La chaise pour enfant d’Enzo Mari fabriquée au Japon par Hida

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Lundi 11 novembre 2013, 23h30, 93bis. Achetée le 23 septembre à Tokyo dans un geste volontariste (http://jlggb.net/blog3/?p=6560), cette petite chaise — référence : Arda Kid’s Chair EM285 — fait partie de la ligne de mobilier dessinée par Enzo Mari pour le fabriquant Hida (http://www.em-hida.jp/ et http://www.kitutuki.co.jp/) à Takayama. Nous avions découvert ces meubles sur place en avril 2008, voir : « Enzo Mari Sugi », http://jlggb.net/blog/?p=408. Les choix du fabricant sont d’ordre éthique et politique autant qu’esthétique. Pour utiliser le bois local, le sugi — variété de cèdre, arbre national du Japon –, il valorise son aspect noueux et met au point une technique de compression qui le durcit. Et il fait appel à Enzo Mari, mondialement reconnu pour son talent autant que pour sa critique du consumérisme. Dimensions : 25 x 29,5 x 44 cm. Poids : environ 1,2 kg — deux fois plus léger qu’une chaise comparable en hêtre d’Ikea. Les meubles Hida-Mari sont relativement chers au Japon. C’est probablement pour ça qu’ils n’ont pas été vendus en Europe.

Kurumi, 1-1-9, Saga, Koto-ku, Tokyo

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Mercredi 25 septembre, 10h, Tokyo. Au moment de quitter la résidence Kurumi où j’ai loué une chambre-studio pour quatre jours, des images qui documentent le lieu. On voit le « manager » — qui semble être la seule personne de l’établissement —, M. Yasuo Sasano, dans son bureau du 4e niveau, avec un œil sur la porte et l’autre sur Internet, quand il ne contemple pas la rivière : http://www.kurumi-mansion.com/index_eng.html. C’est un hôtel que je recommande parce qu’il est très peu cher, modeste, paradoxalement bien placé à la frontière des quartiers commerçants et chics de la gare et de Ginza et de quartiers plus traditionnels et calmes. Un peu loin des métros mais bien desservi, avec le choix de cinq stations à 10 minutes et des ponts métalliques historiques et impressionnants à traverser. Un câble RJ45 de 5 mètres est prêté, mais il faut apporter son savon.

kurumi sumida gawa
Dans l’est de Tokyo, au bord de la rivière Sumida, le site de la résidence Kurumi — l’immeuble bleu à gauche —, avec le pont Eitai-bashi.

Retour au café Kaiseiken

kaiseiken 2013 tasse
kaiseiken 2013
kaiseiken 2013 plan
Mardi 24 septembre 2013, 13h30, Tokyo. Dans ce quartier Ningyocho (un peu à l’écart, qui a une unité particulière, ce dont témoigne le plan posé au carrefour), j’avais découvert fortuitement le café Kaiseiken le 4 juillet 2011, qui a ses habitués venus lire le journal (voir : http://jlggb.net/blog2/?p=7983). Puis j’ai trouvé qu’il avait une histoire, qu’il avait été le rendez-vous favori de l’écrivaine Kuniko Mukoda (1929-1981), qu’on pouvait le « visiter virtuellement » grâce à un panorama photographique d’un réalisme très spectaculaire : http://panolooks360.net/miyamoto_facebook/kaiseiken/k.html. Que son actuel patron, Eisuke, était de la quatrième génération après le fondateur Akira Sato (http://www.ningyocho.or.jp/contents/information.php?id=19). Et qu’il était agréable d’y revenir pour constater qu’il a très peu changé — la tapisserie reproduisant des briques est nouvelle.

La nature tenue en respect

tokyo building saga
kiyosumi garden
Mardi 24 septembre 2013, 11h30 — 12h15, Tokyo, arrondissement Koto, à l’est de la gare centrale et de la rivière Sumida. Le bâtiment appartient au Yomiuri shimbun (読売新聞), journal conservateur, dont il est dit que c’est le quotidien le plus vendu au monde — et aussi que, dans les années 50, il fit campagne pour l’énergie nucléaire au Japon, à l’appui de la CIA. Non loin de là, le parc Kiyosumi fut construit par le fondateur de l’entreprise Mitsubishi — qui deviendra l’un des complexes militaro-industriels du Japon — et inauguré en 1880. Il fut endommagé par le séisme et l’incendie de Tokyo de 1923 puis donné à la ville et ouvert au public en 1932. « La société japonaise a devant la nature un comportement contrasté. D’un côté, elle tend à l’ignorer, de l’autre, elle en fait sa valeur suprême. » : ceci est la première phrase de la quatrième de couverture du livre d’Augustin Berque Le sauvage et l’artifice. Les Japonais devant la nature (Gallimard, 1986). Il semble que la mégalopole la plus bétonnée ait cherché, depuis les années 80, à redonner une place à la nature, au sens ordinaire des arbres et des espaces verts. La culture japonaise voit la nature partout, dans sa relation à toute chose, et ne conçoit pas une opposition entre ville et nature, en termes de domination ou de soumission. Si elle fait de la nature une référence morale et esthétique, elle peut aussi bien respecter la nature que la tenir en respect. Sur ces exemples, on voit que la « nature » sert à représenter la nature avec un artifice ostensible. On pourrait s’amuser à appliquer à la ville ce que dit Rousseau, dans l’Émile, de « l’homme social » : « il faut employer beaucoup d’art pour empêcher l’homme social d’être tout à fait artificiel ».

Panorama de la Sumida-gawa

panorama sumida gawa
Mardi 24 septembre 2013, 11h40, Tokyo. On n’a pas vu Tokyo tant qu’on n’a pas vu ses rivières et ses ponts : la rivière Sumida (Sumidagawa 隅田川) vue en direction du sud. L’immeuble imposant (écrasant) est le siège du journal Yomiuri shimbun dont il est question plus haut.

Fête de la lune

drapeau geidai 23 sept
Lundi 23 septembre 2013, 17h, Tokyo. Au nord-ouest du parc de Ueno, de part et d’autre de la rue, les entrées de l’École des Beaux-Arts et du Conservatoire de musique, deux entités (sœurs et ennemies, dit-on) réunies sous le nom d’Université des arts de Tokyo (東京藝術大学, Tōkyō Geijutsu Daigaku ou Geidai), voient aujourd’hui leur symétrie renforcée par deux paires de drapeaux. Si la Fête de la lune, commune à toute l’Asie, tend à ne plus être marquée, le Japon a fait de l’équinoxe d’automne une fête officielle. Sous nos yeux, les drapeaux « Soleil levant » sont rapidement retirés à 17h10, au coucher du soleil. Ce drapeau national, déjà suspect, participe à la lutte entre le Soleil et la Lune.

Fanzine : Sanchocu

sanchocu
tokyo art book fair sanchocu
tokyo art book fair
Samedi 21 septembre 2013, 17h — 18h, Tokyo. La Tokyo Art Book Fair se tient au campus Gaien de la Tohoku University of Art and Design, filiale de la Kyoto University of Art and Design. Les trois jeunes graphistes (probablement encore élèves) que l’on voit dans le coin de la salle (l’une des douze salles de l’exposition), stand 129, signent sous le nom collectif de Sanchocu (Fresh Zine Label). Leurs fanzines sont très plaisants, légers (12 pages, 100 yens), d’un dessin simple et efficace, sur un papier magazine très fin. Si la production est d’apparence plus sage, l’ambiance est plus festive et plus positive que dans l’équivalent parisien.

Ligne d’accompagnement

harajuku rampe
Samedi 21 septembre 2013, 16h, Tokyo, station de métro Harajuku. C’est le moment de se servir de cette référence à Paul Klee, que l’on traîne depuis toujours : son cours du Bauhaus (1921-1922) s’ouvre sur la proposition d’un « linéaire actif » (Linear aktiv), déclinée en « ligne libre » et « ligne d’accompagnement ». Ici l’accompagnement (de la ligne des marches par la ligne de la rampe) se veut utile : les portions horizontales sont pour s’appuyer quand on descend, les portions obliques pour se hisser quand on monte. On n’a pas l’occasion de vérifier car les interminables escaliers sont redoublés par des escalators. Photo trompeuse, en outre, car il y a cet après-midi des milliers de jeunes filles, toutes plus ou moins costumées, qui se pressent vers le concert du groupe (de cinq garçons) Arashi.