Lundi 16 janvier 2012 (jour de mon 67e anniversaire — Rousseau a vécu 66 ans), 13h (juste avant la séance avec les élèves du collège Rousseau pour le projet « Rousseau retrouvé »). Il en était question, maintenant c’est fait, l’île Rousseau de Genève est rénovée (à l’occasion du 300e anniversaire). L’espace a été éclairci, nettoyé, mais aussi aménagé, et ce n’est pas très heureux : il y a une espèce de toit cylindrique pour des panneaux et des vidéos. Mais il s’agit probablement d’une scénographie liée à l’événement, provisoire. Les grands platanes sont là, mais pas les peupliers promis, ou alors ils sont encore petits (car l’île, inaugurée en 1835, se réfère à l’île des peupliers d’Ermenonville). Ce qui ressemble à une bonne initiative : la statue (James Pradier, 1830) a été tournée vers les promeneurs qui arrivent par les passerelles. On dit qu’elle était tournée ainsi à l’origine. Pourtant, à partir de la façon dont Rousseau préfère la fête au théâtre (Lettre à d’Alembert sur les spectacles), on pourrait formuler la remarque suivante : avant, la statue faisait face au lac, certes barré par le pont du Mont Blanc, une véritable autoroute. Mais avant, on pensait à ce qui se présentait à Rousseau (« Il me fallait cependant un lac » dit-il à propos de l’écriture de La Nouvelle Héloïse dans Les Confessions, Livre neuvième), Rousseau et nous regardions ensemble le lac. Maintenant, le lac sert de décor à une statue, à un Rousseau qu’on donne en spectacle, car on pense aux « gens », aux touristes. C’est peut-être ça le rousseauisme du XXIe siècle.