Samedi 24 août 2013, 23h30, 93bis. Les sardines en conserve sont à la mode. On parle des 200 ans des conserveries bretonnes, des « sardines de garde », des « sardines millésimées », etc. Cet été, long reportage dans l’émission Capital, article dans Le Monde Magazine, clip publicitaire sur « C’est extra » de Léo Ferré (les fans se sont offusqués, oubliant deux choses : qu’en 1969 Ferré surprend en déplaçant un mot dont use la publicité; et qu’extra appartient au vocabulaire culinaire). De mon enfance, une chose est restée dans un coin de ma tête, un malaise non éclairci : on nous citait un restaurant de grand luxe (Pic à Valence) où l’on pouvait commander des sardines en conserve, mais qu’alors elles étaient servies dans leur boîte. Je prenais ça pour du cynisme, une façon pour le restaurateur de se moquer du pauvre client, ou alors pour du snobisme de la part du client. J’ai vu depuis que, par exemple chez Lipp, on vous les sert dans leur boîte renversée sur une assiette. C’est peut-être cette histoire de High and Low qui m’intéresse et qui réveille la poétique de la boîte de sardine. La marque Connetable insiste sur sa boîte rouge. On voit qu’elle devient un cadre, d’autant que l’opération de mise en conserve est une mise à plat. Avant même d’être photographiée, c’est une image. C’est remarquable dans les photos de Wols, cette mise à plat relève de la pesanteur. On est bien obligé, sinon l’huile coule.
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Wols (1913-1951), photographie non datée (probablement à Paris vers 1937, pendant la guerre, à Dieulefit, Wols n’avait pas d’appareil) prise dans le livre : Laszlo Glozer, Wols Photograph, Schirmer/Mosel, Münich, 1978, pl. 69 et Wols Photographe, Centre Georges Pompidou, 1980, pl. 69. [dr]