Lee Friedlander, Philadelphia, 1961

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Samedi 16 novembre 2013, 15h — 18h. À la galerie Éric Dupont, 138 rue du Temple, Paris 3e puis à Paris Photo au Grand Palais, dans l’exposition « Collection Privée » (un ensemble de la plupart des photographies de Friedlander contenant un écran de télévision), sur les stands des galeries Robert Mann et Pace/MacGill, quatre fois la même photographie de Lee Friedlander, Philadelphia, 1961. Un classique, publié notamment dans l’ouvrage de Peter Galassi, Friedlander du Museum of Modern Art, New York, 2005 — une somme de 860 photographies — page 97.

1913-2013

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Lundi 4 novembre 2013. C’est aujourd’hui le centenaire de la naissance de mon père, Émile Boissier. Ma mère aussi, Emma Jullian, est née en 1913 (voir : « 1913 », http://jlggb.net/blog3/?p=5055). Cette photo d’eux à l’âge de 24 ans a été prise à Bouvante-le-Haut, village d’une vallée du Vercors, dans le département de la Drôme où ils étaient instituteur et institutrice, le 18 mai 1937. Je l’ai déjà publiée dans le numéro 8 de La Recherche photographique consacré à la photo de famille, février 1990, p.44. On soulignera la place particulière de l’année 1913 dans l’histoire des idées et des arts, dans l’histoire des peuples et des pays.

Retour au café Kaiseiken

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kaiseiken 2013
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Mardi 24 septembre 2013, 13h30, Tokyo. Dans ce quartier Ningyocho (un peu à l’écart, qui a une unité particulière, ce dont témoigne le plan posé au carrefour), j’avais découvert fortuitement le café Kaiseiken le 4 juillet 2011, qui a ses habitués venus lire le journal (voir : http://jlggb.net/blog2/?p=7983). Puis j’ai trouvé qu’il avait une histoire, qu’il avait été le rendez-vous favori de l’écrivaine Kuniko Mukoda (1929-1981), qu’on pouvait le « visiter virtuellement » grâce à un panorama photographique d’un réalisme très spectaculaire : http://panolooks360.net/miyamoto_facebook/kaiseiken/k.html. Que son actuel patron, Eisuke, était de la quatrième génération après le fondateur Akira Sato (http://www.ningyocho.or.jp/contents/information.php?id=19). Et qu’il était agréable d’y revenir pour constater qu’il a très peu changé — la tapisserie reproduisant des briques est nouvelle.

Profondeur de temps

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Mercredi 18 septembre 2013, 6h30, Tokyo. De la chambre 521 de l’hôtel Villa Fontaine Shiodome, vers le bas à droite, on voit la même chose que le 4 juillet 2011 (voir : http://jlggb.net/blog2/?p=6093), sauf que les travaux sont finis. Pour inscrire cette profondeur de temps, et donc avoir la profondeur de champ nécessaire, j’ai diaphragmé à 16.

Workshop japonais à Paris

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Mardi 10 septembre 2013, 14h. Avec Hajime Takeuchi, à la Cité des arts de Paris, un workshop sur les « haïkus visuels pour iPhones » pour 25 étudiantes de Koichi Mori, du Départment information et média du Doshisha Women’s College de Kyoto. Les participantes ont environ 20 ans, elles fonctionnent par deux. Celles-ci semblent avoir un rôle de leader.

L’empreinte photographique

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Mercredi 28 août 2013, 17h15, pont Saint-Michel, Paris. L’essentiel de la théorie de la photographie qui s’est formulée dans les années 80 reposait sur la notion d’empreinte qui pouvait l’assimiler à l’indice selon Peirce. Aujourd’hui, parce qu’on récuse la réduction de la photographie à une trace qui relève directement de l’objet qu’elle désigne, on voudrait s’en passer. Il n’empêche. Mais il s’agit ici d’une autre empreinte : l’usure, le poli extraordinaire de toute une zone de la pierre du parapet, là où l’on se pose, là où l’on s’appuie pour prendre une vue de la cathédrale et de la Seine. Cette observation me vient d’un cours sur la « photographie conceptuelle » que nous faisions, dans les années 80 précisément, à Saint-Denis, qui s’intéressait aux dispositifs, aux circonstances et aux déterminations de la saisie photographique.
— Ceci est le 500e post de jlggbblog3 — qui doit s’achever le 30 novembre 2013.

Nourrir un blog

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Mardi 27 août 2013, 23h30, 93bis. Rien de politique cette fois (« Enfin un dessert normal ! » du 6 mai 2012 traitait du Flanby). Une manière, libre de toute métaphore, de rentabiliser le dispositif des sardines, qui est resté en place. La Panna cotta, sur lit de caramel vient de la supérette U voisine (2,35 € les deux). L’assiette creuse en porcelaine est de Jasper Morrison pour A di Alessi.
« Prendre la nourriture en photo pourrait être la manifestation d’un véritable problème psychologique », cette affirmation de Mme Valerie Taylor, chef du service de psychiatrie au Women’s College Hospital à l’université de Toronto, a été relayée par tous les médias au mois de mai dernier, par exemple par un article du HuffPost. Un site, lancé en mars 2012, avait proposé d’augmenter le phénomène en collectant sur Tumblr les Pictures of Hipsters Taking Pictures of Food. Autre constat, relevé au hasard de Google : http://www.amelie-broutin.com/2012/01/03/le-mystère-de-la-bouffe-sur-facebook/. La question avait été signalée le 27 mars 2011 dans le billet « Minimalisme alimentaire ». Sans entrer dans l’analyse de cette pratique de masse (la population de ceux qui ont à manger tendrait à coïncider avec celle de ceux qui ont toujours un appareil sur eux), que chacun peut constater, j’y vois le degré zéro d’« alimentation du blog ». Ce que j’ai devant moi pour le manger est la preuve de mon existence. Le photographier est une manière, pas uniquement narcissique, de l’ingérer tout en le donnant à voir. Philippe Lejeune a souligné que Le Pacte autobiographique (Seuil, 1975) se définit par le type de lecture qu’engendre l’autobiographie. Dès 2000, avec « Cher écran… ». Journal personnel, ordinateur, Internet (Seuil), il analyse l’apparent paradoxe du cyberdiariste pour qui le web est un dispositif intime d’écriture. Je le constate, le couple technique photo mobile et journal partagé en réseau est insatiable.

Sardines en boîte

sardine boite
Samedi 24 août 2013, 23h30, 93bis. Les sardines en conserve sont à la mode. On parle des 200 ans des conserveries bretonnes, des « sardines de garde », des « sardines millésimées », etc. Cet été, long reportage dans l’émission Capital, article dans Le Monde Magazine, clip publicitaire sur « C’est extra » de Léo Ferré (les fans se sont offusqués, oubliant deux choses : qu’en 1969 Ferré surprend en déplaçant un mot dont use la publicité; et qu’extra appartient au vocabulaire culinaire). De mon enfance, une chose est restée dans un coin de ma tête, un malaise non éclairci : on nous citait un restaurant de grand luxe (Pic à Valence) où l’on pouvait commander des sardines en conserve, mais qu’alors elles étaient servies dans leur boîte. Je prenais ça pour du cynisme, une façon pour le restaurateur de se moquer du pauvre client, ou alors pour du snobisme de la part du client. J’ai vu depuis que, par exemple chez Lipp, on vous les sert dans leur boîte renversée sur une assiette. C’est peut-être cette histoire de High and Low qui m’intéresse et qui réveille la poétique de la boîte de sardine. La marque Connetable insiste sur sa boîte rouge. On voit qu’elle devient un cadre, d’autant que l’opération de mise en conserve est une mise à plat. Avant même d’être photographiée, c’est une image. C’est remarquable dans les photos de Wols, cette mise à plat relève de la pesanteur. On est bien obligé, sinon l’huile coule.

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Wols (1913-1951), photographie non datée (probablement à Paris vers 1937, pendant la guerre, à Dieulefit, Wols n’avait pas d’appareil) prise dans le livre : Laszlo Glozer, Wols Photograph, Schirmer/Mosel, Münich, 1978, pl. 69 et Wols Photographe, Centre Georges Pompidou, 1980, pl. 69. [dr]

Sur mon étagère : ceci n’est pas une horloge

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Samedi 17 août 2013, 19h30. Sur mon étagère, il y a, depuis les années 70, ce compte secondes (et aussi centièmes de minutes et minutes) mécanique — on peut le nommer chronomètre — de la marque Silvoz, Made in Germany. C’était un classique des laboratoires de photographie où il fallait exposer et développer selon des durées relativement précises. Le temps « déguisé en mouvement » (Étienne Klein), c’est ce que montrent les montres. Pour nos opérations à la rencontre du faisceau lumineux et des bains chimiques, l’observation des aiguilles et l’écoute du tic-tac donnait une dimension souple, libre et littéralement manuelle au contrôle du temps. Ce n’est pas une horloge. Aujourd’hui, le comptage numérique du temps est inscrit dans un vaste synchronisme universel. L’heure s’est infiltrée partout. Elle s’affiche et s’impose sans vergogne.

hanako silvoz 2013 06 24
Complément :
Un tel appareil est encore en usage, comme en témoigne cette photo du blog d’Hanako, qui fait des recherches sur le croisement des nouvelles techniques photographiques et des anciennes.