Jeudi 15 juin 2023, 19h, Palais de Tokyo, Paris. Énormément de monde à ce vernissage, des types de gens jeunes comme on n’en a presque jamais vu, qui assurent le pittoresque. Dans Le Soulèvement, 2019, la chaise noire, qui est son objet témoin, est à la fois fragile, puissante et rassurante. Elle porte en équilibre six longues barres d’acier de section rectangulaire, ressenties très lourdes, chacune d’elle douce dans son émail précieux et dans sa lumière.
Étiquette : sculpture
Reconnu au détour d’une salle, près de la fenêtre
Lundi 9 janvier 2023, 16h, musée du Louvre. Jean Antoine Houdon, Jean-Jacques Rousseau, buste en bronze, 1778. Isolé, proche de la fenêtre qui donne, au premier étage, sur la rue de Rivoli, Rousseau répond au regard du iPhone. On mesure l’effet de proximité, de présence et de « téléprésence », qu’opère cet appareil devenu indissociable des relations aux autres et au lieu, et aussi au moment. La mobilité manuelle de l’écran, le choix du point de vue vers le regard, dans une perspective marquée, contestent le stéréotype de la sculpture et rapportent le personnage à une image d’aujourd’hui. Le bandeau des cheveux et le manteau à l’antique deviennent les signes d’un homme actif, à la mode.
Pour juger de cet écart, le permalien : https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010091416, avec la notice de l’historique de l’œuvre : Variante avec bandeau et manteau à l’antique d’un modèle exécuté à partir du masque mortuaire du défunt, moulé le 3 juillet 1778 par le sculpteur [voir : http://jlggb.net/blog3/?p=964]. Acquisition le 31 mars 1838. Affecté au Musée du Louvre, Département des Sculptures du Moyen Âge, de la Renaissance et des temps modernes.
L’Escalier
Samedi 20 août 2022, 11h30, Musée de Valence. On est là aussi pour revoir : Étienne-Martin, L’Escalier, 1984, bois, métal, plexiglass. Avec une attention particulière, non seulement au tronc, escalier hélice de fer, aux deux côtés, rouge et vert, mais au derrière, le cube bleu retenu par une poche de grillage.
Un gardien
Lundi 11 juillet 2022, 19h30, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris. L’exposition de Tatiana Trouvé surprend, quand on l’a suivie depuis des années, car elle se compose de traces sur le sol et de grands dessins. Mais on se plaît à observer plusieurs de ses Gardians : « Ce sont des sculptures qui ont été créées dans l’intention d’être Les gardiens d’autres œuvres, pour être en compagnie d’autres œuvres, pour garder des œuvres mais aussi des idées » avait-elle dit lors de l’ouverture de la Bourse de commerce. Ici, le plus simple, cassé, attaché à une barrière de rameaux et de chardons de bronze, un fauteuil de tubes avec son coussin, un poste de radio, eux aussi de bronze, deux livres, en onyx : L’Établi de Robert Linhart ; La Grande Cordée de Fernand Deligny. VOIR : Tatiana Trouvé au Mamco et Tatiana Trouvé 2014.
Résistants en bordure
Vendredi 14 janvier 2022, 15h, Arbin, Savoie. Connaissant, du sculpteur Marius Mars Vallett, ses Deux enfants sous la neige, ses statues de Jean-Jacques Rousseau et de Lamartine, il nous intéressait de voir son monument aux fusillés. Le 21 juin 1944, dix résistants furent fusillés à Arbin, « dans un champ en bordure de la Nationale 6 » — célèbre route reliant Paris à l’Italie par le Mont-Cenis. En un lieu proche, ce monument leur fut dressé en 1948. En 1983, il était déplacé en « un meilleur emplacement » qui aujourd’hui est toujours en bordure, sur un parking de poids lourds. On l’a trouvé parce qu’on s’est trompés de route et extirpés d’une zone industrielle. Mais un ruisseau et ses arbres, le soleil couchant, lui donnent un paysage, et une image, honorables.