Dimanche 13 octobre 2019, 10:38:59, Paris 11e et 20e. Ligne 2, depuis Avron, sous le boulevard de Charonne, il a circulé en spirales, comme ils le font plus ou moins tous, avec les virages, les ralentissements et les accélérations, deux coups de pied. Bientôt, à l’ouverture des portes au Père Lachaise, il va être sur le quai : Atlas du gobelet.
Catégorie : Observation
Godard partout
Samedi 12 octobre 2019, 14h – 21h, Nanterre-Amandiers, centre dramatique national. RER ligne A jusqu’à Nanterre-Préfecture, le parc André Malraux (là où se trouvait l’un des bidonvilles de Nanterre), puis ce que j’appelle le théâtre des Amandiers. Le Livre d’image est montré sur un écran plan, sans projecteur donc, suspendu sur la scène, les spectateurs étant sur des chaises tournées vers le rideau de fer et entourés de sept enceintes sonores. Dans la grande salle elle-même, Histoire(s) du cinéma est projeté sur un écran translucide suspendu au-dessus des gradins, visible donc des deux côtés. Dans les coulisses, un ensemble de films de Jean-Luc Godard, peu connus ou inconnus, des films d’Anne-Marie Miéville, de Fabrice Aragno. Dans une loge, sur un moniteur déjà ancien, Plus Oh ! clip pour France Gall, 4 minutes, 1996. Sous un escalier, Initiation au cinéma [révolutionnaire], de Jean-Paul Török, rushes 16 mm en vidéo, 24 minutes, 1969.
Maisons jumelles
Jeudi 19 septembre 2019, 10h45, Dessau. La dernière des Maisons de maîtres du Bauhaus de Dessau, un duo d’habitations ateliers agencées selon une géométrie savante par Gropius, celles de Wassily Kandinsky [et Nina] et de Paul Klee [et Lily]. Les façades et terrasses sont résolument blanches, avec un gris sombre, mais le dessous du balcon est d’un jaune citron soutenu. De quoi infléchir discrètement l’incroyable gamme de centaines de couleurs de l’intérieur.
Historischer Friedhof
Leipzig Hbf
Vendredi 13 septembre 2019, 18h24, Leipzig. Les gares centrales sont souvent des terminus. De Francfort vers Dresde, notre passage à la Hauptbahnhof est un changement de sens, le temps de regarder. La gare de Leipzig se dit depuis toujours l’une des plus grandes au monde, la plus grande d’Europe : 6 verrières, 26 quais. Bombardée en juillet 1944, reconstruite au début des années 50, elle restera longtemps sans toits, la restauration s’achevant en 1965, 50 ans après son inauguration. Trente ans après la chute, dans les reflets, je pense à Kurt Masur, entendu à la basilique de Saint-Denis pour l’an 2000 — Alexandre Nevski de Prokofiev et le Requiem de Mozart —, qui fut l’un des négociateurs de la révolution pacifique ; je pense à Mikhaïl Gorbatchev que j’ai vu en vrai en 2007, dans une autre grande gare historique, à Tokyo — construite en 1914, détruite en 1945, restaurée véritablement en 2012.
Deux tombeaux
Lundi 22 juillet 2019, 12h, cimetière du Père Lachaise, Paris. Le monument du tombeau de Théodore Géricault a connu plusieurs états. Le peintre est mort à 32 ans, il est enterré en pleine terre sans aucune inscription jusqu’en 1841. C’est alors que le peintre et sculpteur néoclassique et plutôt officiel Antoine Etex tente d’organiser un concours pour un monument qu’il va finalement produire lui-même. Mais, en 1846, le marbre se détériore, le tombeau est déplacé à Rouen. Etex se voit contraint de faire une autre sculpture. En 1883, le fils que Géricault avait eu de sa tante Alexandrine, Georges-Hippolyte, meurt et laisse un testament qui demande et permet la réfection du monument initial, mais en bronze, surchargé des peintures en bas-reliefs et d’une balustrade. Le Radeau de La Méduse, de 1819, figure d’un Géricault « extrême en tout » (Delacroix), figure du romantisme mais aussi du réalisme, figure de l’agonie, connaît aujourd’hui, sur la tombe voisine, sa version minimaliste.
La préhistoire n’a pas de fin
Lundi 15 juillet 2019, 19h — 20h, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou. Exposition Préhistoire. Une énigme moderne, Galet gravé de traits obliques et perpendiculaires, abri de Laugerie-Basse, Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne, époque protomagdalénienne (vers — 22 000 à — 20 000 ans), découvert par Denis Peyrony, 1921-1935. Jean-Louis Chanéac, Architecture industrialisée poétisées + Architecture mégalithique, 1964-1965, dessin sur papier-calque, Fond régional d’art contemporain Centre-Val de Loire.
Visite avec Maria Stavrinaki, 14 mn
Wilfredo Lam
Vendredi 12 juillet 2019, 17h30, Musée d’Orsay. Wilfredo Lam, Femme nue, 1939, musée de Grenoble, exposition Le Modèle Noir de Géricault à Matisse. Une jeune fille dit à sa mère qui fut Wilfredo Lam : « Peintre cubain né d’un père chinois et d’une mère descendante d’esclaves, qui rencontre Picasso en 1938, etc. » Cette peinture a été achetée en 1981 alors que le musée de Grenoble est dirigé par Pierre Gaudibert (avec qui nous faisons, cette même année, l’exposition Frans Masereel, qui accompagne notre exposition Cinquante ans de gravure sur bois chinoise.)
Imperturbable
Destinations
Jeudi 9 mai 2019, 18h, avenue Pierre Sémard, Bourges. Le nom dit que l’on va vers la gare. À Valence, dans mon enfance, j’avais su que l’avenue de la Gare avait pris, au lendemain de la guerre, le nom de Pierre Sémard. C’est là qu’il avait été, dès 1912, un syndicaliste cheminot devenant dirigeant de la CGT. Cela l’amènera à participer à la fondation de la SNCF en 1938. Condamné du fait de conflits internes au PCF comme à la suite de la dissolution de ce parti en septembre 1939, il sera emprisonné à Bourges en 1940 et 1941. En mai 1942, il sera fusillé comme otage par les occupants hitlériens. Derrière le mur dont le crépi tombe, des bâtiments historiques modernisés, mais comme à l’abandon, sont un hôpital de gérontologie, un EHPAD, un mouroir.
Une table de couleurs
Vendredi 12 avril 2019, midi, Musée Boijmans, Rotterdam. Entre les collections marquées par la peinture flamande et un Bauhaus attaché aux Pays-Bas, dans l’ambiance d’une cafétéria éphémère, le café des gobelets — Atlas du gobelet — s’entoure de reflets, de taches, de textures, de nuances, de strates, d’ombres, d’échappées.