Rouge de Savoie


On sait que trois couleurs, rouge, vert, ocre, ont été choisies pour la polychromie « Isaline » (avec le blanc et le gris anthracite). On avait remarqué déjà que, parmi les vins de Savoie, le Gamay de Chindrieux (ou même Chevigneu) était d’un rouge très proche du rouge officiel. Vérification par la photographie, samedi 28 février 2009, 13h, sur le balcon du Nice-Savoie, au soleil.

Le verre est de la série
Mangold, Sagaform, Suède, designer : Jon Eliason. p.51.

Un sifflet parmi d’autres


Pour la manifestation des universités du jeudi 19 février 2009 (Place d’Italie – Sèvre-Babylone), un dispositif: les sifflets, de très nombreux sifflets. Ici, réactivé pour l’occasion, celui rapporté de Shanghai en juin 1973 (inscription: ?? ??, Zhong Guo Shanghai, Chine Shanghai), une bonne copie du modèle anglais de sifflet à roulette, d’arbitre, mais aussi de policier, de chef de gare, etc. inventé par Joseph Hudson & Co à Birmingham en 1884: The Acme Thunderer.

Pour écouter le son officiel du sifflet Acme Thunderer, cliquer ci-dessous:

[audio:http://jlggb.net/blog/wp-mp3/sifflet.mp3]

Protestation par le livre

Paris, place Saint-Michel, mercredi 18 février 2009, entre 12h00 et 12h05. « Flashmob » proposée par Julien L. et l’UFR Arts de Paris 8, pour contribuer à la protestation de l’université française. Chacun vient avec le livre de son choix et le lit à haute voix au coup de sifflet. Coup de sifflet final, cinq minutes plus tard.


Si près d’Hélène Cixous, Galilée, 2007.


Sophie D. lit Cyrano de Bergerac, « tirade des non merci » qu’elle dit connaître par cœur (Edmond Rostand, Classiques Larousse, Texte intégral).

Caroline D. lit Foules intelligentes (Smart Mobs) de Howard Rheingold, M21 Éditions, 2005 et elle photographie avec un Canon G10.
Il y a presque autant de caméras que de livres.

Un hiver mortel


Vendredi 19 décembre 2008 à 13h37, à l’angle de la rue Rennequin et du passage Roux, Paris 17e, prélèvement d’une bouture de crassula. Mardi 17 février 2009 à 16h15, passage au même endroit (un café) : la plante n’a pas été rentrée, l’hiver est très long et froid, elle est morte. Comparaison avec la bouture désormais pourvue de racines et mise en pot récemment.

Archéologie


Dimanche 15 février 2009, après-midi. Chez Alain et Cathy B. à Villiers Saint-Frédéric, juste sous la maison, se trouvent des silex taillés en quantité. C’était probablement un atelier de fabrication, à quelle époque au juste ? Une très grosse pierre a été sortie au moment de la construction du sous-sol de la maison. Elle est comme un établi, ou un étal de boucher, ou une table de sacrifices, un autel rituel. Voir la surface plane légèrement creuse, le canal et le bassin, les nombreuses marques de lames.


Dans la maison, au sous-sol, une horloge de cent ans (?) qui vient de la maison R., garagiste à Pierrelatte, Drôme. Remarquer la qualité du dessin des chiffres, romains et « arabes », noirs et rouges.

La dépression (Vie des objets. Ch.2)

Vendredi 13 février 2009. Cette fois, c’est la mug Cornish Blue qui est retrouvée brisée. L’usure du temps, certes. Mais, ce vendredi 13, il faut comprendre ce qui peut pousser à bout une mug.

Les faïences Cornish Blue ont été fabriquées depuis 1926 par TG Green & Company à Church Gresley, Derbyshire, Angleterre. Le nom Cornish Blue se réfère aux couleurs du sud de l’Angleterre, pas à la région de fabrication. Les bandes blanches s’obtiennent par découpe et décollement de la couche bleue, avant glaçure. Dans les années 60, la fabrication traditionnelle avait été modernisée par la designeuse Judith Onions. La tasse ici cassée fait partie de cette série. Mais la fabrique victorienne n’a cessé de décliner. Vendue par la famille Green en 1964, elle a fait faillite en 2007. Puis, le patron de la firme d’ustensiles de cuisine Chomette, Charles Rickards, associé au consultant en design et en marketing Haydn Perry Taylor, dont l’épouse Vik est une fervente collectionneuse de Cornishware, ont repris la ligne classique aux bandes bleu et blanc. Depuis octobre 2008, elle est de nouveau vendue, fabriquée désormais en Chine « to the same high standards as ever ». Cet aveu de la Chine est ici, mais pas .

On l’a vu au chapitre précédent (La jalousie), la mug de Spode, elle aussi un classique anglais, est maintenant fabriquée (très mal) en Chine.

En 2009, TG Green ouvre une poterie artisanale dans sa maison traditionnelle de Derbyshire pour créer, en édition limitée, de nouvelles pièces au nouveau design.

Mais c’est dans l’environnement social qu’il faut chercher les vraies raisons de la dépression. Porté par le bon goût des nouveaux moyens-riches, le regain des valeurs sûres d’une tradition confortée par un design et un commerce choisis (les années 80, Conran, Habitat) s’est dispersé : retour nostalgique aux racines paysannes et nationales (poterie de Cliousclat « savoyarde »), création branchée connotant la petite série semi-industrielle (chopes Assoiffé de Tsé-Tsé en porcelaine de Limoges un peu grise), modernisme exotique chic (gobelets à soba japonais) — et la mug en verre minimaliste « super-normale » de Muji n’est même pas dans le champ.

La Sorbonne

presidents_sorbonne
Lundi 9 février 2009, l’amphithéâtre Richelieu de La Sorbonne est le lieu d’une conférence destinée aux enseignants-chercheurs où s’expriment les présidentes et présidents de 9 universités (Paris-3 Censier, Paris-4 Sorbonne, Paris-8 Saint-Denis, Paris-10 Nanterre, Paris-13 Villetaneuse, Montpellier-3, Besançon, Rouen et Grenoble-3, auxquelles s’est associé l’Institut national des langues et civilisations orientales), membres de la Conférence des présidents d’universités.

[flv width= »200″ height= »170″]http://jlggb.net/blog/wp-flv/presidents.flv[/flv]
Un échantillon d’une minute pris dans l’intervention d’ouverture
de Georges Molinié, Président de l’université Paris-4 Sorbonne.

Le regard de la Charité



Dimanche 8 février 2009, 16h. Temple Sainte-Marie de la Visitation, rue Saint Antoine, construit selon les dessins de François Mansart en 1632, façade récemment restaurée. Deux sculptures sur les rampants du fronton figurent la Religion et la Charité. Si, marchant sur la rue à un mètre du trottoir, on lève les yeux, on rencontre le regard de la Charité.

Attraction et méfiance


Hegelplatz, Dorotheen Strasse, Berlin, 30 janvier 2009, 17h15.

Berlin 30 janvier. À cinq heures, il fait déjà nuit. En marchant rapidement (la galerie de destination ferme à 6 heures), c’est le mot HEGEL qui accroche l’esprit. C’est peut-être le gel : la réflexion chemine moins vite que les NewBalance, il faut revenir longuement sur ses pas pour chercher une vue possible. Circuler des jours entiers dans Berlin fabrique un carte de points, d’images-objets, de zones et de frontières, un enchevêtrement obsédant de cartes où les souvenirs-fétiches personnels cherchent à se caler sur ce qu’on connait de l’histoire, si l’on peut désigner ainsi un monde d’une complexité étourdissante.

On n’avait pas eu à penser à lui depuis quelque temps. Il existe donc encore quelque part, ici derrière l’université Humboldt, dans une imitation Beaux-Arts. Enregistrer son image est une façon de conjurer un malaise. Ne s’est-on pas réclamé de sa dialectique, sans en savoir bien plus. Pour éclaircir ça, il fallait retrouver, par exemple, cette citation de François Châtelet, dans Une histoire de la raison, Entretiens avec Emile Noël ( Points Seuil, 1992, p.169) : « […] il faut se méfier de l’hégelianisme, car, dans la mesure où il assigne un cours nécessaire au destin de l’humanité, il peut — et il a, hélas ! servi à — justifier des régimes de terreur comme étant des étapes nécessaires sur le chemin de la réussite. »


François Châtelet, Une histoire de la raison, Entretiens avec Emile Noël , Points Seuil, 1992
Photo : L.V.