Ligne d’accompagnement

harajuku rampe
Samedi 21 septembre 2013, 16h, Tokyo, station de métro Harajuku. C’est le moment de se servir de cette référence à Paul Klee, que l’on traîne depuis toujours : son cours du Bauhaus (1921-1922) s’ouvre sur la proposition d’un « linéaire actif » (Linear aktiv), déclinée en « ligne libre » et « ligne d’accompagnement ». Ici l’accompagnement (de la ligne des marches par la ligne de la rampe) se veut utile : les portions horizontales sont pour s’appuyer quand on descend, les portions obliques pour se hisser quand on monte. On n’a pas l’occasion de vérifier car les interminables escaliers sont redoublés par des escalators. Photo trompeuse, en outre, car il y a cet après-midi des milliers de jeunes filles, toutes plus ou moins costumées, qui se pressent vers le concert du groupe (de cinq garçons) Arashi.

21_21 Design Sight

21_21 escalier
Vendredi 20 septembre 2013, 12h, Tokyo. À Roppongi, sur ce qui était je crois un site militaire, un complexe commercial, un jardin et une galerie dédiée au design ont été construits dans les années récentes. Le 21_21 Design Sight, presque entièrement souterrain et présentant plusieurs prouesses de construction, est dessiné par Tadao Ando, en coopération avec Issey Miyake. Naoto Fukasawa est l’un des directeurs.
Site : http://www.2121designsight.jp/en/

Actualité du passé

le mur
Vendredi 16 août 2013, 12h. Dans l’escalier du 93bis, un pan de mur a été dégagé pour en traiter l’humidité. Dans la partie haute, on distingue, par ordre d’ancienneté, une couche d’enduit clair, un gris clair ou un gris moyen, une couche de beige très clair, un enduit blanc, une couche jaune. Dans la zone où se découvre une pièce de bois (les cloisons de l’immeuble, qui fut un ensemble d’ateliers de menuiserie et date d’environ 1900, sont construites ainsi), on distingue un vernis transparent, un brun clair, un brun sombre, un gris sombre, un beige clair, un enduit blanc, un jaune. Dans la partie basse (la limite du soubassement a changé de hauteur), on distingue un enduit, un brun clair, un gris moyen, un enduit blanc, un gris sombre. Les dernières couleurs, enduit, jaune et gris sombre, sont celles de la dernière rénovation, il y a une dizaine d’années. Parlant du passé et du présent, Deleuze nous a donné un bel exemple de définition du virtuel. Pour chacun de nous, le passé, y compris le passé immédiat, fait partie du réel mais entre dans le virtuel. Se le rappeler, c’est l’actualiser. C’est pourquoi le virtuel ne s’oppose pas au réel mais à l’actuel. Si les actions des peintres de l’escalier sont à ranger dans le virtuel, et peuvent éventuellement appartenir à nos souvenirs et être ainsi actualisées, les couches de couleurs, même si elles sont cachées, appartiennent bien à l’actualité du mur. Une remarque encore : l’ombre du photographe s’ajoute à toutes ces couches.

Pâques studieuses

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Dimanche 31 mars 2013, 18h, Cité internationale, Paris, 14e. Inaugurée en 1956, la Maison de l’Allemagne à la Cité internationale, première représentation officielle de l’Allemagne en France dans l’après-guerre, a été rebaptisée Maison Heinrich Heine en 1967. Elle fut construite par Johannes Krahn, un architecte marqué par ses années de formation pendant la République de Weimar. Ayant œuvré à la construction d’équipements publics et de monuments religieux, on peut reconnaître chez lui une influence de Le Corbusier dans ses réalisations modernistes associant le béton, l’acier et le verre.

Au centre Bophana

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Samedi 12 janvier 2013, 12h-15h. Au centre Bophana de Phnon Penh, Soko Phay-Vakalis et Pierre Bayard mettent une dernière main au montage de leur film Vann Nath, le peintre-mémoire. Pierre Bayard vient de m’offrir son livre — qui sort le 17 janvier —, Aurais-je été résistant ou bourreau ? (Éditions de Minuit. À écouter : Le Journal de la philosophie, 14 janvier 2013). Il le présente comme un « essai d’uchronie personnelle », mais il est, dans les circonstances, particulièrement synchrone. La figure du peintre Vann Nath, survivant de S-21 et témoin par sa peinture des crimes qui y ont été commis par les Khmers rouges, y apparaît pour démontrer les capacités de trouver en soi la force de la résistance. C’est le cinéaste Ritty Panh — que nous allons rencontrer quelques minutes plus tard dans son studio, de l’autre côté de la rue, alors qu’il tourne un film incroyable avec des maquettes et des figurines qui seront confrontées à des images d’archive — qui est le lien de tout ça. Dans le centre Bophana, créé à son initiative, nous croisons dans l’escalier — beau bâtiment années 60 comme Phnom Penh en compte semble-t-il beaucoup — ce portrait de son héroïne Bophana par Vann Nath.

Le Centre Bophana
En évoquant le nom de Bophana, le Centre veut se faire le relais du message de résistance, de courage et de dignité que cette jeune prisonnière du centre de détention S-21 a laissé. Le projet qu’il porte, celui de reconstituer le patrimoine audiovisuel cambodgien, vise à ouvrir un accès à la mémoire. Pour se souvenir, transmettre une histoire et une culture aux générations futures, et bâtir ensemble un avenir.

Dimanche après-midi




Dimanche 21 octobre 2012, vers 15h30, Palais de Tokyo, Paris. Dans l’exposition de Fabrice Hyber Matières premières. Étudiant à Nantes, Fabrice Hyber avait produit Un mètre carré de rouge à lèvres, monochrome sur bois. Plus de vingt ans après, il réalise Un mètre cube de beauté, sur le même principe mais « avec un geste en plus ». Il est intéressant que le monochrome se reporte vers un matériau et gagne ainsi une référence dans le monde réel, dans la consommation et dans la vie. Une bonne idée de cette exposition, qui vise à la plus grande variété ludique d’un désordre bien ordonné, c’est une coursive qui circule tout autour des espaces, qui offre une deuxième vision, d’en haut, à distance. Étienne a demandé à être photographié dans les maïs.

Pas si sûr que ça



Jeudi 18 octobre 2012, 14h15, École nationale supérieure des arts décoratifs, rue d’Ulm, Paris 5e. Cet escalier de secours vient d’être repeint (l’éclairage avait été changé il y a quelques mois) dans des couleurs qui répondent probablement à des normes de sécurité. La rampe est devenue continue et on ne peut plus la faire jouer des notes. Mais le gris du nez de marche se confond avec le gris des paliers. Dangereux ! surtout si l’on porte des lunettes à verres progressifs.