Samedi 28 février 2015, 15h, Centre culturel Suisse, Paris, 3e. Rémy Zaugg, série de peintures de petit format, alignées à hauteur d’œil autour de la salle, comportant les mots : UN À VENIR, UNE FOIS, UNE PRÉSENCE, PAS ENCORE, UNE IMAGE, LÀ, UN LIEU, PERSONNE, DEMAIN, RIEN, PEUT-ÊTRE, DU VIDE. Dans le documentaire vidéo de Claude Stadelmann, Rémy Zaugg, dont on commémore le dixième anniversaire de la mort, dit : « faire participer le fond à l’expression ». Sa femme Michèle Röthlisberger-Zaugg, qui prépare la typographie — toujours l’Univers 85 de Adrian Frutiger — avec une extrême attention, dit : « l’espace entre deux lettres, je me dis qu’il est trop grand, je me dis qu’il est trop petit, jamais de certitude ».
Mois : février 2015
Au sol
Merci
Jeudi 12 février 2014, 14h, restaurant Samawat, Waffengasse, Bienne. Pour 7 francs, une part de gâteau au chocolat, maison. La question du pourquoi, à raison de plusieurs centaines par seconde, dans le monde, ce qui va être mangé est mis en images partagées, a été déjà abordée. Voir : http://jlggb.net/blog3/?p=6379. Mais il reste, n’est-ce pas, une dimension anthropologique. Les gâteaux ont une singularité, une manière d’être servis. Par exemple, la façon dont la fourchette est placée par rapport au gâteau. Voir : http://jlggb.net/blog4/?p=2608. Ici la ville est bien construite, bien située, agréable. Bel espace haut de plafond, clair, sobre, aux couleurs légères, tenu par un couple d’Indiens plaisants, avec deux jolies fillettes. Ville bilingue. Le service est accompagné de mots allemands et il se conclut, comme à Berne ou à Bâle, par « merci » (mot de la langue française). Remarque : la fourchette n’est-elle pas agressive ?
À la Kunsthalle de Berne
Mercredi 11 février 2015, 15h — 30h30, Kunsthalle, Helvetiaplatz, Berne. La première visite était en septembre 1967, avec Georges Béjean, Philippe Nahoum et Jean-Louis Boucher, pour rencontrer le conservateur Harald Szeemann, dans la perspective d’une exposition à la Maison de la culture de Grenoble. En mars 1969, ce fut l’exposition, de Harald Szeemann, Quand les attitudes deviennent forme, qui me marqua définitivement. Voir : http://jlggb.net/blog3/?p=5900. Le célèbre pont métallique qui relie directement la vieille ville à la Kunsthalle fut lié, en 1989, à une très intéressante installation de l’artiste américain Max Neuhaus, Time piece. L’amplification progressive des bruits environnants, coupée à chaque heure, donnait à entendre un silence à la place d’une sonnerie de cloches. Aujourd’hui, je consulte les archives pour retrouver le catalogue de l’exposition 12 environnements, de l’été 1968, dont j’avais retenu d’abord les volumes de Piotr Kowalski, « À être environnés chez vous ».
Abstraction concrète (suite)
Vert Münster
Mercredi 11 février 2015, 13h, cathédrale de Berne. Détail de la texture et de la couleur de la molasse. Voir : http://jlggb.net/blog4/?p=1649. Couleur suisse, selon moi. Voir le vert Mamco : http://jlggb.net/blog4/?p=2206
De la bibliothèque : Roland Barthes par Roland Barthes
Dimanche 8 février 2015, 23h50, 93bis. Roland Barthes par Roland Barthes, éditions du Seuil, exemplaire personnel, édition originale de 1975. Page 187, un « dessin-graffiti » légendé « La graphie pour rien… ». Page 189, une « signature-graffiti » légendée « … ou le signifiant sans signifié. » La couverture présente, pour l’une des premières fois, un de ses dessins, aux crayons de couleurs. Sur à peu près 700, 385 dessins de Barthes sont à la Bibliothèque nationale depuis 2010. Voir : BnF. Graphie pour rien, graphisme illisible, exaltation du pur signifiant dit Tiphaine Samoyault. « Une écriture n’a pas besoin d’être « lisible » pour être pleinement une écriture. » écrit R.B. dans « Variations sur l’écriture » (Œuvres complètes IV, p.284). Il dit qu’il dessine en amateur, généralement le dimanche, au réveil. Nous avons eu, en avril 1999 à Kyoto, dans la maison de thé historique Omotesenke, l’honneur de voir, pour notre cérémonie, dans le tokonoma, la petite alcôve où est toujours accrochée une calligraphie, le dessin que Roland Barthes donna lors de sa visite. Car c’est bien le Japon qui devait l’inciter à dessiner de la sorte. Il en parle dans l’autre livre-album fétiche qu’est L’Empire des signes, Skira, 1970, y compris à travers le haïku : « Tout en étant intelligible, le haïku ne veut rien dire » (p.89).
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Retour au samedi 24 janvier 2015, 17h, 11 rue Servandoni, Paris, 6e, où habitait Roland Barthes. Voir : http://jlggb.net/blog4/?p=2571. Sur le bas du portail, un dessin gravé dans la peinture noire. Le réseau de griffures se prête sans équivoque à la reproduction car il est lui-même une trace, une empreinte. On est aujourd’hui revenu — à l’excès selon moi — de l’assimilation exclusive, des années 80, de la photographie à l’indice. Pourtant, Barthes le dit dans La chambre claire, « la Photographie est plate, dans tous les sens du mot. » (p.164). Voir : http://jlggb.net/blog2/?p=4485. Alors, le paradoxe apparent, c’est que le « dessin » du portail est largement lisible et qu’il nous raconte toute une histoire de vélos, de valises, de semelles qui ont tracé leurs passages.