Mercredi 23 novembre 2011, 19h20, École nationale supérieure des arts décoratifs, rue d’Ulm, Paris 5e. Amphithéâtre Rodin, Observatoire des nouveaux médias, conférence-performance de Jordan Crandall de l’Université de Californie à San Diego.
On a raison de braver les interdits
Mercredi 23 novembre 2011, 14h, rue d’Ulm, Paris 5e. Pour favoriser la convivialité du laboratoire et pour satisfaire d’éventuels manques de caféine (« le stimulant le plus utilisé au monde est le café, probablement peu toxique »), j’ai installé cette machine achetée rue Bonaparte, dans l’un des palais Nespresso de Paris. Je suis pour l’occasion devenu membre du club, en dépit des protestations altermondialistes et écologistes. J’entends dire que l’administration interdit ce genre de machine, pour des raisons de sécurité. Que dire des dizaines d’imprimantes, des centaines d’ordinateurs, des fers à souder, des scies circulaires, des machines à coudre, des fours à céramiques, etc. qu’il y a dans l’école ? Ce premier café, c’est moi qui l’ai bu.
Rectangle blanc avec tube fluorescent
Soleil de novembre
Fluo
Démolition
La salle A1-174
Au 2bis rue Férou
Mercredi 16 novembre 2011, 14h30, Paris 6e. Sur ma route d’aujourd’hui vers l’école, je passe (une fois encore) devant ce numéro 2bis. Et je me demande si j’ai rêvé. C’était probablement en 1966 ou 1967. J’étais conduit par mon ami Michel S., qui lui même accompagnait André A., un poète membre du Groupe de recherches musicales de la radio (RTF), proche des surréalistes. Peut-être y avait-il aussi Michael G., qui habitait rue Bréa (de l’autre côté du Luxembourg). Je re(vois) l’espace profond de l’atelier, son encombrement, et une silhouette qui était Man Ray. Mais je ne me souviens pas d’une quelconque conversation.
Voir : http://invisuphoto.com/11,1172.html
De la bibliothèque : Francis Hallé, la vie des arbres (discrétion et silence)
Lundi 14 novembre 2011, 17h, Paris, place d’Italie. C’est en pensant au livre de Francis Hallé, La Vie des arbres, que je cherche à faire une photo. Ici, on voit l’arbre comme une architecture (dans le fond, l’immeuble de Kenzo Tange) ou comme du mobilier urbain (j’aurais pu inclure une bouche de métro de Guimard). Page 8 du livre : « Dans la ville, la plupart des gens ne voient pas les arbres, ou alors ils ne les voient que lorsqu’il sont coupés. pour beaucoup de nos contemporains, ce ne sont pas des objets vivants. cette idée, évidemment fausse, est due à leur discrétion et à leur silence. » Il y a dans Paris plus de 160 espèces d’arbres, et plus de 100 000 « arbres d’alignement », ou individus le long des rues (« individu » ne convient pas, car les arbres sont des « colonies »). Voir à ce sujet « Vertige de l’individuation », du 6 mai 2009 : http://jlggb.net/blog/?p=2638. À la fin du XIXe siècle, les rues de Paris comptaient déjà 88 000 arbres. Lire ici. Me voyant photographier cet arbre, une passante me demande « C’est quoi cet arbre ? — Justement, je ne me souviens pas. — Un noisetier ? — Non, c’est un arbre exotique. » Maintenant je me rappelle et je vérifie : un paulownia, reconnaissable à ses fruits en capsules qui s’ouvrent sur les graines. Une espèce qui provient de Chine et du Japon.
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Francis Hallé, La Vie des arbres, « Les petites conférences », Bayard, Paris, 2011, 72 pages, 12 €.
Citations :
p. 20 : « Beaucoup d’arbres sont potentiellement immortels, ce qui signifie qu’ils n’ont pas de programme de sénescence. »
p. 25 : « Non seulement les arbres envoient la vapeur d’eau dans l’atmosphère, mais ils sont également capables de contrôler le retour de cette eau sous forme de pluie. »
p. 25 : « Autre performance biochimique, la communication entre les arbres. Il y a trente ans, cette idée aurait fait rire tout le monde car elle était totalement inconnue. »
p. 32 : « Selon la phase de la lune, vous ne faites rien de plus précieux que du bois de feu ou bien vous faites des charpentes qui seront encore là dans cinq siècles. »
pp. 33-40 : Francis Hallé explique aussi que les humains ont une station verticale, ont des mains dont le pouce est opposable aux autres doigts, ont les deux yeux sur la face de façon à percevoir la profondeur de l’espace, parce qu’ils ont pratiqué autrefois la brachiation (le déplacement de branche en branche dans les hauteurs des forêts). « Sans les arbres, nous ne serions pas des êtres humains. »
p. 50 : « C’est très curieux, mais nous n’avons pas de définition pour un objet aussi banal que l’arbre. »
Découverte de la maison Chanéac à Aix-les-Bains
Dimanche 14 novembre 2011, 16h. Une exposition à Lyon, l’émission de François Chaslin, Métropolitains, ont attiré notre attention : l’architecte Jean-Louis Chanéac (1931-1993) a construit à Aix-les-Bains en 1976 une maison pour sa famille, très étrange et semble-t-il très intéressante. L’adresse n’est donnée nulle part sur Internet, ou alors c’est une fausse adresse — mais pas tout à fait. Donc, cet après-midi, nous explorons les hauteurs d’Aix-les-Bains, du côté du musée Faure. Nous savons qu’on entre dans la maison par le haut, elle doit être en dessous de la rue. Puis une dame nous renseigne. La maison Chanéac est en partie enterrée, mais elle n’est pas cachée. Son entrée semble la défendre, mais, en la contournant, on accède librement au jardin et à la terrasse. Nous ne sommes pas déçus : c’est vraiment une habitation unique, magique, jamais vue. Et toute une époque qui ne demande qu’à renaître.
« Figure marquante de l’architecture expérimentale des années 1960, Jean-Louis Chanéac (1931-1993), dont le concept de ville-cratère a été sacré Nombre d’or au Grand Prix International d’Urbanisme et d’Architecture de 1969, est d’abord connu pour ses recherches et ses prototypes de modules d’habitation industrialisés-poétisés, aux formes, structures et matériaux infiniment variés. Tout en explorant la richesse plastique et fantasmatique des formes organiques au moyen de son premier langage qu’est la peinture, Chanéac témoigne de préoccupations qui demeurent d’une étonnante actualité (bioclimatisme, densification, accessibilité sociale, habitat d’urgence, évolutivité…). Chanéac est enfin le promoteur d’un régionalisme nouveau, progressiste, au travers notamment de projets de stations de nouvelle génération, d’opérations urbaines comme le Forum de Saint-Jean-de-Maurienne (1982-1986) ou le centre de Val-d’Isère (1985-1990). »
Extrait de l’annonce de la conférence de Jean-Pierre Petit, architecte-consultant, auteur de Chanéac, entre rétrospective et prospective (2011), dans le cadre de l’exposition présentée au CAUE du Rhône du 1er octobre au 10 novembre 2011.
Jean-Louis Chanéac, photo ©Nelly Chanéac.
D’autres documents, ici. De nombreuses photos, ici.
Lire également : http://lantb.net/uebersicht/?p=3832