La chaise pour enfant d’Enzo Mari fabriquée au Japon par Hida

hida mari em285
Lundi 11 novembre 2013, 23h30, 93bis. Achetée le 23 septembre à Tokyo dans un geste volontariste (http://jlggb.net/blog3/?p=6560), cette petite chaise — référence : Arda Kid’s Chair EM285 — fait partie de la ligne de mobilier dessinée par Enzo Mari pour le fabriquant Hida (http://www.em-hida.jp/ et http://www.kitutuki.co.jp/) à Takayama. Nous avions découvert ces meubles sur place en avril 2008, voir : « Enzo Mari Sugi », http://jlggb.net/blog/?p=408. Les choix du fabricant sont d’ordre éthique et politique autant qu’esthétique. Pour utiliser le bois local, le sugi — variété de cèdre, arbre national du Japon –, il valorise son aspect noueux et met au point une technique de compression qui le durcit. Et il fait appel à Enzo Mari, mondialement reconnu pour son talent autant que pour sa critique du consumérisme. Dimensions : 25 x 29,5 x 44 cm. Poids : environ 1,2 kg — deux fois plus léger qu’une chaise comparable en hêtre d’Ikea. Les meubles Hida-Mari sont relativement chers au Japon. C’est probablement pour ça qu’ils n’ont pas été vendus en Europe.

Soba choko : production

dainichi crue pers
Dimanche 27 octobre 2013. Retour sur les « soba choko » (2). La tasse est ici non peinte et avant cuisson, nettement plus grande qu’elle ne sera après être passée au four : 85 mm, 65 mm, 70 mm (la photo est à la même échelle que celles ci-dessous). C’est peut-être là ce qu’on nomme au Japon forme parfaite, devenue impersonnelle dans sa perfection. Il faudrait engager une production expérimentale, qui laisserait résolument inchangées la forme en tronc de cône, ses proportions et même ses dimensions, mais qui chercherait une façon programmée et automatisée de croiser un vocabulaire de motifs populaires historiques et la sensibilité des lignes au pinceau. L’accent serait mis sur des pièces uniques mais dans le registre d’une variation obtenue par un branchement sur le corps, sur la main, qui renverrait donc ironiquement à celle du « fait main ». C’est ce qui me vient à l’idée à partir de cette ébauche qui m’a été donnée à l’atelier Dainichi le 26 septembre dernier, dont on peut penser qu’elle provient elle-même d’une fabrication par moulage mécanisée.

Soba choko : collection

keizan boutons pers
keizan fleur pers
keizan rayures pers
keizan zigzag pers
dainichi bambou pers
dainichi fleur pers
dainichi mickey pers
dainichi vagues pers
Dimanche 27 octobre 2013. Retour sur les « soba choko » (1). On voit ici un choix de deux séries de quatre de ces tasses, dont on rappelle qu’elles sont en principe destinées à manger les pâtes de soba (sarrasin) en les trempant dans le bouillon qui les accompagne. Les premières sont du four Keizan à Arita (le berceau de la porcelaine japonaise venue de Chine et de Corée, et en particulier de la porcelaine blanche et bleue) : la porcelaine est très blanche, légèrement bleutée et transparente. Les dernières sont du four Dainichi, dans un village proche : la porcelaine est un peu plus épaisse et plus rustique. Les dimensions sont comparables : 75 mm de diamètre en haut, 60 mm de diamètre en bas, 60 mm de hauteur. La décoration est peinte au pinceau à la main avant cuisson, ce qui donne un bleu sous glaçure sur fond blanc. Les motifs de ces deux séries s’apparentent à la tradition populaire (soulignée par le mouvement Mingei), avec une tendance plus marquée à Dainichi. On a vu dans les visites documentées dans des billets précédents que l’atelier Keizan est de taille moyenne alors que l’atelier Dainichi est de trois personnes. La forme en tronc de cône — un gobelet « démocratique » car il permet l’empilement — a historiquement connu, et peut connaître, des variantes. Mais elle donne à toute collection de soba choko une unité étonnante. La variation extrême des motifs dans l’unité de la forme est, de façon certaine, la source d’une vocation à la collection qui est avérée par les ouvrages qui leur sont consacrés (voir : http://jlggb.net/blog/?p=133). Dans les magasins d’ateliers, cette variation est souvent mise en scène et stimule l’acquisition et la collection.

En reconnaissance au théâtre de Gennevilliers

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t2g sobel
t2g escalier
Vendredi 18 octobre 2013, 20h. Le théâtre de Gennevilliers, fondé en 1964 par Bernard Sobel — brechtien non repenti — dans ce qui était la salle des fêtes bâtie en 1934, devenu en 1983 centre dramatique national, est dirigé depuis 2006 par l’auteur et metteur en scène Pascal Rambert — qui l’axe exclusivement sur la création contemporaine. C’est à ce moment-là que Daniel Buren — artiste patenté de la gauche culturelle — s’associe à 15 élèves de la section de plasturgie du lycée Galilée de Gennevilliers et leur fait fabriquer des flèches pour conduire au théâtre.

Au total 100 flèches sont installées sur le territoire de Gennevilliers avec plusieurs « chemins » desservent les axes stratégiques de la ville. Peinte en rouge et blanc, cette flèche est composée de différents éléments associés entre eux. Chaque élément de couleur rouge ou blanc étant obtenu à partir d’un moule par coulée et moussage de polyuréthane. Longue de 60,9 cm, chaque flèche pèse 2,25 kg et a une épaisseur de 8,7 cm. Selon la nomenclature immuable des œuvres de Daniel Buren, la largeur de chaque rayure est de 8,7 cm. La flèche est scellée à 2,50 m du sol.

On peut aussi voir cette flèche comme le repère rassurant d’un espace artistique auquel on appartient déjà. « À 15 minutes de Place de Clichy » souligne le site http://www.theatre2gennevilliers.com. Dirait-on la même chose du théâtre des Champs-Élysées ou du théâtre de Chaillot ? Qui penserait à rappeler que le théâtre de Gennevilliers se trouve rive gauche ? C’est que nous sommes ici en banlieue. Pascal Rambert le dit : « Le T2G est en proche banlieue nord de Paris. C’est-à-dire qu’il est situé à l’épicentre de ce qu’est aujourd’hui la société contemporaine : croisement des flux migratoires, mixités sociales et ethniques, précarité, accélération des échanges. »

白山 (Hakusan)

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hakusan fabrique
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Vendredi 27 septembre 2013, 9h20, Hasami, préfecture de Nagasaki, Kyushu. Visite au magasin de la fabrique de porcelaine Hakusan, célèbre pour la qualité de ses modèles modernes, initiée par le designer Masahiro Mori (lu-même inspiré par le style moderne occidental de l’après-guerre, et singulièrement par la Finlande). Précision sur le nom, avec l’aide de Miki : 白 = blanc; 山 = montagne (je reconnais les deux caractères chinois — kanjis —, bai et shan, qui signifient la même chose). 白山 étant une forme chinoise, elle a cette prononciation particulière hakusan. Mais les mêmes caractères peuvent être lus, à la japonaise : shiro et yama. L’objet emblématique de Masahiro Mori est ce récipient à sauce de soja nommé G-type, daté de 1958. Voir : « Masahiro Mori », 7 décembre 2008, http://jlggb.net/blog/?p=915 et Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Masahiro_Mori_(ceramic_designer)

L’atelier de porcelaine Keizan

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Jeudi 26 septembre 2013, 16h — 17h. Préfecture de Saga, village d’Arita, l’atelier de porcelaine Keizan. Repéré par ses tasses à soba — soba choko, そば猪口 — depuis plusieurs années (voir : « Soba toi et moi », 6 janvier 2008, http://jlggb.net/blog/?p=133, c’était une destination obligatoire pour mon exploration des porcelaines de cette région du Kyushu. L’atelier, de taille moyenne, a fait, semble-t-il, des efforts pour affirmer son histoire, sa tradition et son renouvellement. Outre l’atelier de fabrication (qui est accessible, ces photos) il y a un magasin Keizan au centre du village, avec, au premier étage, une exposition précisément consacrée aux soba choko et à toutes leurs variétés depuis les années 50 (?), mais qui est un peu à l’abandon.
Liens de l’atelier : http://arita-keizan.com et http://www.keizan-shop.com

L’atelier de porcelaine Dainichi

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Jeudi 26 septembre, 15h — 16h. Préfecture de Saga, au sud d’Arita, l’atelier de porcelaine Dainichi. Un des rares, le seul peut-être des ateliers de porcelaine de cette région, qui en compte énormément, à avoir attiré l’attention des tenants de l’« esprit Mingei », mouvement lancé par Soetsu Yanagi (1889-1961) et d’autres dans les années trente, pour reconnaître, étudier et promouvoir un artisanat d’art populaire et de qualité (en particulier les tasses « soba choko »). Voir : « Mingeikan » (musée à Tokyo), http://jlggb.net/blog2/?p=4040; « Sori Yanagi », http://jlggb.net/blog2/?p=4193. Nous sommes très bien reçus par une dame qui dirige la fabrique et crée les motifs, son fils qui s’occupe de la fabrication, de la cuisson, sa fille qui peint la vaisselle, pour l’essentiel selon le style traditionnel bleu sur fond blanc. Trois personnes seulement semble-t-il, c’est une toute petite entreprise.

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Kubo Ayaha, Kubo Toshie, Kubo Hiroshi, fragments d’instantanés pris au cours de la visite.
Site de la fabrique : http://dainichigama.com/index.html

L’art de la boîte

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Dimanche 22 septembre 2013, 15h, Yokohama. En chemin vers le studio de la Graduate School of Film and Media des Beaux-Arts de Tokyo, dans un ancien entrepôt juste au bord de l’eau, on traverse Yokohama World Porters, un grand centre commercial plein de monde, à craquer. Mais, chez Starbucks, le service est très organisé et rapide. J’achète un café mocha et une petite part de cheese cake, à emporter. La boîte est fermée par une pastille adhésive qui dit de mettre la chose au frigo et de la consommer avant un jour.

Fanzine : Sanchocu

sanchocu
tokyo art book fair sanchocu
tokyo art book fair
Samedi 21 septembre 2013, 17h — 18h, Tokyo. La Tokyo Art Book Fair se tient au campus Gaien de la Tohoku University of Art and Design, filiale de la Kyoto University of Art and Design. Les trois jeunes graphistes (probablement encore élèves) que l’on voit dans le coin de la salle (l’une des douze salles de l’exposition), stand 129, signent sous le nom collectif de Sanchocu (Fresh Zine Label). Leurs fanzines sont très plaisants, légers (12 pages, 100 yens), d’un dessin simple et efficace, sur un papier magazine très fin. Si la production est d’apparence plus sage, l’ambiance est plus festive et plus positive que dans l’équivalent parisien.