Occupation (20. J’arrive enfin)

couz
Tgv, vendredi 10 avril 2009, 13h15.

À la fin du mois de septembre 1731, Jean-Jacques Rousseau revient de Lyon vers Chambéry en passant par Les Échelles et la cascade de Couz :

Plus près de Chamberi j’eus un spectacle semblable en sens contraire. Le chemin passe au pied de la plus belle cascade que je vis de mes jours. La montagne est tellement escarpée que l’eau se détache net et tombe en arcade assez loin pour qu’on puisse passer entre la cascade et la roche, quelquefois sans être mouillé. Mais si l’on ne prend bien ses mesures on y est aisément trompé, comme je le fus : car à cause de l’extréme hauteur l’eau se divise et tombe en poussiére, et lorsqu’on approche un peu trop de ce nuage, sans s’appercevoir d’abord qu’on se mouille, à l’instant on est tout trempé.
J’arrive enfin, je la revois. Elle n’étoit pas seule.
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, Œuvres complètes La Pléiade, t.I, p. 173

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Moments de Jean-Jacques Rousseau, Gallimard, 2000.

Arrivant par le Tgv à Chambéry, depuis Pont-de-Beauvoisin, il faut être attentif si l’on veut apercevoir la spectaculaire cascade de Couz. Elle surplombe la voie et apparaît dans une trouée des arbres. Filmée à plusieurs reprises et finalement le 12 juillet 1999 pour la séquence qui est dans le cd-rom Moments, elle est devenue un point de repère temporel. Cette fois, le filmage depuis le train a été lancé plus de dix minutes avant, avec un long passage dans un tunnel. Mais le train a ralenti et s’est arrêté exactement, pour la caméra, devant la cascade.

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Une minute de la vidéo prise depuis le train. 10.04.2009, 12h15.

Coïncidence supplémentaire, dans les Confessions, la phrase qui suit la cascade est celle qui inspire le sous-titre de ce blog : « J’arrive enfin, je la revois. Elle n’étoit pas seule. » Elle avait aussi était mise en exergue du texte d’introduction à L’Image n’est pas seule (exposition inaugurale de la bibliothèque universitaire de Paris 8 en 1998).