1970



Dimanche 19 novembre, 10h, Parc commémoratif de l’Expo’70, Osaka. L’exposition universelle de 1970, « Progrès humain dans l’Harmonie », existe encore pour des milliers de personnes qui viennent, ce dimanche, sous un grand soleil, sous la Tour du Soleil de Taro Okamoto. Un musée intéressant raconte l’événement, comment peut-être le Japon avait pu guérir. Une note : c’est ici que la compagnie de téléphone NTT présenta le premier téléphone portable.

Fabrique de cordes


Samedi 18 novembre 2023, 17h, angle des rues Shichijo et Nishino-toin , Kyoto. La nuit tombe, la recherche de câbles avec crochet réglable pour cimaises n’a rien donné — on est marqué par la reprise des Immatériaux où tout était suspendu. Et voilà qu’un câble énorme impose sa présence, échantillon symbolique de la société Ohmiya à son siège social. L’image saisie rapporte non seulement l’apparence de la vitrine mais, par ce qu’il est convenu de nommer ses métadonnées, une position dans le temps et l’espace, sur des cartes elles-mêmes chargées d’informations. Les hyperliens attachent l’objet à une histoire d’entreprise : « fondée à l’époque d’Edo, il y a plus de 200 ans, nous filions du fil de chanvre et fabriquions et vendions des cordes. Cependant, au cours des nombreux changements sociaux et des révolutions industrielles, nous avons toujours suivi la demande. » Après les cordes et cordages, les câbles métalliques, les crochets et les treuils sont intervenus dans la construction, les forêts. Avec des particularités comme les équipements de théâtres ou les clôtures pour protéger les cultures des dommages causés par les animaux. Lien : https://www.ohmirope.co.jp/

Kyoto Art Center





Lundi 13 novembre 2023, 16h30, vers Karasuma, Kyoto. Une école, l’école élémentaire Meirin, depuis 1869, est devenue un centre d’art en avril 2000 : le Kyoto Art Center. Un lieu pour des ateliers et des résidences artistiques, la danse, le théâtre, les beaux-arts, avec des spectacles, des conférences, des expositions et aussi une bibliothèque, un centre de documentation. En octobre et novembre 2000, notre exposition « L’Exercice du moment », à l’initiative de Koishi Mori et de Masayuki Towata, présenta huit installations vidéo interactives, une salle « Rousseau » et une salle « Expériences ». Le bâtiment a conservé sa couleur orange et son style « espagnol » des années trente, mais aussi son ambiance de rencontres, d’expériences, d’apprentissages, d’école. Il est notoire aussi pour son café. Site : https://www.kac.or.jp/eng/

Le lac artificiel de Daikakuji


Dimanche 12 novembre, 14h30. Temple bouddhique Daikaku-ji, 大覚寺, Kyoto. Le lac artificiel est au Japon l’un des plus anciens du genre, plus ancien que le temple lui-même, créé par l’empereur Saga, durant son règne, 809-823, avec pour vocation la vue du lever de la lune. Nous sommes, en cette période, particulièrement attentifs aux motifs, portés par les tissus comme par la céramique, peut-être créés à la surface de l’eau, monde flottant.

Une verdure surprenante


Samedi 11 novembre 2023, 14h30, Shinagawa, quartier Takanawa. C’est une rareté mais un repère significatif d’une zone calme de la ville, où les maisons singulières, alternatives, contrastent avec les tours et les très grands blocs, pourtant à deux pas. Déjà nommée surprenante pour sa végétation, la contient une surprise dont on ne revient pas : sur Google Maps, l’enseigne de ce lieu est Takanawa Soba Sabo, 高輪蕎麦茶房, autrement dit une maison de thé où l’on sert des nouilles de sarrasin, avec les gobelets soba choko qui nous valent ce voyage.
Adresse

間, ma, un exemple



Jeudi 9 novembre 2023, 11h, Kyoto, Sanjo dori est. La barrière métallique pliante retient l’attention du passant. Elle est un cas des plus parlants de notre définition du motif, universel, des plus anciens, que l’on nomme treillis, pour son caractère génératif, constructiviste, mécanique, 格子文, kashimon, en japonais. Le chapiteau de rideaux rouge et blanc est reconnu aussi. On le trouve, très spécifique au Japon, dans les événements publics, les fêtes, les célébrations. La particularité de ce rideau est qu’un bandeau rouge suspend les barres rouges. Ce motif est donc également une manière de frontière, de barrière, de clôture. Son nom en japonais est 紅白幕, kōhakumaku, qui se traduit simplement « rideau rouge et blanc ». Un troisième mot nous vient : ma, avec son kanji, sinogramme, 間, où l’on voit une porte s’ouvrant sur un soleil. En France, en Occident, le concept de ma a connu, à la fin des années 1970, sous l’effet notamment de Roland Barthes, une surinterprétation qui l’a rangé dans les traditions inventées. Car Ma a désigné avant tout, techniquement, en architecture, un intervalle entre deux poteaux de bois dans une charpente. Il est vrai que, métaphoriquement, il parle d’un intervalle entre deux choses, entre deux moments, deux notes, deux gestes. Mais c’est bien un espace dense et non un vide. Pour cela, les deux objets doivent être distincts, séparés et c’est là qu’intervient efficacement le terme kekkai, 結界, barrière, qui combine lier et distinguer, avec la connotation de relier les mondes de part et d’autre. C’est ainsi que Philippe Bonnin analyse longuement ce mot, pour une « esthétique japonaise de la limite », dans sa préface à la traduction de l’ouvrage de 1966, Keikkai no bi, Ito Teiji, La Beauté du seuil, CNRS Éditions, Paris, 2021, et dans Vocabulaire de la spécialité japonaise, CNRS Éditions, Paris, 2014, pp. 243-246. La clôture, le barreau, le muret, la haie, la palissade, le rideau, le seuil, ont une présence matérielle, tangible, mais « parfois plus symbolique que coercitif ». En toutes circonstances, le kekkai est « un intermédiaire qui permet les échanges ». On retrouve donc le treillis à l’œuvre. En considérant attentivement les marges de l’espace photographié, on découvre d’étroites bandes cimentées. Un sens du mot ma, qui nous est familier au Japon, est le vide très resserré entre les maisons, les immeubles. Ainsi, près de notre logement, à gauche de notre supérette FamilyMart, un passage de moins de 20 cm est habité par de très beaux chats, il connaît une grande intensité. Un mur mitoyen est ici constitué d’un plan vertical vide. Les métadonnées des photos sont très précises. Street View ne permet pas de reconnaître l’endroit, mais, daté de 2022, il apporte une explication : un immeuble d’un étage, blanc, moderne, marqué Haku Taku Dou, Clinique d’acupuncture et d’orthopédie était là, et a donc été démoli. Le kiosque rouge et blanc et ses chaises attendent peut-être un conciliabule ou une cérémonie pour une nouvelle construction.

Shibuya à haute dose


Lundi 6 novembre 2023, 18h, Shibuya Hikarie 8e étage, Tokyo. Quartier riche, terriblement riche en constructions, gares, voies ferrées, passerelles, magasins, galeries marchandes, bureaux, publicités, etc., des plus fréquentés en tous sens, spectaculaire. Ici le Shokobo d47, cafétéria et restaurant dont le nom fait référence à la variété des 47 préfectures (départements) japonaises, avec un magasin de produits régionaux, un musée de design.

Belvédère tout en bois


Dimanche 13 août 2023, 15h, Signal des Voirons, parcours artistique « Chemin des crêtes », par la Villa du Parc. Collectif M.U.L.O.T. Julie Boirin, Anouck Jacquet, Anaïs Jeantils, Eléonore Mougel, Marine Pigal,
« Rendez-vous sur les joncs », cabane en bois, 2023, sapin/épicéa brut de sciage, provenance Vallée Verte, Scierie Pomel Frères, Boëge. Après deux heures à monter, boire et manger ce que l’on a dans le sac, l’endroit heureux, qui échappe à la canicule.

Servir (La vie des objets. Ch. 140)


Mardi 8 août 2023, 23h, Aix-les-Bains. La clé du système est une pince à dessin d’acier nickelé, du format 41 millimètres, peut-être la plus grande du genre, qui ne se fait plus semble-t-il. Son métal, marqué « Double Clip 223 » s’accorde au chrome de la barre du rideau de douche, vingt millimètres de diamètre. Avec le peu de jeu qui serre fortement, pour la suspendre, la serviette-éponge marquée, en anglais et en français : « 100 % coton organique, Fabriqué au Japon ». Une telle rencontre, à dessein, d’usages ordinairement distincts, de provenances et d’histoires identifiées mais étrangères, adopte le nom « serviette » puisqu’il s’agit d’être au service, de servir à essuyer le visage, tel quel depuis quinze ans.