Supplément à l’allégorie


Vendredi 5 juillet 2019, 21h30, place de la Nation. La place de la Nation, transformée, va s’inaugurer dimanche. Hier sur Face Book, les regrets d’un donneur de leçons réduit aux vieilles cartes postales, qui n’a jamais approché les vraies les figures de Dalou et dénonce la destruction du bassin, « indispensable miroir ». La pièce d’eau a disparu au moment de la construction de la station du RER en dessous, il y a 50 ans. Et les bizarres crocodiles de bronze crachant en vain contre le Triomphe de la République, ajoutés en 1908, avaient été fondus sous l’occupation. On atteint plus facilement encore le monument car le creux qui l’entourait s’est effacé. Le jeune couple peut s’asseoir et partir par le smartphone rose. Le t-shirt porte le cœur rouge au regard hype de Comme des Garçons. De jeunes arbres derrière remplacent deux platanes bicentenaires abattus il y a un an pour réparer le métro. L’enseigne verte est l’une des trois pharmacies qui se font concurrence sur la place pour prétendre être toujours ouvertes. L’enseigne rouge, c’est la brasserie qui signe Le Dalou, désormais aveuglante en permanence par ses diodes. Les voitures sont un peu plus loin, un vélo longe des pelouses en tapis à l’arrosage robotisé. L’orange des immeubles haussmanniens donne la température, près de 40 degrés, la canicule contemporaine. Un supplément, Rousseau nous l’a dit, c’est ce qui s’ajoute mais aussi ce qui supplée, ce qui compense un manque.