La voix et l’encre

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Vendredi 20 novembre 2009, 21h, Centre Pompidou, Paris. Présenté par Elias Sanbar, historien et poète palestinien ; Till Roeskens, réalisateur ; William Chamay, Centre Pompidou, le film Aïda, Palestine, 45 mn, 2008. Des habitants du camp de réfugiés palestiniens de Aïda, à 2 km au nord de Bethléem, parlent de leurs déplacements, de leur enfermement, de leur résistance à la colonisation israélienne. Le film est composé exclusivement des cartes qu’ils tracent en parlant. De l’écran de papier filtrent vers la caméra (et vers nous), dans un même geste, l’encre du trait et la voix du récit.
Voir : https://vimeo.com/64089801Google Maps : camp de Aïda.

La liberté et la démocratie ont leur magasin

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Lundi 26 octobre 2009, une heure entière de 20h à 21h, Apple Store Beijing, Sanlitun, Pékin. Cet Apple Store, très semblable à ceux de Santa Monica, Londres, Genève ou Tokyo, donne le sentiment d’un lieu de liberté et de démocratie (un lieu, quand même pas un foyer). Il n’y a que des jeune gens bien habillés, détendus et appliqués, plaisantant entre eux et en harmonie avec les « experts » en t-shirt bleu. La plupart vont sur Internet. Il y a même, rarissimes à Pékin, des Blacks, mais c’est la proximité de la rue des bars et des boîtes : Sanlitun ? On est tenté de suivre l’opinion, souvent énoncée à propos de la Chine — et entendue en Chine même — que la croissance économique tire la démocratie.  Ai Weiwei dit qu’Internet est une Révolution pour la Chine  : « Les médias traditionnels n’ont pas changé ou peu, mais avec Internet il n’est plus possible de tout cacher. C’est un outil d’une incroyable puissance. » (Voir Libération). Il dit aussi :  « Tous ces jeunes nés dans les années 80, ils peuvent avoir l’air innocents, naïfs, mais ils ne se laissent pas dicter leur jugement. C’est à eux que va appartenir le pays, et je crois que l’avenir est plein de nouvelles possibilités. » Oops ! Le blog d’Ai Weiwei en censuré à l’Apple Store comme ailleurs en Chine : copie d’écran faite à Pékin le dimanche 25 octobre 2009. 20h43, Apple Store Beijing : on peut malgré tout (dans la circonstance, par l’intermédiaire du blog d’un Monde) trouver cette photo pour l’inclure incognito dans l’album iPhoto en démo.

It does not have a hidden meaning

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Pékin, vendredi 23 octobre 2009, 15h. Marchant sur l’avenue Jianguomen vers l’est de la ville, alors qu’on passe sous le « 3e périphérique », on découvre le bâtiment de la télévision centrale, la CCTV. Le même jour, à la nuit tombée, revenant par l’avenue de Chaoyang, il surgit à nouveau. Inquiétante, la tour « annexe » est cette fois au premier plan, façades éclatées et noircies. Le dimanche 25 octobre, vers 18h, on la voit en roulant vers le sud sur l’autoroute.

Pièce majeure de l’effet de modernité attendu en 2008 pour les Jeux olympiques, le futur siège de la CCTV est déclencheur de polémiques et de  rancœurs. Pour la fête des lanternes, dernier jour des fêtes du Nouvel-An, le 9 février 2009, un feu d’artifices lancé depuis le bâtiment principal a mis le feu au bâtiment secondaire. (Voir le blog de l’artiste Cao Fei et une vidéo de l’incendie.) Il paraît que les Pékinois ont afflué en masse et se sont réjouis cette nuit là en ironisant sur l’incapacité de la télévision à rendre compte d’un événement qui la touchait de si près. Et que des têtes ont sauté à la Télévision d’État. Aujourd’hui, la presse officielle se paie le luxe de soutenir des manifestations d’habitants qui vont être expulsés d’un immeuble récent destiné à disparaître dans le voisinage des tours.

cctv-firePékin, 9 février 2009 [Photo dr]

Mais surtout, la dà kùche — la grande culotte — est soupçonnée d’être une insulte délibérée aux Chinois, de la part de son architecte Rem Koolhaas. Des critiques et des blogs ont retrouvé des photomontages dans Content, un « livre-magazine » publié par Taschen en 2004, bilan décalé, ironique et provocateur de 7 ans d’activités de l’agence OMA, sur le thème « Go East ». Après y avoir vu un pantalon, un caleçon, un pantalon baissé pour aller aux WC, les gens ont vu des organes sexuels, féminin et masculin. Il faut admettre que si l’on s’accommode fièrement du « symbole phallique » qu’est la moindre tour — et il y en a quelques centaines à Pékin –, on s’effraie de voir un sorte d’anneau ouvert, massif et mouvant. Le bâtiment est de fait impressionnant par sa capacité de transformations selon les trajectoires et les angles.

Rem Koolhaas a dû faire un communiqué, publié sur le site de OMA :

Statement regarding the publication Content (2004) by OMA/Rem Koolhaas
In 2004 OMA/Rem Koolhaas published the book Content; it is currently out of print and no longer in distribution. For the cover, the book’s designers proposed a series of cartoons/caricatures of OMA’s projects. OMA rejected these proposals and instead chose a version in which the CCTV building is presented as the positive and shining symbol of a changing world order – which reflects our sincere intention with the design.
The designers of the book included the rejected covers in miniature as an appendix.
In 2005, some of the rejected images circulated on internet in China. Now, four years later, the same images re-circulate on the internet, causing upset and speculation.
OMA did not produce the images and their content does not represent our opinion in any way.
We regret the renewed attention, and distance ourselves emphatically from the interpretations attributed to these images. Our sincere intentions with the design of the CCTV building have been stated and published countless times. It does not have a hidden meaning.
Rem Koolhaas

L’artiste et architecte Ai Weiwei, ami de Rem Koolhaas, enfonce le clou dans le quotidien anglophone officiel China Daily :

« Nous avons beaucoup parlé de sa philosophie du design, je suis certain qu’il n’a pas été inspiré par des parties génitales ».

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Content
, Taschen, 2004, page 542.

Le siège de la CCTV apparaît dans RMB City de Cao Fei : voir.

Le texte et l’image

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fnac-forumPhoto faite au iPhone.

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Mardi 29 septembre 2009 vers 13h. Le Maître qu’il ne faut pas photographier est croisé à la Fnac alors qu’il achète le « nouveau » livre de Nicolas Bouvier. C’est l’occasion de ce billet. On remarque qu’il porte des lunettes noires bizarres, avec écouteurs, peut-être avec caméra. Ce serait intéressant de l’avoir vérifié, pour connaître vers quoi tend le Preneur de vues. Note du 5 octobre 2010. La vérification a lieu, RER ligne B, voir http://jlggb.net/blog3/?p=3375. 
En 1979, les Éditions du Seuil publiait l’ouvrage de François Cheng, Vide et plein – Le langage pictural chinois, qui faisait beaucoup progresser la compréhension de la peinture chinoise. En les publiant sous le titre Le vide et le plein, Hoëbeke en 2004 puis Folio aujourd’hui en 2009, semblent détourner de leur littéralité les Carnets du Japon, 1964-1970, de Nicolas Bouvier. On se demande aussi pourquoi la photo trop récente et trop mise en scène d’un image maker, Steeve McCury, a été préférée à une photo de Nicolas Bouvier (peut-être la couleur).
Le tableau se boucle avec Japon, par Yéfime, 1959, collection « Petite Planète », créée par Chris Marker Ce fut une première rencontre avec le Japon. Question qualité de maquette, 50 ans après, « il n’y a pas photo ». [Archives jlggb].

Fleurs naturelles

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Mercredi 16 septembre 2009, vers 20h, Paris, 7e. La réception donnée pour l’inauguration d’une exposition d’« art contemporain chinois » au Centre culturel chinois de Paris — un hôtel particulier près des Invalides — était l’endroit où il ne fallait pas être — ambiance de collaboration. Deux citations : « Que cents fleurs s’épanouissent » ; « La fleur se fane et l’on n’y peut rien ».

Brecht à Istanbul

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Vendredi 11 septembre 2009, vers 20h30, Istanbul. Discours-performance des quatre commissaires — Collectif What, How & for Whom/WHW de Zagreb : Ivet ?urlin, Ana Devi?, Nataša Ili?, Sabina Sabolovi? — lors de l’inauguration de la biennale d’Istanbul le 11 septembre 2009 vers 20h30 devant plus de 2 000 personnes, dont, assis sur des chaises, les officiels, les sponsors, les invités de la presse et des musées etc. On ne discute pas ici le bien fondé de la référence massive faite à Brecht par les commissaires de la XIe biennale d’Istanbul. On s’amuse à la rapprocher des archives de la mise en scène, fin 1968, par Gaston Jung au théâtre de recherche Les Drapiers de Strasbourg, de la « pièce didactique » de Brecht : L’Importance d’être d’accord, 1929.

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Samedi 12 septembre 2009, 14h, Tobacco Warehouse, Tophane, Istanbul. Le caractère employé est le Base Twelve dessiné par Zuzana Licko pour Emigre en 1995, utilisé dans Moments de Jean-Jacques Rousseau, 1996-2000.

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Bertolt Brecht, Théâtre complet, L’Arche, Paris, 1961, deuxième édition, 1964.
Archives jlggb.

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Six pages d’un livret de 12 pages, 185 x 128 mm : Recherches-Cahiers des Drapiers, Strasbourg, N°1, octobre 1968, maquette : J.-L.B. + J.-L.B,  archives jlggb. La composition — typographie authentique par l’IREG, Strasbourg — est en caractère Europe, comparable au Futura — Bauhaus, Paul Renner — vendue depuis 1930 par Deberny et Peignot. Bertolt Brecht : L’Importance d’être d’accord, mise en scène par Gaston Jung, avec René-Marie Féret, Eve de Cantellauve — photo — et d’autres, dont Robert Gironès, Gérard Chaillou, Jean Hutin, etc. Scénographie : J.-L.B. assisté de J.-L.B. Photo jlggb.