Lire (La vie des objets. Ch. 120)



Mardi 17 janvier 2023, Bibliothèque nationale, rue de Richelieu, Paris. C’est maintenant un musée aussi, avec divers trésors. Phalère d’Aurélius Cervanicus, Grande Bretagne, 3e siècle, bronze argenté, une décoration militaire offerte par des soldats romains. Mémoire propre à être lue, un souvenir du règne éphémère des CD-Rom (mémoire en lecture seulement). Remarque troublante : la phalère a un diamètre de 117 mm, un disque compact a une surface utile de 118 mm de diamètre. À titre d’exemple, le CD-Rom Essais interactifs, édité dans La Relation comme forme, Mamco Genève. Le premier disque a 1 800 ans, le second a 20 ans et il est ordinairement illisible.
Voir : https://medaillesetantiques.bnf.fr/ark:/12148/c33gbq8n2

Reconnu au détour d’une salle, près de la fenêtre


Lundi 9 janvier 2023, 16h, musée du Louvre. Jean Antoine Houdon, Jean-Jacques Rousseau, buste en bronze, 1778. Isolé, proche de la fenêtre qui donne, au premier étage, sur la rue de Rivoli, Rousseau répond au regard du iPhone. On mesure l’effet de proximité, de présence et de « téléprésence », qu’opère cet appareil devenu indissociable des relations aux autres et au lieu, et aussi au moment. La mobilité manuelle de l’écran, le choix du point de vue vers le regard, dans une perspective marquée, contestent le stéréotype de la sculpture et rapportent le personnage à une image d’aujourd’hui. Le bandeau des cheveux et le manteau à l’antique deviennent les signes d’un homme actif, à la mode.
Pour juger de cet écart, le permalien : https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010091416, avec la notice de l’historique de l’œuvre : Variante avec bandeau et manteau à l’antique d’un modèle exécuté à partir du masque mortuaire du défunt, moulé le 3 juillet 1778 par le sculpteur [voir : http://jlggb.net/blog3/?p=964]. Acquisition le 31 mars 1838. Affecté au Musée du Louvre, Département des Sculptures du Moyen Âge, de la Renaissance et des temps modernes.

Un gardien


Lundi 11 juillet 2022, 19h30, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris. L’exposition de Tatiana Trouvé surprend, quand on l’a suivie depuis des années, car elle se compose de traces sur le sol et de grands dessins. Mais on se plaît à observer plusieurs de ses Gardians : « Ce sont des sculptures qui ont été créées dans l’intention d’être Les gardiens d’autres œuvres, pour être en compagnie d’autres œuvres, pour garder des œuvres mais aussi des idées » avait-elle dit lors de l’ouverture de la Bourse de commerce. Ici, le plus simple, cassé, attaché à une barrière de rameaux et de chardons de bronze, un fauteuil de tubes avec son coussin, un poste de radio, eux aussi de bronze, deux livres, en onyx : L’Établi de Robert Linhart ; La Grande Cordée de Fernand Deligny. VOIR : Tatiana Trouvé au Mamco et Tatiana Trouvé 2014.