Jeudi 15 septembre 2016, 17h30, Tokyo. La nuit tombe sur le parc mémorial d’Arisugawa-no-miya. En faveur de la santé des enfants et de leur fréquentation de la nature, il est construit au début des années trente. Il tient à la fois du jardin paysager et des parcs citadins européens de la fin du 19e siècle. Parcours compliqué mais aménagé à l’extrême. Les barrières sont en ciment qui imite les branches, en fer ou en bois. Un ensemble d’arbres portent sur leur tronc un ruban rose. Pourquoi ? Il n’est plus jamais fermé, les portails ont été démontés. En mars 1995, je fis ici l’un des courts tableaux cinématographiques de Mutatis mutandis, où les mêmes images montraient alternativement deux logiques événementielles différentes. C’était celui de deux corbeaux sur une branche.
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Mercredi 14 septembre 2016, 14h puis 19h, Tokyo. Le quartier de Meguro, derrière Shibuya, est très tranquille. Des immeubles mais surtout beaucoup de maisons ne dépassant pas deux étages. La rue empruntée est de part et d’autre d’un ruisseau très habillé de verdure et de fleurs. Les fleurs à papillons attirent des couples de grands machaons, impressionnants, trop rapides pour les photos. La notion de décohérence explique pourquoi ce qui est à notre échelle ne semble pas appartenir à la théorie quantique. Si on s’en inspire pour « l’effet papillon », des battements d’ailes qui sont à la source d’une tornade peuvent apparemment, très nombreux, ne pas aboutir. À deux stations de métro, mille personnes qui traversent toutes les trois minutes le carrefour le plus emprunté du monde ne sont pas une foule mais un nombre où chacun reste soi. Quoi au juste ?
Mardi 13 septembre 2016, 19h, Yurakucho, Tokyo. Le très grand magasin Muji, dans son bâtiment hangar, a beaucoup changé. Maintenant ce sont des livres, des conseils, des ateliers. Le Muji « trouvé » s’étend : des choses qui veulent confirmer l’esprit Muji. Mais là ce sont deux choses de mon enfance à moi : la Clairette de Die, les verres Duralex (de la maison, de la cantine). Troublant et plutôt amusant, après ce constat, à 19h23, un tremblement de terre très net : tout s’échappe en vagues, les lumières s’agitent, les pancartes se balancent.
Mardi 13 septembre 2016, 14h, Tokyo. Dans le quartier Kanda-Jinbōchō, on passe des magasins de sport aux librairies et aux Antiquariat. Lisibilité et reconnaissance impossibles ne vont pas contre le plaisir de lire : calligraphies et actrices des années cinquante (On reconnaît des kanjis, on reconnaît Setsuko Hara et Hideko Takamine et Eiga signifie cinéma).
Lundi 12 septembre 2016, 14h20 puis 14h40, Tokyo, Ginza, Chuo Dori. Le quartier avec le maximum de luxe au monde. Un peu plus loin que le magasin Chanel et Kristen Steewart, le magasin Itoya, entièrement reconstruit. En vitrine, le rouge de la mode consommable, le politiquement correct qui met un vert végétal consommable inattendu. Avant, on trouvait tout du bureau et du dessin chez Itoya. Mais c’était peut-être du politiquement correct que de s’entourer des outils et des matériaux d’un travail bien fait.