Qu’est-ce qu’un mouchoir ?

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Vendredi 25 octobre 2013, 15h, Nantes. Au Lieu unique, une exposition à l’initiative de Patrick Bouchain (qui fut l’aménageur de cette ancienne fabrique de biscuits et, parmi nombre de réalisations, du théâtre de Gennevilliers cité précédemment) dédiée aux architectes, urbanistes et paysagistes Simone et Lucien Kroll. Difficile de photographier une exposition faite de documents et d’événements. On s’intéresse à l’envers du décor, comme on l’avait travaillé dans nos expositions Image calculée (1988), Artifices (1992), etc., Jouable (2004) : les châssis, faits de battants — termes professionnels du théâtre — emploient ces triangles de contreplaqué comme renforts de l’équerrage que l’on nomme mouchoirs.

En reconnaissance au théâtre de Gennevilliers

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Vendredi 18 octobre 2013, 20h. Le théâtre de Gennevilliers, fondé en 1964 par Bernard Sobel — brechtien non repenti — dans ce qui était la salle des fêtes bâtie en 1934, devenu en 1983 centre dramatique national, est dirigé depuis 2006 par l’auteur et metteur en scène Pascal Rambert — qui l’axe exclusivement sur la création contemporaine. C’est à ce moment-là que Daniel Buren — artiste patenté de la gauche culturelle — s’associe à 15 élèves de la section de plasturgie du lycée Galilée de Gennevilliers et leur fait fabriquer des flèches pour conduire au théâtre.

Au total 100 flèches sont installées sur le territoire de Gennevilliers avec plusieurs « chemins » desservent les axes stratégiques de la ville. Peinte en rouge et blanc, cette flèche est composée de différents éléments associés entre eux. Chaque élément de couleur rouge ou blanc étant obtenu à partir d’un moule par coulée et moussage de polyuréthane. Longue de 60,9 cm, chaque flèche pèse 2,25 kg et a une épaisseur de 8,7 cm. Selon la nomenclature immuable des œuvres de Daniel Buren, la largeur de chaque rayure est de 8,7 cm. La flèche est scellée à 2,50 m du sol.

On peut aussi voir cette flèche comme le repère rassurant d’un espace artistique auquel on appartient déjà. « À 15 minutes de Place de Clichy » souligne le site http://www.theatre2gennevilliers.com. Dirait-on la même chose du théâtre des Champs-Élysées ou du théâtre de Chaillot ? Qui penserait à rappeler que le théâtre de Gennevilliers se trouve rive gauche ? C’est que nous sommes ici en banlieue. Pascal Rambert le dit : « Le T2G est en proche banlieue nord de Paris. C’est-à-dire qu’il est situé à l’épicentre de ce qu’est aujourd’hui la société contemporaine : croisement des flux migratoires, mixités sociales et ethniques, précarité, accélération des échanges. »

Passage au Fresnoy

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Vendredi 4 octobre 2013, Tourcoing. Rétrospective : dès 1991, j’ai connu Le Fresnoy, avant sa transformation en école d’art et centre d’art selon les plans de Bernard Tschumi. J’y suis intervenu pour des discussions sur le projet, des workshops, des conférences, une exposition personnelle, un peu de commissariat. Et j’y suis venu assez régulièrement pour des expositions. Cette fois, c’est Montréal, quand l’image rôde. Au centre de la photo, Alain Fleischer, le maître des lieux.

L’hôtel Anteroom à Kyoto

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Dimanche 29 septembre 2013, 22h40, Kyoto. L’hôtel Anteroom, au sud de la gare, dans un quartier paisible et un peu désert qui est en train d’être récupéré par la mode, est le résultat de la réhabilitation d’un ancien hôtel « business ». Peu cher, clean, une ambiance jeune et artistique, je le recommande. Le jaune des couloirs n’est pas celui de la peinture mais celui de l’éclairage.
Site : http://hotel-anteroom.com

Le pavillon de thé du temple zen Koto-in à Kyoto

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Dimanche 29 septembre 2013, 13h, Kyoto. Le temple zen Koto-in (高桐院), fondé en 1601, qui fait partie de l’ensemble Daitoku-ji (大徳寺), est celui que je préfère, parmi les temples que je connais à Kyoto. De dimensions modestes, il est d’une disposition très savante qui ménage des découvertes subtiles dans l’articulation des salles et galeries et du jardin — très proche, humide, très vert ou de couleurs flamboyantes en automne. Je m’étais attaché d’emblée au pavillon de thé car il en est le modèle absolu, tel que j’ai pu le percevoir dans les cérémonies du thé auxquelles il m’a été donné de participer à Kyoto, à l’école Urasenke en 1999 et 2000 — avec le dernier descendant du fondateur Sen-no-Rykyū, alors étudiant en philosophie —, ou à Saigyo-an en 2001, pour les deux projets d’installations Le Modèle du thé. On voit la petite porte coulissante, de 60 cm de haut, par laquelle les invités doivent passer. Faisant une visite rituelle dans ce temple à chacun de mes passages à Kyoto, j’avais cette fois le projet de le photographier sérieusement. J’avais oublié qu’il faut s’y protéger des moustiques; je me suis enfui après ces clichés du pavillon de thé.

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C’est l’un des lieux où l’on admire l’automne. Ici, le 20 novembre 2005 à 13h.

Le seuil japonais

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Dimanche 29 septembre 2013, 10h, Kyoto, hôtel Anteroom, chambre 308. Le billet du 14 juin 2011 est un best-seller de jlggbblog : « Qu’est-ce qu’un seuil suisse ? ». Essayons de renouveler l’intérêt avec le « seuil japonais » à franchir — ici 29 cm — pour rentrer dans la salle de bains qui est, très rationnellement, une boîte technique rapportée. La maison japonaise connaît ce genre de seuil pour les pièces traditionnelles garnies de tatamis.

La nature tenue en respect

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kiyosumi garden
Mardi 24 septembre 2013, 11h30 — 12h15, Tokyo, arrondissement Koto, à l’est de la gare centrale et de la rivière Sumida. Le bâtiment appartient au Yomiuri shimbun (読売新聞), journal conservateur, dont il est dit que c’est le quotidien le plus vendu au monde — et aussi que, dans les années 50, il fit campagne pour l’énergie nucléaire au Japon, à l’appui de la CIA. Non loin de là, le parc Kiyosumi fut construit par le fondateur de l’entreprise Mitsubishi — qui deviendra l’un des complexes militaro-industriels du Japon — et inauguré en 1880. Il fut endommagé par le séisme et l’incendie de Tokyo de 1923 puis donné à la ville et ouvert au public en 1932. « La société japonaise a devant la nature un comportement contrasté. D’un côté, elle tend à l’ignorer, de l’autre, elle en fait sa valeur suprême. » : ceci est la première phrase de la quatrième de couverture du livre d’Augustin Berque Le sauvage et l’artifice. Les Japonais devant la nature (Gallimard, 1986). Il semble que la mégalopole la plus bétonnée ait cherché, depuis les années 80, à redonner une place à la nature, au sens ordinaire des arbres et des espaces verts. La culture japonaise voit la nature partout, dans sa relation à toute chose, et ne conçoit pas une opposition entre ville et nature, en termes de domination ou de soumission. Si elle fait de la nature une référence morale et esthétique, elle peut aussi bien respecter la nature que la tenir en respect. Sur ces exemples, on voit que la « nature » sert à représenter la nature avec un artifice ostensible. On pourrait s’amuser à appliquer à la ville ce que dit Rousseau, dans l’Émile, de « l’homme social » : « il faut employer beaucoup d’art pour empêcher l’homme social d’être tout à fait artificiel ».