Narcissisme


Mardi 30 juillet 2019, 15h, Exposition Gilles Clément : toujours la vie invente, Service des parcs et domaines de la ville de Lausanne, avenue du Chablais. On s’intéresse depuis longtemps à ce que peut faire et dire Gilles Clément, dont la présentation de son exposition rappelle à juste titre qu’il est « jardinier d’abord, mais aussi artiste, botaniste, voyageur et écrivain ». On aime bien nombre de ses mots qui sont ici attachés à des choses concrètement faites. Comme ce carton d’une de ses œuvres, Miroir à micas : « Anti-Narcisse. Miroir dans lequel on ne peut pas se voir. Écailles de micas glanées sur les bords de la Creuse. » Pourtant le visage qui parle est ici partout sur des écrans vidéos, comme ses avis, ses goûts, ses gestes, multipliés comme par les paillettes de mica mises en tableau par lui.

Oui je suis parti


Dimanche 28 juillet 2019, 10h40, gare de Lyon. Cette histoire m’a exaspéré et fatigué. Un malentendu, la fenêtre n’a pas été fermée, j’y retourne. Je reviens à la gare mais le train vient de partir. La queue longtemps avec le numéro E172, mais une dame gentille, sans discussion, me donne un billet pour le Tgv suivant. « Oui je suis parti » est la légende de cette image SMS, qui a la particularité d’avoir une symétrie centrale, d’être réversible comme une carte à jouer.

Ficus caddica


Vendredi 26 juillet 2019, 14h15, cours de Vincennes, Paris 20e. « Au cours des deux derniers millénaires, les températures mondiales n’avaient jamais augmenté aussi rapidement et généralement ». Parmi les solutions propres à limiter les effets du réchauffement planétaire, planter, garnir de plantes, faire pousser des plantes. Le magasin Castorama propose des ficus benjamina à 9,90 euros, EC plant passport NL71083. Le caddie en emporte deux jusqu’à la maison et les tablettes de fenêtres. Peut-être trop au soleil. À voir avec le temps.

Instagram de Téhéran


Mercredi 17 juillet 2019, photo du 31 mai, 18h50, musée de quai Branly. Diablesses, carreau de revêtement illustrant le Livre des Merveilles de Qazwini [Kitāb ‘Ajā’ib al-makhlūqāt wa-gharā’ib al-mawjūdāt, Les merveilles de la création, ou littéralement, Les merveilles des choses créées et les curiosités des choses existantes], céramique moulée et peinte sous glaçure, d’environ 27 cm de côté, 19e siècle, découverte à Téhéran. [de la série de reproductions d’œuvres carrées pour Instagram]

Instagram signé Bonnard


Vendredi 12 juillet 2019, 15h30, Musée d’Orsay. Exposition La peur d’aimer. Orsay vu par Tracey Emin, Pierre Bonnard, Femme nue debout devant une baignoire, à ses pieds un tapis de bain, encre brune, encre noire et mine graphite sur papier vélin industriel verdâtre, legs Carle Dreyfus, 1952. [de la série de reproductions d’œuvres carrées pour Instagram]

Supplément à l’allégorie


Vendredi 5 juillet 2019, 21h30, place de la Nation. La place de la Nation, transformée, va s’inaugurer dimanche. Hier sur Face Book, les regrets d’un donneur de leçons réduit aux vieilles cartes postales, qui n’a jamais approché les vraies les figures de Dalou et dénonce la destruction du bassin, « indispensable miroir ». La pièce d’eau a disparu au moment de la construction de la station du RER en dessous, il y a 50 ans. Et les bizarres crocodiles de bronze crachant en vain contre le Triomphe de la République, ajoutés en 1908, avaient été fondus sous l’occupation. On atteint plus facilement encore le monument car le creux qui l’entourait s’est effacé. Le jeune couple peut s’asseoir et partir par le smartphone rose. Le t-shirt porte le cœur rouge au regard hype de Comme des Garçons. De jeunes arbres derrière remplacent deux platanes bicentenaires abattus il y a un an pour réparer le métro. L’enseigne verte est l’une des trois pharmacies qui se font concurrence sur la place pour prétendre être toujours ouvertes. L’enseigne rouge, c’est la brasserie qui signe Le Dalou, désormais aveuglante en permanence par ses diodes. Les voitures sont un peu plus loin, un vélo longe des pelouses en tapis à l’arrosage robotisé. L’orange des immeubles haussmanniens donne la température, près de 40 degrés, la canicule contemporaine. Un supplément, Rousseau nous l’a dit, c’est ce qui s’ajoute mais aussi ce qui supplée, ce qui compense un manque.

Publier


Vendredi 28 juin 2019, 15h, centre commercial, Publier, Haute-Savoie. Au-delà de Thonon, avant Évian, il est un village du bord du lac Léman nommé Publier. Pour boire et se soustraire un moment à la canicule, avant d’aller à l’ouverture de L’Expressionnisme allemand, au Palais Lumière d’Évian, autre chose que la marque d’ici, la négociante en matières plastiques, mais la plus puissante encore avec ses sucres et ses bulles, dans des gobelets de carton. Atlas du gobelet.

Une histoire d’Histoire


Dimanche 23 juin 2019, 12h30, marché aux puces, avenue Daumesnil, Paris 12e. Pour composer une image qui en dise encore plus, je déplace un peu le coffret de quatre cassettes VHS d’Histoire(s) du cinéma. Le vendeur, en conversation, ne voit rien, mais, lorsqu’il se retourne, il me dit que je n’ai pas le droit de photographier. Je tente de dire qu’on peut prendre des vues avec son téléphone comme avec ses yeux, mais c’est pour recevoir une réponse encore plus violente : même si je veux acheter, il refuse.

Moule pour gobelet


Dimanche 16 juin 2019, 15h, Maison de la Céramique, Saint-Uze, Drôme. Le moule en plâtre « gobelet touron M », déposé par la compagnie Jars d’Anneyron, intervient dans l’Atlas du gobelet à l’occasion d’une conférence de céramologie archéologique. Il me dit aussi « moule pour », des mots qui me sont restés de Fernandel qui cherche, dans le catalogue de Manufrance, le mot « bombe ». C’était le film de Jean Giono (et Claude Pinoteau, et Costa-Gavras), Crésus, de 1960.