juillet 2012

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À Cabourg




Mardi 31 juillet 2012, vers 14h, 16h et 18h, Cabourg. Marche sur la plage vers l’est : quelques personnes suivent la mer qui se retire pour aller pêcher. L’extrémité de la dune. Dans l’après-midi, le soleil s’est installé et il y a progressivement beaucoup de monde sur la digue et sur la plage. Dans la ville ancienne au plan rayonnant autour du Casino et du Grand Hôtel, toute une collection de villas construites à la fin du XIXe et au début de XXe siècle, et presque que ça. Sur la place, un bel exemple du style néo-normand, dont l’architecte pourrait être Émile Mauclerc, vers 1910. Je suis venu pour la première fois à Cabourg en 1970, invité par un ami dont la famille possédait une maison ici sur la digue, et aussi une autre grande maison avec un parc à Trouville. Ce fut l’un de mes contacts avec la grande bourgeoisie parisienne.








Dimanche 29 juillet 2012, 15h-17h. Visite de la maison Louis Carré, construite par Alvar Aalto à Bazoches-sur-Guyonne, Yvelines, en 1959. Le guide met beaucoup l’accent sur le luxe des matériaux et des objets, sur le style bourgeois du propriétaire, Louis Carré (1897-1977), marchand d’art à Paris, dont on apprend aussi qu’auparavant il habitait l’immeuble Le Corbusier de la rue Nungesser et Coli. Alvar Aalto (1898-1976) a construit beaucoup d’établissements collectifs et publics et l’on peut constater qu’il voit dans la commande d’un client fortuné, comme l’avait fait Le Corbusier, l’occasion d’une œuvre totale. Finalement, on s’intéressera d’abord à divers types de luminaires, notamment ceux destinés à éclairer les tableaux (aujourd’hui dispersés).










Samedi 28 juillet 2012, 16h30-17h30. Visite de l’appartement-atelier de Le Corbusier aux 6e et 7e étages de son immeuble du 24 rue Nungesser et Coli, Paris 16e, construit entre 1931 et 1934 (L’immeuble Clarté à Genève est construit entre 1930 et 1932. La Cité-Refuge de l’Armée du Salut, Paris 13e, est de la même période). L’ensemble de l’espace est travaillé par la lumière et les murs de couleurs. Une tranche d’arbre sur trois pieds en fers plats : une table comparable, mais plus basse, exposée à Tokyo en 1941, apparaît dans l’ouvrage Charlotte Perriand et le Japon, Paris, 2008, p. 145. Au dernier étage, on entre dans la chambre en poussant un placard pivotant. Elle est occupée par un lit dont la hauteur permet de voir le paysage vers l’ouest, par une douche aux formes arrondies et un vestiaire en bois. Le luminaire a lui aussi son équivalent (Potence, 1938) chez Charlotte Perriand. Dans la cour intérieure du sud, un palan monte-charge.










Samedi 28 juillet 2012, 15h-16h. Visite de la maison La Roche, 10 square du Docteur Blanche, Paris 
16e, construite en 1923-1925. On y fait l’expérience de la « promenade architecturale » revendiquée par Le Corbusier, de la polychromie — dont : le vert de Paris, le bleu ceruleum moyen, le brun rouge, le Sienne naturelle moyen, claire et pâle —, du jeu des relations entre intérieur et extérieur redoublé par celui des vues qui s’ouvrent sur l’intérieur lui-même. La série des villas pour des clients de « la bourgeoisie éclairée » est le moyen d’une remise en question et d’une expérimentation. La maison La Roche fait écho pour moi à la vision de la maison Schroeder par Rietveld à Utrecht, il y a des années. J’en trouve la confirmation dans le livre de Jean-Louis Cohen, Le Corbusier. La planète comme chantier, Textuel, 2005, p. 66 : « Alors que ses articles commencent à attirer l’attention de l’ensemble des architectes européens, c’est à Paris qu’il est fortement impressionné, à l’automne 1923, par l’exposition des architectes du groupe néerlandais De Stilj à la galerie Léonce Rosenberg. Les surfaces planes et les articulations orthogonales des maquettes de Theo Van Doesburg et Cornelis van Eesteren l’amènent à reconsidérer ses projets du moment, comme la maison La Roche. » La partie d’habitation est minimaliste, discrète et fonctionnelle, alors que la partie galerie est complexe et surprenante. Le fauteuil signé Charlotte Perriand, Le Corbusier et Pierre Jeanneret — ici dans sa version « molle » en cuir — a été créé en 1928. La bibliothèque est en béton et fait garde-corps. Le vide du hall agit comme liaison des étages et des deux composantes de la maison.

Fondation Le Corbusier : http://www.fondationlecorbusier.fr/


Mercredi 25 juillet 2012, 16h. En revenant de Saint-Denis en voiture, une visite de curiosité à ce centre commercial, récemment ouvert Porte d’Aubervilliers « au bord de l’eau » (une branche du canal de Saint-Denis), dans la nouvelle zone d’activité du Millénaire (« 300 entreprises et 12 000 salariés en moins de 10 ans »). Architecture de hangars, rien de nouveau, sauf peut-être dans le parking : une voix de synthèse (Alphaville) prononce automatiquement trois fois le numéro de votre emplacement.


Gentils enfants d’Aubervilliers, extrait du film d’Eli Lotar (1905-1969), 1946, avec un commentaire et trois chansons, mises en musique par Joseph Kosma, de Jacques Prévert.


Lundi 23 juillet 2012, 16h30. En plein cœur du Quartier latin, au numéro 15 de la rue Malebranche, Paris 5e  (non loin de la Sorbonne où Malebranche étudia la théologie : « L’homme n’est pas à lui-même sa propre lumière. »), la façade est brûlée (parce qu’il y a en dessous un emplacement où l’on gare les scooters et que l’on met le feu à ces scooters). C’est aussi le siège de CNRS Éditions.


Dimanche 22 juillet 2012, 18h. Il fait beau, on aurait pu sortir ou regarder l’arrivée du Tour de France à la télévision. Mais j’ai achevé la lecture d’un livre terrifiant et fascinant : Richter, peintre d’Allemagne – Le drame d’une famille, de Jürgen Schreiber, aux Presses du réel, traduit par Mariette Althaus, 2012, publié en allemand en 2005,  Ein Maler aus Deutschland. Gerhard Richter. Das Drama einer Familie, Munich, Pendo-Verlag. Cette enquête obstinée, aux enchevêtrements historiques et personnels inconcevables, tourne autour du tableau de Gerhard Richter, Tante Marianne, 1965. Disons simplement qu’on y apprend, comme le peintre lui-même tardivement, comment la tante du peintre, que l’on voit à l’âge de 14 ans tenant son neveu de quelques mois, en 1932, a été diagnostiquée « 14 » par la médecine nazie, comment elle a été stérilisée, puis euthanasiée en 1945, par le chirurgien et gynécologue, haut gradé SS, qui deviendra le beau-père de Richter (le nu qui descend un escalier est sa fille, la jolie petite Betty est sa petite-fille). Au sortir de ce livre, on ne peut plus suivre ceux qui prétendent ignorer la biographie pour comprendre l’œuvre. Richter dit : « Mes tableaux sont plus intelligents que moi. » (p. 228).


Gerhard Richter, Aunt Marianne, 1965, huile sur toile, photographiée le dimanche 8 juillet dans l’exposition Gerhard Richter, Panorama au Centre Pompidou.


Gerhard Richter, Verkündigung nach Tizian (Annonciation d’après Titien), 1973, huile sur toile de lin, Hirshorn Museum, Washington D.C., photographiée le dimanche 8 juillet 2012 dans l’exposition Gerhard Richter, Panorama au Centre Pompidou. La notice dit, qu’avec cette œuvre, « l’une des rares confrontations avec l’art religieux », « l’artiste reconnaît humblement l’impossibilité de peindre aujourd’hui à la manière de Titien. » Je pense qu’il faut replacer ce tableau, du fait même de sa singularité, dans la peinture, à la fois d’histoire et familiale, de Richter.


Alfred Manessier, L’Otage, 1987, huile sur toile, collection particulière, photographiée (sans autorisation) au Centre culturel de rencontre de l’Abbaye de Saint-Riquier, le jeudi 19 juillet 2012. Dans un texte hommage du catalogue Alfred Manessier. Le tragique et la lumière, Joëlle Brunerie-Kauffmann rapporte comment son père, Pierre Brunerie, a connu Manessier en architecture aux Beaux-Arts de Paris, comment il lui commanda en 1957-1958 des vitraux pour la chapelle Notre-Dame de la Paix au Pouldu, et comment son mari, Jean-Paul Kauffmann, fut soutenu, lors de sa longue détention au Liban, de 1985 à 1988 — voir Ina —, par le peintre et à travers son tableau : L’Otage.


JLB, Les Perspecteurs, installation vidéo interactive, 2004-2010, ici à l’École supérieure d’art du Havre (voir : http://jlggb.net/blog2/?p=1418). Si la bande-son — que le spectateur peut retrouver en agissant, par le truchement du personnage de Marie qui écoute un iPod — contient des phrases de Daniel Arasse sur la perspective des Annonciations en peinture, elle cite également Joëlle Brunerie sur la lutte pour la contraception. Ce choix est aussi un hommage à ma propre mère, à son attitude morale et militante en faveur du planning familial dès les années soixante.




Jeudi 19 juillet 2012, plage de Cayeux, département de la Somme. clichés à : 12h 38mn 13s; 12h 38mn 16s; 12h 38mn 19s. Passés ici juste avant le rendez-vous où il sera question du projet d’exposition « Leurs lumières » au Centre culturel de rencontres de l’Abbaye de Saint-Riquier — Baie de Somme. Le vent est fort, les vagues sont hautes, la lumière change très vite.

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