Jeudi 25 novembre 2011, 19h, galerie Sinitude, Paris 3e. Y.X. expose ses peintures (encre sur papier), dont certaines ont trait au peintre Guiseppe Castiglione (1688, Milan – 1766, Pékin), et celle ci : La Voie dans le crottin. Voir ici et ici aussi.
Étiquette : Chine
Ai Weiwei absent
Mercredi 2 novembre 2011, 14h, Taipei. Le Taipei Fine Arts Museum expose : « Ai Weiwei absent » (on ne peut pas photographier les œuvres). Ma visite a lieu au moment où l’on apprend que Ai Weiwei (艾未未) se voit réclamer 1,7 millions d’euros par l’administration chinoise, au moment où l’on peut lire sur ses premières réactions sur son Twitter : « Tous les ministères de cette Nation, les hommes et les femmes qui en font partie, n’éprouvent aucune honte à devenir les outils de la persécution du pouvoir politique; »
@aiww
Voir « Où est Ai Weiwei ? », 18 juin 2011 : https://jlggb.net/blog2/?p=5921
Voir l’interview du Temps : « L’échec de Pékin… », 9 novembre 2011, ici, en pdf.
Des collections : le tigre à l’oreille cassée
Vendredi 12 août 2011, 22h50. En Chine, en août 1981, explorant, avec plusieurs collègues, le nord de la province du Shaanxi, le Shanbei (陕北), pour y collecter des objets des arts populaires (papiers découpés, jouets de tissu brodé et de terre), je me suis rendu à Ansai et à Luochuan. Je ne me souviens plus exactement où, je fis l’acquisition, au bord d’une route, de cette petite (7 x 5 x 3 cm) figurine de terre — non cuite — peinte de noir : un tigre que l’on veut faire porter bonheur aux garçons nouveaux-nés. C’était donc il y a trente ans. La queue a été recollée, mais une oreille cassée a disparu depuis longtemps.
Des collections : Luxun en porcelaine Shiwan
Vendredi 5 août 2011, 20h45, sur ma table, sous la lampe Luxo, devant l’écran Apple 27 pouces. Luxun, écrivain révolutionnaire (1881-1936) est de ceux que la culture chinoise contemporaine a intérêt à conserver. La statuette, datée de 1972, achetée à Canton en 1974 par L. (pour être exposée au Musée d’art moderne de la Ville de Paris : Images du peuple chinois, 20 mars — 27 avril 1975) est une porcelaine Shiwan (专著, célèbre depuis la dynastie des Qing, 1644-1911, spécialisée dans la représentation de personnages), fabriquée à Foshan, près de Guangzhou (Canton). Son style est à rattacher au « réalisme » laudateur de ces années-là, qui est sans conteste éloigné du personnage réel, plutôt libertaire. Dans le stockage, pourtant attentif, la main droite a été cassée, mais elle vient ici d’être recollée sans que ce soit visible. La cigarette, un fin rouleau de papier, est conforme à l’original. Il convient de la restituer et non de la supprimer comme cela a été fait en 1996 sur une célèbre photo de l’auteur de La Condition humaine, Malraux (Gisèle Freund, 1935) — point commun : le Shanghai de la fin des années vingt.
Note 1 : On trouve le nom de Liu Zemian (刘泽棉, 1937 – ) comme auteur de cette statuette conservée au Victoria & Albert Museum à Londres (China, room 44, case 30, Museum no. FE.66-1984). Ses biographies font apparaître une certaine connivence avec les autorités. Mais c’est le sort qu’ont connu les artistes et artisans de sa génération. Il faut préciser que sa spécialité est désormais l’iconographie bouddhiste.
Note 2 : Yu Hua, écrivain chinois traduit et publié chez Actes Sud (il est l’auteur de Brothers), consacre l’un de ses dix mots de La Chine en dix mots, 2010 (traduit par Angel Pino et Isabelle Rabut, inédit en Chine), à Luxun. Voici deux extraits de ce chapitre :
Le « Lu Xun » de l’époque n’était plus l’écrivain hautement controversé qu’il avait été de son vivant. La tempête d’attaques qu’il avait essuyée autrefois s’était éloignée et comme un ciel lavé après la pluie le « Lu Xun » d’alors brillait de tous ses feux. Ce n’était plus un écrivain, c’était un mot, un mot qui représentait la vérité éternelle et la révolution éternelle. (p.135)
C’est probablement ce qui a été sa chance, mais aussi son malheur. Sous la Révolution culturelle, « Lu Xun » a cessé d’être un nom d’écrivain pour devenir un terme politique à la mode, et dès lors ses œuvres pénétrantes et pleines d’esprit ont été elles aussi noyées sous les lectures dogmatiques. (p. 146)
Couverture : Zhang Xiaogang, Amnesia and Memory n°1, 2007.
Voir : https://jlggb.net/blog2/?p=4355 et http://jlggb.net/blog/?p=5939.
Des collections : une calligraphie de 1985, 寄情
Dimanche 24 juillet 2011, 13h. Ressortie des archives : offerte en 1985, cette belle calligraphie chinoise (33,5 x 53 cm). Le motif central est ji-qing : 寄, ji (envoyer, transmettre, déposer, confier), 情 qing (sentiment, affection). On dit par exemple : 寄情山水 ji-qing shan-shui, « trouver un appui pour ses sentiments dans le paysage ». Compléments : 乙丑冬日 yichou (1985), dongri (un jour d’hiver), 邵武 Saowu (prénom), 钱邵武 Qian Saowu (sceau de l’artiste). Qian Shaowu était un sculpteur, dessinateur et calligraphe célèbre, professeur aux Beaux-Arts de Pékin. Propositions de traduction par Y.X. et Z.Y.
En passant : zodiaque chinois
Samedi 23 juillet 2011, 17h, Paris, 30 rue de Seine, vitrine de la galerie Christian Deydier. On ne remarque jamais que ce que l’on connaît déjà un peu. On avait vu une belle série de ces animaux du zodiaque, période Tang, à Xi’an, le 21 octobre 2009 : http://jlggb.net/blog/?p=5746. Ceux là aussi sont amusants, hautains et un peu ridicules; ou alors nobles et respectables.
Dix ans après
En 2001, j’avais acheté, dans l’un des plus beaux magasins de céramiques du quartier de Kiyomizu, une tasse à soba de belle qualité. En porcelaine blanche et bleue, ornée de filets verticaux peints à la main, elle portait une signature où je reconnaissais le mot Chine. Ce samedi 2 juillet, vers 11h, je retrouve cet endroit et repère tout de suite quelques tasses portant la même marque. La directrice de la galerie m’explique que Kasho Morioka (森岡嘉祥), maître potier, troisième du nom (né en 1937), est mort il y a quelques années, mais qu’il reste des porcelaines produites dans l’atelier qu’il avait ouvert en 1995 à Jingdezhen, en Chine. Il avait eu le projet de se rapprocher encore de la tradition de la porcelaine blanche et bleue. Jingdezhen, province de Jiangsu, est en effet la capitale historique — on parle de plus de 1700 ans — de la porcelaine en Chine. Ici apparaît Mme Hana Morioka, qui me parle en français. C’est l’une des filles de Kasho Morioka, elle a vécu en France, à Nimes en particulier, pour étudier la bijouterie (elle avait étudié la céramique à Kyoto). Le hasard a donc fait que la tasse qui m’avait plu il y a dix ans relie la Chine et la France et qu’elle soit d’un maître largement connu dans le monde. Maintenant, j’en ai une deuxième, que je trouve très bien aussi.
Voir 2023 : https://jlggb.net/blog8/2023/11/09/sometsuke-soba-choko/
Kasho Morioka devant son four en août 2005 (photo © André Defossez : voir ici).
777-200, AF 192, 27E
Jeudi 23 et vendredi 24 juin 2011, de 14h, heure de Paris, à 8h30, heure du Japon, vol Air France AF 192. Le soleil se lève au dessus de la frontière entre la Mongolie et la Chine. La meilleure place, la mienne, en classe économique, sur un Boeing 777-200, c’est la 27E, la plus avancée, personne devant, protégée par la cloison, libre d’accès (ici, à l’arrivée à Osaka-Kansai).
Des archives : don de documents
Mercredi 13 avril 2011, 10h30. Le Kangoo de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (histoire des XXe et XXIe siècles) va emporter vers Les Invalides et Nanterre plusieurs centaines de documents collectés en Chine dans les années 70 et 80 : affiches et images de propagande et éducatives, bandes dessinées, timbres-poste, etc. Ils s’ajouteront à ceux déposés il y a plus de vingt ans en créant le « Fonds B. ».
Pour mémoire, et à cette occasion, des reproductions de gravures et la couverture du catalogue 50 ans de gravures sur bois chinoises 1930-1980 réalisé en 1981 pour l’exposition de la Maison de la culture de Grenoble et de la Bibliothèque Nationale.
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Li Qun, Lu Xun, 1936, Torrent limpide, 1979, gravures sur bois.
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Octobre 1980, Institut central des Beaux-Arts, Pékin : avec le graveur Li Qun (??, 1912-) ; avec le graveur et professeur Li Hua (??, 1907-1994) et Zhu Yueqin, interprète.
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Li Hua, Au secours !, 1947, gravure sur bois.
Liberté pour Ai Weiwei !
Dimanche 3 avril 2011, Ai Weiwei, artiste, architecte, designer, artiste du Web et de Twitter est arrêté à l’aéroport de pékin alors qu’il compte se rendre à Hong Kong. Son domicile et son atelier sont perquisitionnés. La police ne communique pas le motif de cette arrestation.
Voir, à propos de Ai Weiwei, précédemment sur ce blog :
https://jlggb.net/blog2/?p=2470
http://jlggb.net/blog/?p=6081
http://jlggb.net/blog/?p=5998
http://jlggb.net/blog/?p=491
Lundi 4 avril 2011. La France demande la libération de l’artiste. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères : « Nous sommes préoccupés par le sort de l’artiste militant Ai Weiwei, et nous suivons sa situation, ainsi que celle de ses proches, avec la plus grande attention. Nous espérons qu’il sera libéré au plus tôt ». L’Allemagne, l’Union européenne, les États-Unis, Taïwan font de même.
Dimanche 3 avril, toute référence à l’interpellation d’Ai Weiwei a été « harmonisée », selon le mot ironique qui désigne la censure, sur la plateforme Sina, principal portail sur le Web chinois, qui compte des dizaines de millions d’inscrits. Lorsque les télévisions étrangères diffusées en Chine évoquent la disparition de l’artiste, l’écran devient noir, comme à chaque fois qu’un sujet sensible concernant de près ou de loin la politique de Pékin est traité.
Dans son blog très suivi – et souvent censuré – il diffuse de petits films et délivre des commentaires acerbes sur la classe politique. Ce blog a été récemment fermé. Pendant longtemps, pour diffuser ses messages contestataires, Ai Weiwei a été protégé par le statut de son père — Ai Qing, célèbre poète, membre du Parti communiste, envoyé néanmoins en camps de travail avant d’être réhabilité — et par sa notoriété internationale. Il a participé à l’équipe qui a conçu le stade olympique de Pékin, le « Nid d’oiseau » (Herzog et De Meuron). Il a été invité en 2007 à la Documenta de Kassel, expose en 2011 à la Tate Modern de Londres, et prépare une exposition pour le Jeu de Paume à Paris. En juin 2009, Ai Weiwei, lance une enquête et une campagne pour dénoncer sur les écoles mal construites, à l’origine de la mort d’un très grand nombre d’élèves lors du tremblement de terre du Sichuan en 2008, qui a tué plus de 87 000 personnes. S’étant rendu à Chengdu pour témoigner au procès de Tan Zuoren, un militant des droits de l’homme qui a entrepris comme lui de répertorier sur un blog les victimes des écoles, il est frappé par la police et, quelques semaines plus tard, lors de son séjour à Munich pour une exposition, il doit subir une opération du crâne qu’il met médiatiquement en scène.
En Chine, les 30 000 cyberpoliciers ne sont pas assez nombreux, ni assez calés pour faire régner un tel ordre sur le Net. Leur « grand pare-feu » censé protéger la Toile, est sans cesse attaqué. Un mode d’emploi pour le contourner est disponible sur Wikipedia. Ai Weiwei se sert également de Twitter, bien que le site de microblogging américain soit bloqué en Chine. Il déclare : « Les médias traditionnels n’ont pas changé ou peu, mais avec Internet il n’est plus possible de tout cacher. C’est un outil d’une incroyable puissance. »
15h11, le 4 avril
Je me rappelle avoir parlé avec Ai Weiwei durant le réveillon du Nouvel An. Je disais que les autorités auraient des difficultés à appréhender des personnes telles que Ai Weiwei et Ran Yunfei, qui agissent individuellement et ne sont rattachés à aucun parti. Ils sont en sécurité. Aujourd’hui, les évènements en Afrique du Nord ont tout changé. Il faut agir rapidement, afin de prévenir l’émergence d’un nouveau Liu Xiaobo. Toutefois, suffit-il d’éliminer les sympathisants de Liu Xiaobo pour affirmer que tout est au mieux ?
Mo Zhixu, écrivain et critique, dans un tweet du 4 avril à 15h11.
Jeudi 7 avril 2011, peu après minuit, mercredi, l’agence de presse officielle chinoise Xinhua diffuse un court communiqué indiquant que l’artiste Ai Weiwei, détenu depuis dimanche, est suspecté de « crimes économiques ». Xinhua ne donne pas plus de détails mais la protection dont jouissait jusqu’à présent l’artiste semble bien terminée.
Rédigé d’après divers articles et notamment ceux de Pierre Haski, Rue89 et La Chine aujourd’hui : http://www.rue89.com/chinatown/2011/04/07/lartiste-chinois-ai-weiwei-accuse-de-crimes-economiques-198894
On peut lire aussi l’éditorial du journal chinois en anglais (pro-gouvernemental) Global Times du 6 avril 2011, « Law will not concede before maverick » (« La loi ne cédera pas devant un franc-tireur » ) : http://en.huanqiu.com/opinion/editorial/2011-04/641187.html