Nouées au pylône


Lundi 19 octobre 2020, 14h30, Yenne, Savoie. Non loin du Rhône, les Renouées du Japon — du genre Polygonum —, herbes géantes, invasives, ont des bouquets dans les prés. Il faut rappeler que cette plante ne se reproduit pas, elle ne connaît pas de reproduction sexuée (en dehors du Japon). Elle s’est donc propagée exclusivement par multiplication végétative grâce à son rhizome, tige réticulaire souterraine qui peut atteindre 30 cm de diamètre. Elle prolonge donc son existence en étant une seule et unique entité, le plus grand clone végétal de la planète. Le pylône à haute tension protège ici les plantes du fauchage. Cet autre rhizome, distributeur d’énergie à la demande, est le signe d’une ancienne modernité dont l’importation de la Renouée fait sans doute partie : en 1847, la société d’horticulture d’Utrecht lui décernait sa médaille d’or, pour la beauté de son feuillage et le parfum de ses fleurs inutiles [Voir : Fallopia japonica]. Domestiquée, esclave, l’intensité végétale va-t-elle renverser l’électrique.

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