Reportage de Noël








Samedi 25 décembre 2010, à partir de 16h, « reportage » sur l’église Saint Éloi, rue de Reuilly, place Maurice de Fontenay, paris 12e, construite en acier, aluminium et verre. Les prises de vues sont guidées par la géométrie de l’édifice et par les signes graphiques, plus particulièrement par la typographie. Le nom de l’église est inscrit dans le caractère Cooper Black, absolument typique de 1968. Ce caractère, créé en 1921-1922 par Oswald Bruce Cooper, dans un esprit qui tient à la fois de la presse américaine du tournant du siècle et de l’art nouveau, il sera assimilé dans les années 60 au mouvement hippie et à la Free Press. On attribue sa renaissance à la pochette de Pet Sounds des Beach Boys en 1966, et il sera utilisé par les Doors et David Bowie. Il y aurait une thèse à écrire à son sujet pour expliquer pourquoi il est employé dans le monde entier, aussi bien dans les enseignes de pizzerias que par Easy Jet ou Lotus. On peut enfin noter qu’il est rare qu’une église possède ainsi des enseignes.

On lit, sur le site de l’église (http://www.steloi.com/spip.php?rubrique94) :

L’église actuelle a été construite en 1966-1968, dans le cadre de la rénovation du quartier Saint Éloi. Elle devait surplomber une rocade allant de la Nation au pont de Bercy qui n’a jamais été réalisée. Résolument moderne, elle est l’œuvre de l’architecte Marc Leboucher. La consécration de la nouvelle église par Monseigneur Marty eut lieu le 27 octobre 1968.

Béton brut traditionaliste




Visite inopinée (ou inspirée par la récente visite de l’église du Havre, mais ici c’est l’anti Perret), moment paisible, ce dimanche de Pâques vers 17h, avenue Daumesnil, Paris, 12e, de l’église du Saint-Esprit, dessinée par Paul Tournon, imitée de Sainte-Sophie à Istanbul, achevée en 1933, ou plutôt laissée en partie inachevée dans sa décoration. Il y a pourtant de très nombreuses peintures, dont une immense « Pentecôte » par Maurice Denis. Les piliers devaient être parés de pierre, ils sont restés de béton très brut (cf. Paris.fr). Étrange voyage dans le passé du XXe siècle. Tout semble d’époque, assombri mais tel quel. Il y a des centaines de chaises paillées, mais personne.

DOCUMENTS :

http://archiwebture.citechaillot.fr/awt/fonds.html?base=fa&id=FRAPN02_TOURN_fonds-882
http://www.aa.archi.fr/article19.html

« Moderniste « sage », prudent et mesuré, guidé par une foi religieuse profonde, Paul Tournon incarne parfaitement l’esprit de son temps comme cas emblématique de l’union entre les valeurs de la tradition et l’acceptation des ressources offertes par la modernité qui caractérise une bonne part de la culture architecturale traditionaliste. »
Paul Tournon architecte, 1881-1964 : Le « Moderniste sage »
par de Giorgio Pigafetta et Antonella Mastrorilli, Mardaga, 2004.