En voyant cette jeune sainte, qui semblait dormir, les spectateurs furent saisis d’un profond respect; personne n’osa enlever le voile […]. Clément VIII, quand il vint, à son tour, de Frascati, contempler la merveille, voulut qu’elle demeurât intacte, et il ordonna d’enfermer l’antique cercueil de bois de cyprès dans une enveloppe d’argent semée d’étoiles. »
Émile Mâle, L’art religieux de la fin du XVIe siècle, du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle. Armand Colin, 1932. Cité par Georges Didi-Huberman, p.29.

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Georges Didi-Huberman, Ninfa moderna. Essai sur le drapé tombé, Gallimard, 2002.

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