Samedi 15 novembre 2014, 23h. L’histoire commence vers 16h. Sortant des Beaux-Arts où nous sommes venus voir Offprint, la foire des livres d’art et d’artistes, nous passons devant la galerie Patrice Trigano. Je remarque des photographies de Lucien Clergue et il me vient l’idée de demander les prix. Quatre mille euros pour une épreuve récente de 40 x 50 cm. Au café La Palette, j’imagine que nous pourrions demander à Lucien Clergue de signer — pour les vendre et acheter un nouvel appareil photo — les petits tirages, désormais vintages, donnés pour le catalogue de l’exposition dont Michel Séméniako, Marie-Jésus Diaz et moi avons été les commissaires à Grenoble en 1966. « Clergue n’est pas tellement plus vieux que nous. Quand nous l’avons connu, il avait trente ans et nous vingt. » Je me rends au Grand Palais pour Paris Photo. Dans la queue, je lis sur mon iPhone que Lucien Clergue vient de mourir. Surpris par cette coïncidence, je cherche ses photos dans les stands de galeries ; mais aucune. Je croise Agnès Varda chez Nathalie Obadia où elle a reconstitué sa première exposition personnelle de 1954, rue Daguerre. J’ai rendez-vous avec Hanako qui vient d’intégrer le Studio national d’art contemporain du Fresnoy et j’apprends qu’elle prépare un film sur le portrait qu’elle va faire en daguerréotype d’Agnès Varda chez elle, rue Daguerre. Je peux lui dire que lorsque j’ai commencé, en 1965, à faire des photos de théâtre, ma seule référence était Agnès Varda, au TNP et au Festival d’Avignon. Une fois rentré, je reproduis la photo que Clergue me donna en décembre 1966, format 40 x 50. Je retrouve notre texte du catalogue — pour moi, le premier texte jamais rédigé et publié — et je lis : « Agnès Varda dit : tout se passe avant. »