Le garage Martin




Vendredi 28 janvier 2011, 13h30. Sur la route le long du Léman, entre Genève et Lausanne, entre Rolle et Allaman, une enseigne nous saute aux yeux : « J. J Martin ». On avait un doute sur sa réalité et sur sa situation. Ce garage, qui est le lieu de la deuxième partie du film de Godard, Film Socialisme, est tout simplement là. Ce que filme Godard s’actualise forcément en fiction.  Et Jean-Jacques a son lac devant lui. Ce qu’on trouve sur les annuaires suisses : Jean-Jacques Martin, atelier de mécanique, réparation de machines agricoles, station service Agrola, Route Suisse 2, Perroy, canton de Vaud, Suisse.
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Une vue qu’en donne Google Street View.

Voir : https://jlggb.net/blog2/?p=2782

Godard




Lundi 5 juillet 2010, 20h-22h, cinéma Le Panthéon, Paris 5e. Deuxième vision de Film Socialisme, cette fois avec un commentaire très « ciné-club » par Jean Douchet. Flash back de 45 ans, et, en supplément, cette remarque : « complexe, pas compliqué ». Photos faites depuis le 3e rang.

Les bandes-annonces sur Vimeo : http://vimeo.com/4645303

Soirée Médiapart au Cinéma des cinéastes, avec Jean-Luc Godard : http://www.mediapart.fr/content/rencontre-publique-avec-jean-luc-godard

Sur Godard, dans ce blog, voir : « Vivre sa vie », https://jlggb.net/blog2/?p=1483 et « 20 ans », https://jlggb.net/blog2/?p=1020 et https://jlggb.net/blog2/?p=6783

Des archives : Dimanche au bord du Rhin, 1970


Mardi 30 mars 2010, 23h30. 40 ans après le tournage du film Dimanche au bord du Rhin, « film didactique N°23 », des documents sont sortis et reproduits. Une photo de repérage datant de l’automne 1969, avec Jean-Louis Boucher scénographe et acteur dans ce film, la brochure de « Notes théoriques » contenant un dessin original du dispositif qui apparaît dans les séquences des « discours ».  Produit pour la première promotion du GREC, Groupe de recherches et d’essais cinématographiques, avec le parrainage de Jean Rouch, Jean-Louis Comolli, Anatole Dauman, le film a été tourné les 28, 29 et 30 mars 1970 à Strasbourg, avec cinq acteurs, et monté avant l’été 1970. Le film existe toujours sous forme de copie de travail, mais on ne sait pas dans quel état. Il n’a pas été projeté depuis 1971.
(Archives JLggB)

EXTRAIT DES NOTES JLB

Fd 23 Dimanche au bord du Rhin

Film 16 mm en couleurs, Eastmancolor, sonore, 40 mn

Propos général du film

Produire une analyse d’un environnement donné, le parc du Rhin

Être l’instrument d’une action critique réelle

Produire un enregistrement de cette action

Fournir des moyens d’analyse de cette action enregistrée

Produire lui-même une critique.

Des archives : Film didactique N°7

[flv:https://jlggb.net/blog2/wp-flv/FD7-1969.flv 480 380]©JLggB-1969. D’après super 8 kodachrome, 6mn 36s, muet.
Première publication d’archives de travaux. Numérisé aujourd’hui (samedi 20 février 2010), le film super 8 intitulé FD7 – Deux manières de prendre des notes, fait partie d’une série de « films didactiques » réalisés en 1969. Le principe du « didactique » est emprunté à Brecht. On en retient :  théâtralisation et distanciation, interprétation laissée au spectateur, rigueur formelle. Ici, le modèle de la leçon entre dans le film et rencontre la structure en diptyque que se fixent les premiers films didactiques. Les deux séquences s’appuient d’une part sur un fait d’observation, un homme handicapé dans un café, et d’autre part, en contrepoint, sur une conférence (en langue allemande) ayant trait au théâtre épique. Les rôles des deux personnages successifs à la table sont tenus par Gaston Jung, professeur à l’école du Théâtre national de Strasbourg, metteur en scène et directeur du théâtre d’essai Les Drapiers. Le tournage a lieu au TNS au printemps 1969.

La sortie des usines


Jeudi 4 février 2010, vers 20h, centre d’art contemporain Raven Row, 56 Artillery Lane, Londres. Exposition Against What ? Against Whom ? de Harun Farocki (toutes les pièces d’un vieil immeuble occupées par des projections de films), installation Arbeiter verlassen die Fabrik in elf Jahrzehnten / Workers Leaving the Factory in Eleven Decades, 2006 : 12 moniteurs avec 12 boucles d’extraits de films, dont La sortie des usines Lumière, 1895; Le Désert rouge, 1966; La reprise du travail aux usines Wonder, 1968. Un plan fascinant du film de Slatan Dudow, Destins de femmes (Frauenschicksale), 1951.

Voir le site de Harun Farocki : http://www.farocki-film.de/
Voir sur jlggbblog vol. 1 : « Le démon de l’analogie », 7 avril 2009.
Sur jlggbblog2 : Serious Game, https://jlggb.net/blog2/?p=5263

Affiche de Raven Row. Design : John Morgan studio

Note : On voit à Londres un artiste berlinois et, deux jours plus tard, un artiste londonien à Berlin (Tom Phillips).

Un film primitif


Photographié depuis un siège de la salle du Reflet Médicis, un plan de Nocturnes pour le roi de Rome, film de Jean-Charles Fitoussi, 2006, distribué par Point-ligne-plan.

Une opinion spontanée, constamment contredite, est que l’arrivée et l’emploi de nouveaux médias dans les arts seraient synonymes d’une perte de l’investissement sensible et personnel. Les machines numériques ont certes de telles capacités d’automatisme qu’elles semblent devoir démultiplier les productions standard du décervelage de masse. La distance historique est pourtant là pour démontrer la validité et la nouveauté créatrice des arts fondés sur les dispositifs automatiques que sont la photographie et le cinéma, la radio, l’enregistrement sonore, etc. La nouveauté des technologies et des instruments, qui est d’abord celle de la culture qui les porte, n’a-t-elle pas aussi cette primitivité par laquelle les arts se trouvent stimulés ? Alors, si ce film est primitif, c’est au sens, comme en mathématiques, de l’intégration des fonctions qui n’en seraient que les dérivées, propriétés et variations à quoi on reconnaît d’habitude le cinéma .

Lorsque Jean-Charles Fitoussi découvre, en 2005, la caméra fort particulière qu’est le téléphone, il y voit peut-être la caméra-stylo où le cinéma-œil dont a rêvé le cinéma, mais aussi, de façon pratique, le moyen de noter des sons et des images lors de repérages. Lui qui a été dix années durant l’assistant de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, va transgresser ses choix et ses propres contraintes stylistiques. Séjournant à Rome, le hasard le conduit à faire, avec ce téléphone-caméra, un long plan de 26 minutes du « ballet » des serveurs dans une réception à la Villa Médicis, une séquence qu’aucune autre technique n’aurait pu saisir. Il constate que ce plan « tient sa durée » et qu’il ouvre la perspective d’un film à part entière. En outre, la projection sur grand écran de cette vidéo à la résolution dérisoire est une révélation : les « défauts » y sont « transmués en merveilles ».

Ainsi, faire un film sera cette fois pour lui une entreprise à la table de travail (devant l’ordinateur), un travail au jour le jour d’agencement d’images-matériaux, de construction littéraire et musicale. La composition peut en être sans cesse reprise et modifiée. L’échéance d’une sortie nationale (la première a eu lieu mercredi 6 janvier 2010 au cinéma Reflet Médicis à Paris) a probablement fixé les 67 minutes de ce film de fiction : Nocturnes pour le roi de Rome. C’est un film d’une beauté inconnue.

À lire : Un texte sur le film par le philosophe Clément Rosset.