Samedi 31 octobre 2009, 9h30, au moment du départ pour l’aéroport, Hutong Dengcao, Pékin. L’attention portée aux crassulas n’avait rien donné depuis 9 jours. Pourtant, beaucoup de petites rues de Pékin avaient été parcourues avec l’idée de dénicher un spécimen qui se prêterait au prélèvement rituel. Or, c’est à deux pas du logement du Hutong Dengcao qu’une crassula est apparue ce vendredi, juste avant la pluie. L’opération, soigneusement préparée pour être exécutée avec un maximum de rapidité et de discrétion, a pu avoir lieu dans l’ombre vers 20h30. Vue Google Earth du centre-nord-est de Pékin avec les positions de l’hôtel Sihe et de la crassula de la rue Dengcao. La bouture de la crassula Dengcao telle qu’elle est, dans son pot de yaourt, au sortir de la valise qui la rapporte à Paris.
Catégorie : Ville
Couvre-lits
Vendredi 30 octobre 2009, vers 20h, sous la pluie, Pékin. À l’est du quartier de hutongs où se trouve l’hôtel Sihe, voir : « Chantiers » du 22 octobre 2009, l’avenue Chaoyangmen est bordée, sur peut-être un kilomètre, par une série ininterrompue de petites boutiques, dans des bâtiments sans étages : restaurants, y compris un peu alternatifs et branchés, coiffeurs, vêtements, épiceries, y compris sur le modèle Seven-Eleven qu’on a au Japon, boulangeries à la française, en fait, modèle japonais aussi, teintureries, quincailleries, etc. Celle-ci, où l’on fabrique et vend des couvre-lits, est l’une des plus vieillottes, mais tellement pittoresque.
Opening soon
Vendredi 30 octobre 2009, 19h, galerie marchande U-Town, rue du Marché Chaowei, Chaoyang, Pékin. Dans beaucoup de galeries marchandes, grands magasins et autres malls de Pékin et de ses nouveaux quartiers périphériques, on pourrait multiplier jusqu’à 10 000, comme on dit en chinois pour signifier la saturation, ce type de photos d’inscriptions. On peut simplement noter que le « Opening soon » est parfois le signe d’une fermeture, le commerce ayant fait faillite ou bien étant parti pour une galerie plus neuve et plus prometteuse.
Réhabilitations
Jeudi 29 octobre 2009, 12h15, Pékin. À l’ouest du quartier de Dazhalan et de la rue Nanxinhua, le Qiansung Gongyuan Hutong fait partie des quartiers de hutongs qui sont en cours de réhabilitation. L’allée Dongjia vient d’être goudronnée après les travaux d’égouts et de distribution d’eau et d’électricité. On aimait ces quartiers, traversés maintes fois de 1980 à 1989. Beaucoup ont disparu, ont été remplacés par des avenues et de gros immeubles ; mais il en reste pas mal qui semblent devoir durer en devenant plus habitables.
Jeudi 29 octobre 2009, 10h45. Idem pour le Dengcao Hutong et son quartier, du côté de Dongdan (voir « Chantiers » du 23 octobre 2009).
Histoire de pantoufles
Mardi 27 octobre 2009, 16h, Pékin. Le magasin de chaussures, longtemps l’usine a été derrière et c’était une marque de sérieux, Buyingzhai, au début de la rue Dazhalan à gauche, est l’un des lieux témoins d’une Chine ancienne, il a été fondé en 1858, modernisée au XXe siècle, un vestige de la manière RPC à peine marqué par l’énorme transformation économique et culturelle du début du XXIe siècle, on peut aussi commander sur Internet. Survivance , de quelle époque ? : les vendeuses sont derrière des comptoirs avec leur stock à portée de main, elles passent les chaussures aux clients et leur parlent à distance. C’est là qu’il faut aller si l’on veut des chaussures-pantoufles noires, traditionnelles mais à semelles doublées de caoutchouc, c’est-à-dire plus authentiques que celles produites pour les touristes et les vieillards nostalgiques, dont la semelle est en tissu. Le modèle auquel on est fidèle : 20 yuans, environ 2 euros, pour la plus grande pointure, 28,5 cm, très rare.
La liberté et la démocratie ont leur magasin
Lundi 26 octobre 2009, une heure entière de 20h à 21h, Apple Store Beijing, Sanlitun, Pékin. Cet Apple Store, très semblable à ceux de Santa Monica, Londres, Genève ou Tokyo, donne le sentiment d’un lieu de liberté et de démocratie (un lieu, quand même pas un foyer). Il n’y a que des jeune gens bien habillés, détendus et appliqués, plaisantant entre eux et en harmonie avec les « experts » en t-shirt bleu. La plupart vont sur Internet. Il y a même, rarissimes à Pékin, des Blacks, mais c’est la proximité de la rue des bars et des boîtes : Sanlitun ? On est tenté de suivre l’opinion, souvent énoncée à propos de la Chine — et entendue en Chine même — que la croissance économique tire la démocratie. Ai Weiwei dit qu’Internet est une Révolution pour la Chine : « Les médias traditionnels n’ont pas changé ou peu, mais avec Internet il n’est plus possible de tout cacher. C’est un outil d’une incroyable puissance. » (Voir Libération). Il dit aussi : « Tous ces jeunes nés dans les années 80, ils peuvent avoir l’air innocents, naïfs, mais ils ne se laissent pas dicter leur jugement. C’est à eux que va appartenir le pays, et je crois que l’avenir est plein de nouvelles possibilités. » Oops ! Le blog d’Ai Weiwei en censuré à l’Apple Store comme ailleurs en Chine : copie d’écran faite à Pékin le dimanche 25 octobre 2009. 20h43, Apple Store Beijing : on peut malgré tout (dans la circonstance, par l’intermédiaire du blog d’un Monde) trouver cette photo pour l’inclure incognito dans l’album iPhoto en démo.
It does not have a hidden meaning
Pékin, vendredi 23 octobre 2009, 15h. Marchant sur l’avenue Jianguomen vers l’est de la ville, alors qu’on passe sous le « 3e périphérique », on découvre le bâtiment de la télévision centrale, la CCTV. Le même jour, à la nuit tombée, revenant par l’avenue de Chaoyang, il surgit à nouveau. Inquiétante, la tour « annexe » est cette fois au premier plan, façades éclatées et noircies. Le dimanche 25 octobre, vers 18h, on la voit en roulant vers le sud sur l’autoroute.
Pièce majeure de l’effet de modernité attendu en 2008 pour les Jeux olympiques, le futur siège de la CCTV est déclencheur de polémiques et de rancœurs. Pour la fête des lanternes, dernier jour des fêtes du Nouvel-An, le 9 février 2009, un feu d’artifices lancé depuis le bâtiment principal a mis le feu au bâtiment secondaire. (Voir le blog de l’artiste Cao Fei et une vidéo de l’incendie.) Il paraît que les Pékinois ont afflué en masse et se sont réjouis cette nuit là en ironisant sur l’incapacité de la télévision à rendre compte d’un événement qui la touchait de si près. Et que des têtes ont sauté à la Télévision d’État. Aujourd’hui, la presse officielle se paie le luxe de soutenir des manifestations d’habitants qui vont être expulsés d’un immeuble récent destiné à disparaître dans le voisinage des tours.
Pékin, 9 février 2009 [Photo dr]
Mais surtout, la dà kùche — la grande culotte — est soupçonnée d’être une insulte délibérée aux Chinois, de la part de son architecte Rem Koolhaas. Des critiques et des blogs ont retrouvé des photomontages dans Content, un « livre-magazine » publié par Taschen en 2004, bilan décalé, ironique et provocateur de 7 ans d’activités de l’agence OMA, sur le thème « Go East ». Après y avoir vu un pantalon, un caleçon, un pantalon baissé pour aller aux WC, les gens ont vu des organes sexuels, féminin et masculin. Il faut admettre que si l’on s’accommode fièrement du « symbole phallique » qu’est la moindre tour — et il y en a quelques centaines à Pékin –, on s’effraie de voir un sorte d’anneau ouvert, massif et mouvant. Le bâtiment est de fait impressionnant par sa capacité de transformations selon les trajectoires et les angles.
Rem Koolhaas a dû faire un communiqué, publié sur le site de OMA :
Statement regarding the publication Content (2004) by OMA/Rem Koolhaas
In 2004 OMA/Rem Koolhaas published the book Content; it is currently out of print and no longer in distribution. For the cover, the book’s designers proposed a series of cartoons/caricatures of OMA’s projects. OMA rejected these proposals and instead chose a version in which the CCTV building is presented as the positive and shining symbol of a changing world order – which reflects our sincere intention with the design.
The designers of the book included the rejected covers in miniature as an appendix.
In 2005, some of the rejected images circulated on internet in China. Now, four years later, the same images re-circulate on the internet, causing upset and speculation.
OMA did not produce the images and their content does not represent our opinion in any way.
We regret the renewed attention, and distance ourselves emphatically from the interpretations attributed to these images. Our sincere intentions with the design of the CCTV building have been stated and published countless times. It does not have a hidden meaning.
Rem Koolhaas
L’artiste et architecte Ai Weiwei, ami de Rem Koolhaas, enfonce le clou dans le quotidien anglophone officiel China Daily :
« Nous avons beaucoup parlé de sa philosophie du design, je suis certain qu’il n’a pas été inspiré par des parties génitales ».
Content, Taschen, 2004, page 542.
Le siège de la CCTV apparaît dans RMB City de Cao Fei : voir.
Chantiers
Vendredi 23 octobre 2009, 0h40 et 10h40, Pékin. À minuit passé, bruit énorme d’une sonnette à pilotis rue Dongsi, centre-est de Pékin, pour un très grand immeuble de plus, cette rue était et reste jusqu’à présent connue pour la variété de ses petits magasins. Dans les hutongs, ruelles bordées de maisons sans étages refermées sur des cours, voisins, c’est pourtant très vite le silence. Le matin encore, dans le hutong Dengcao, quelques cris et quelques sonnettes. C’est toute une zone de vieux quartiers, un carré de quelque 800 mètres de côté, entre les deux rues nord-sud Dongdan et Chaoyangmen, qui semble échapper à la destruction et qui connaît — sans les moyens des immenses et innombrables chantiers — des travaux d’assainissement et de réhabilitation.
PS.
Mardi 27 octobre 2009, minuit. Au sud, les hutongs s’arrêtent pour laisser place à une récente et monumentale avenue, Jingbao, bordée d’immeubles, hôtels et bureaux gigantesques et prétentieux. On peut y acheter des Rolls-Royce, des Maserati, des Lamborghini, etc. Quelle est la vérité de l’attachement topographique à un lieu qui connaît de tels bouleversements ? À quoi sert de savoir qu’il y avait là les petites maisons délabrées et les jardins tranquilles de nos amis lettrés — à la manière RPC : Wang Qi et son fils Wang Zhong, graveur, leader et provocateur, Ting Ping et sa jolie cousine ?
Mercredi 28 octobre 2009, vers 20h, Pékin. À l’angle de la Dongdan Nan Dajie et de l’avenue Jingbao : une résidence colossale et kitsch.
How to re-inhabit your enemy’s house ?
Lundi 14 septembre 2009, 11h30, Istanbul. Dans une ancienne école grecque, l’un des trois lieux de la 11e biennale d’Istanbul, détail de Returns, la proposition de decolonizing.ps et des architectes Sandi Hilal, Alessandro Petti et Eyal Weizman, basés à Bethléem et à Londres.