pince baguettes
Mardi 12 novembre 2013, 23h50, 93bis. Utilisée hier au Salon de la photo (on sait que la photographie c’est de la saisie, même avec des pincettes), cette pince livrée avec une petite boîte de sushis. L’objet est promu comme « pratique, ludique, réutilisable, jetable, biodégradable ». Il fait partie de la mode des « verrines » pour les cocktails et des plats préparés, dessinés, emballés pour les « urbains à fort pouvoir d’achat », qui ne sont plus des « midinettes ». Renseignement pris, il n’existe pas au Japon, en dépit de son apparence (du bambou). Manger avec des baguettes, c’est une éducation, une pratique, une culture. Entre l’exotisme factice et l’efficacité minimaliste, il y a un monde, de la maladresse triviale à la virtuosité élégante. Ou alors, manger avec les doigts, ce que le monde entier fait de diverses manières, sans savoir que c’est l’objet d’une autre tendance du marketing, finger food.

hida mari em285
Lundi 11 novembre 2013, 23h30, 93bis. Achetée le 23 septembre à Tokyo dans un geste volontariste (http://jlggb.net/blog3/?p=6560), cette petite chaise — référence : Arda Kid’s Chair EM285 — fait partie de la ligne de mobilier dessinée par Enzo Mari pour le fabriquant Hida (http://www.em-hida.jp/ et http://www.kitutuki.co.jp/) à Takayama. Nous avions découvert ces meubles sur place en avril 2008, voir : « Enzo Mari Sugi », http://jlggb.net/blog/?p=408. Les choix du fabricant sont d’ordre éthique et politique autant qu’esthétique. Pour utiliser le bois local, le sugi — variété de cèdre, arbre national du Japon –, il valorise son aspect noueux et met au point une technique de compression qui le durcit. Et il fait appel à Enzo Mari, mondialement reconnu pour son talent autant que pour sa critique du consumérisme. Dimensions : 25 x 29,5 x 44 cm. Poids : environ 1,2 kg — deux fois plus léger qu’une chaise comparable en hêtre d’Ikea. Les meubles Hida-Mari sont relativement chers au Japon. C’est probablement pour ça qu’ils n’ont pas été vendus en Europe.

chatillon ciel
Dimanche 10 novembre 2013, Châtillon, Hauts-de-Seine, 17h. Il a plu longtemps et fort la nuit dernière. Une puissante dépression sur le nord de l’Italie a aspiré de loin l’air frais et les nuages. Alors que nous sortions de Paris vers le sud-ouest, le soleil bas très vif nous éblouissait. Le ciel lavé au-dessus de Paris s’étendait de l’Écosse au Dauphiné.

meteo 10 nov 17h
Carte météo satellitaire du 10 novembre 2013 à 18h.

mori-clematis-07
Samedi 9 novembre 2013, 23h, 93bis. Sans arrangement particulier, des fleurs de clématite coupées dans la cour, dans un beau vase rapporté du Japon (porcelaine Hakusan, design de Masahiro Mori), avec un minimum de lumière. Voir : « La joli spontané », 20 mai 2013, http://jlggb.net/blog3/?p=5809.

matt mullican freeman 3
matt mullican freeman 2
matt mullican freeman 1
Mercredi 6 novembre 2013, 13h. Galerie Freeman, rue Quincampoix, Paris, 4e, « Collecting for the Studio », exposition de Matt Mullican. Overall Chart, gouache et pastel gras (frottage), 2013; Table N°4, 1ères éditions de comic books, pierres taillées préhistoriques, figurine de Ramsès (ca 1200 av. J.-C.), calendrier de l’amitié (1918).
Voir : http://jlggb.net/blog3/?p=4133; http://jlggb.net/blog3/?p=4114; http://jlggb.net/blog3/?p=5873.

pommes-poires
Mardi 5 novembre 2013, 23h30, 93bis. Fruits bios (poires de l’Hérault, pommes du Vaucluse) achetés à Monoprix, 20 boulevard de Charonne, Paris, 20e.

Nos arbres fruitiers, quoique greffés, gardent dans leur fructification tous les caractères botaniques qui les distinguent, et c’est par l’étude attentive de ces caractères, aussi bien que par les transformations de la greffe, qu’on s’assure qu’il n’y a, par exemple, qu’une seule espèce de poire sous mille noms divers, par lesquels la forme et la saveur de leurs fruits les ont fait distinguer en autant de prétendues espèces, qui ne sont au fond que des variétés. Bien plus, la poire et la pomme ne sont que deux espèces du même genre, et leur unique différence bien caractéristique est que le pédicule de la pomme entre dans un enfoncement du fruit, et celui de la poire tient à un prolongement du fruit un peu allongé.
Jean-Jacques Rousseau, Lettres sur la botanique à Madame Delessert, 1771-1773, « Lettre VII Sur les arbres fruitiers »

Voir les suites : http://jlggb.net/blog4/?p=2998 et http://jlggb.net/blog6/2018/10/04/deux-especes-du-meme-genre-ter/

1913-2013

eb-ej-1937-1990-original
Lundi 4 novembre 2013. C’est aujourd’hui le centenaire de la naissance de mon père, Émile Boissier. Ma mère aussi, Emma Jullian, est née en 1913 (voir : « 1913 », http://jlggb.net/blog3/?p=5055). Cette photo d’eux à l’âge de 24 ans a été prise à Bouvante-le-Haut, village d’une vallée du Vercors, dans le département de la Drôme où ils étaient instituteur et institutrice, le 18 mai 1937. Je l’ai déjà publiée dans le numéro 8 de La Recherche photographique consacré à la photo de famille, février 1990, p.44. On soulignera la place particulière de l’année 1913 dans l’histoire des idées et des arts, dans l’histoire des peuples et des pays.

forclaz 31 oct 2013
Jeudi 31 octobre 2013, 17h15, col de la Forclaz, Valais, Suisse, entre Martigny et Chamonix, altitude 1 526 m. Même si l’on ne cadre pas de sommets, c’est un ciel de montagne.

Si jamais

sunset vevey Jeudi 31 octobre 2013, 12h. La place du marché à Vevey, que nous avions déjà visitée, il y a des années, pour y repérer la maison de Madame de Warens. Soleil très vif pour cette fin octobre sur la Riviera, et l’envie de s’installer à l’abri de la bise à la terrasse du café Le Sunset. Allant au bar pour commander deux cafés, on entend la serveuse dire : « Service dehors, si jamais. » Cette tournure typique du français de Suisse romande m’est familière. Mais elle me surprend toujours par le goût de reproche qu’elle laisse. Ici j’entends : « Si vous voulez être à la terrasse, pourquoi ne vous installez-vous pas à attendre pour commander ? ». « Si jamais », ce n’est jamais que « au cas où ». Mais le suspens est troublant. J’ai connu Si jamais je te pince !… (de Labiche), et tous les si jamais suivis de quelque chose. L’ellipse est pourtant très efficace. Jamais n’est pas que l’envers de toujours, comme dans « Ne travaillez jamais ! ». Jamais est une variable qui prend son sens, positif, négatif, hésitant, au sein de la phrase et de l’énonciation. Jamais est un moment quelconque, une éventualité dans le temps, mais verse par nature dans le négatif, même sans négation préalable : « Jamais de la vie ». Pourtant, il y a le (comme déjà) et le magis (plus, davantage), qui fondent, par exemple, « À jamais ». Jamais, avec si, s’échappe dans le virtuel.

chexbres cascade 2013
Jeudi 31 octobre 2013, 10h45. Au-dessus du lac Léman, entre Lausanne et Vevey, au cœur du vignoble de Lavaux, le village de Chexbres, la cascade du Forestay à Bellevue. Elle est à l’origine de la dernière œuvre de Marcel Duchamp, Étant donnés : 1° la chute d’eau, 2° le gaz d’éclairage, 1946-1966. Du 5 au 9 août 1946, Marcel Duchamp séjourne, en compagnie de Mary Reynolds, à l’hôtel Bellevue, tout proche. Notre contribution à l’exégèse d’Étant donnés, c’est d’avoir fait en 1994 (en préparant Moments de JJR) l’hypothèse que l’intérêt de Duchamp pour Rousseau, renforcé par toutes les marques de Rousseau dans la région, a pu le fixer sur la cascade, figure rousseauiste s’il en est. Voir : « Le mémoratif réflexe » du 7 mars 2012, http://jlggb.net/blog3/?p=1608. Et aussi : Stefan Banz (éd.), Marcel Duchamp and the Forestay Waterfall, JRP|Ringier, 2010, http://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=1902.

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