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Pékin pour mémoire, septembre 1985. Exemples de photos latérales « pittoresques » de la marche du 21 septembre 1985, de 3h30, Autel du Ciel — Autel de la Lune.

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1963 vox univers 2015
Vendredi 16 janvier 2015, Paris. Il y a 50 ans jour pour jour, je recevais de mes parents, en cadeau d’anniversaire, le livre de Maximilien Vox, Cent alphabets ‘Monotypes’. Faisons le point, édité par l’Union bibliophile de France, imprimé — en typographie — par Draeger le 27 décembre 1963, 136 pages, format 19 x 27,5 cm. C’est un beau livre devenu un classique, il est entièrement reproduit sur le site de Peter Gabor, ici. Je me souviens avoir eu un peu de mal avec la « classification Vox » — Famille des caractères classiques : humanes, garaldes, réales; Famille des caractères modernes : didones, mécanes, linéales; Famille des caractères d’inspiration calligraphique : incises, scriptes, manuaires, fractures — mais elle m’est restée et je continue à l’utiliser pour une part. J’ai appris récemment, par une doctorante qui travaille sur la dimension graphique et typographique du cinéma de Godard, que Maximilien Vox était l’oncle de Godard. Rapprochement qui m’intéresse puisque Godard m’a marqué et me marque encore.

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quelle histoire livre
Lundi 3 février 2014. Acheté depuis pas mal de temps mais lu en un jour : Stéphane Audoin-Rouzeau, Quelle histoire. Un récit de filiation (1914-2014), « Hautes Études » EHESS, Gallimard, Seuil, août 2013. La grande littérature n’a pas à proclamer son nom. Les écrits rapportés — lettres des grands-pères, récit dans le cours même d’une montée en ligne terrifiante, extraits de l’autobiographie du père, occupent une large place. Ils sont des monuments, au sens que le mot a chez Rousseau, des documents qu’il accumule, dans la seconde partie des Confessions, pour tenter de fournir des preuves. Pour ma génération, les monuments ce sont les monuments aux morts, d’abord de la Grande Guerre. On y est. L’auteur les installe dans une démonstration d’historien, factuelle, objective. Mais il laisse entrer un texte ouvertement subjectif. Il ne saurait en être autrement car il s’agit de l’expérience des « siens » et en fin de compte de lui-même. Stéphane Audoin-Rouzeau a choisi de devenir historien et précisément historien de la Grande Guerre — il l’est, parmi les plus considérables. On peut comprendre que ce fut la façon la plus juste de résister à la malédiction implacable qu’il révèle. Ce n’est pas seulement l’homme dans l’histoire mais l’histoire dans l’homme. En dépit des dénégations et des fuites, la violence de la guerre se transmet de génération en génération. Pour lui, l’un des pires crimes que l’on puisse connaître, c’est l’inconscience. Ses grands-pères, anciens combattants, ont été réduits au silence. Son père lui aussi n’a pas voulu comprendre et, en s’échappant résolument vers le surréalisme — dont il est devenu un grand spécialiste —, en s’attachant sans bornes à André Breton qui disait que parler de la guerre c’est lui faire de la réclame, il s’est engagé dans sa propre destruction fatale. [Curieusement, le surréalisme est cité dans deux billets récents]. Je recommande de lire ce livre, pour faire l’expérience de sa constante mise à distance qui laisse naître, au détour des pages, des révélations terribles comme du roman, pour reprendre conscience, sans concessions mais avec clairvoyance, d’un siècle de destin tragique. C’est-à-dire jusqu’à aujourd’hui. Et encore, plus généralement, pour savoir regarder comment le silence et les échappées peuvent nous asservir au passé dont on croit se défaire.

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