Jeudi 31 juillet 2014, 11h30, boulevard Voltaire, tout près de la place de la Nation. Parce que nous l’avons à l’esprit depuis Bâle au mois de juin, l’ailante nous saute aux yeux à deux pas de chez nous. Avec un doute : cette fin du boulevard Voltaire, comme le haut du faubourg Saint-Antoine, comme l’avenue Philippe Auguste, est plantée de sophoras. Des arbres qui se ressemblent, avec leurs feuilles composées pennées. Pourtant la différence s’impose : si les fleurs de l’ailante passent inaperçu, ses fruits en grappes de samares jaunes le « fleurissent » l’été. Les sophoras fleuriront bien plus tard, avec des pétales qui envahiront les trottoirs puis des fruits en gousses. La différence d’écorce est conforme à ce que disent les fiches botaniques : lisse et fissuré. On dit que le sophora, comme l’ailante, a été rapporté de Chine — bien que l’un et l’autre soient nommés « du Japon » — par le père Jésuite Pierre Nicolas Le Chéron d’Incarville en 1747 et 1751. Mais le premier est fidèle à sa mission d’alignement avec un exotisme convenu, quand l’autre se révèle débridé avec le panache de se poser en chef de file.