
Vendredi 5 septembre 2025, 12h40, Passage Agard, Aix en Provence. Les pâtes carbonara suscitent les regards gourmands de la rangée des verres et couverts.
Auteur/autrice : jlggb
Archéologie (Ch. 197)

Vendredi 22 août 2025, 18h30, rue de Buci, Paris, 5e. Une petite faim d’aujourd’hui invite au rapprochement : comme sur ce sablé, des traits parallèles et croisés figurent, conservés par la poterie, parmi les plus anciens de l’histoire humaine. La grotte des Blombos, Afrique du Sud, possède un bloc d’ocre gravé de ces formes géométriques daté de 75 000 ans, de l’Homo sapiens. Quant à l’Homo erectus, on lui attribue, à Java, des coquillages gravés de tels motifs, datés de 500 000 ans. Une remarque qui relativise : le « sablé nature » est sans doute repris ici, avec une certaine maladresse volontaire, dans l’intention d’apparaître comme « traditionnel », car « Les viennoiseries chez Thevenin c’est toujours du sans-fautes. »
Présence (Ch. 196)

Mardi 19 août 2025, 11h, Paris. Cette pierre est ici depuis qu’elle a été rapportée de « Jarsy, Bauges, 24 juillet 2018 ». Ceci est écrit sur sa base plane, qui en fait un bibelot souvenir de bureau. Ces mots sont justes mais détournent l’objet des qualités de singularité et d’indépendance par lesquelles il a acquis une présence de prédilection.
S’abstraire (Ch. 195)
Mardi 5 août 2025, 10h50, piscine, 14, Avenue Daniel Rops, Aix-les-Bains. L’objet s’est décollé, il est tombé, ou bien il a été arraché. Un événement, on le repère parce qu’il a un avant et un après. Mais c’est plus riche que ça. Il a lieu dans un certain contexte, pour autant, le philosophe le dit, il n’est pas calculable à partir des éléments de ce contexte lui-même. Celui-ci a composé avec le pouvoir adhésif d’un mastic, avec la variation de certaines valeurs. Mais encore ? La qualité d’un événement ne peut disparaître dans une chaîne causale car il arbore de l’inconnu — ici en pleine lumière. Si l’on dit que l’objet s’est détaché, qu’il s’est séparé, qu’il s’est abstrait, on lui reconnaît un pouvoir : l’abstraction.
Jouer (Ch. 194)
Dimanche 3 août 2025, 14h, Aix-les-Bains. On les voit d’abord comme des animaux. Ce sont des légumes, ou plutôt des fruits ou même des baies. Des aubergines dites chinoises, des solanum melongena version ping tung. Avec une banane, un melon, un sapin, une violette, on a déjà répondu à la question : un être vivant peut-il être un objet ? Fruits et légumes sont l’objet d’agriculture, de commerce, de cuisine. Ces aubergines font l’objet d’un étonnement. En devenant objets — en étant coupées —, elles conservent leurs capacités à mimer le vivant — et sont aidées à se déguiser. Jouer est par excellence la façon dont l’objet est aussi sujet.
Rassembler (Ch. 193)
Goûter (Ch. 192)
S’écouler (Ch. 191)

Jeudi 26 juin 2025, 18h, Centre Pompidou. L’exposition « Enormément Bizarre. La collection Jean Chatelus », est une accumulation d’œuvres souvent repoussantes, parmi lesquelles on doit faire le tri, s’intéresser à ce qui ne paye pas de mine. Je retiens, car c’est un artiste qui me plaît, Dieter Roth, Am Rhein (Aux bords du Rhin), 1968, chocolat, métal, 33 x 35 x 3 cm. Cette pièce appelle la phrase de son auteur : « Les objets peuvent ou doivent disparaître, et c’est bon pour eux et pour nous. » Attaché au processus de fabrication et aux matériaux, il se réclamait de l’art concret, mais en soulignant le passage du temps.
Reproduire (Ch. 190)

Samedi 26 avril 2025, 15h, Bourse de commerce, Paris. Exposition « Corps et âmes », Irving Penn, The Hand of Miles Davis, New York, 1986, Épreuve gélatino-argentique / Gelatin silver print, Pinault Collection. Une photographie, avec son « aura » d’« originale » apporte avec elle les reflets de son objet.
Utiliser (Ch. 189)

Vendredi 25 avril 2025, 23h, Paris. Lors du vernissage, à la Galerie municipale Jean Collet de Vitry, de l’exposition « Les Lavandières », un objet provoque la question : pourquoi est-il là ? On a reconnu un siège de douche vu dans un hôpital. Si elle s’ouvre sur l’image des lavoirs, l’exposition aborde les douches car le bâtiment était autrefois un bains-douches municipal. L’artiste Nina Azoulay, en montrant des vêtements récupérés, incite à s’asseoir pour les percevoir comme personnages. Ce n’est donc pas un ready-made, même si la parenté est bien présente. Un deuxième usage apparaît avec la photo. Elle est placée dans Google Lens qui va afficher beaucoup de tels strapontins hygiéniques, mais pas celui-là. L’intelligence vivante supplée alors à l’IA. Ce modèle est de la marque AKW-Medicare®, « Série 2000 siège rembourré avec dossier et accoudoirs », mais ses coussins sont absents. C’est peut-être la raison de sa disponibilité pour l’art.
Transporter (Ch. 188)

Mardi 15 avril 2025, 14h, exposition « Matisse et Marguerite », Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Regarder avec insistance cette toile comme un objet. Lire son cartel : « Henri Matisse, Marguerite, Collioure, hiver 1906-1907 ou printemps 1907, Huile sur toile, Musée national Picasso – Paris, Donation Picasso, 1978, Collection personnelle Pablo Picasso. Imitant la maladresse d’une écriture enfantine qui cherche à rester droite sans y parvenir, Matisse a inscrit ‘Marguerite’ au-dessus de ce portrait de sa fille. Un épais cerne noir dessine la figure et encadre l’ensemble de la composition. La concision radicale du tableau fit l’objet de sarcasmes de la part des contemporains de Matisse, qui moquèrent son apparence élémentaire et candide. La toile fascina Picasso, qui l’échangea avec l’artiste contre une nature morte cubiste et la conserva jusqu’à la fin de sa vie. » Renseigner encore l’objet : œuvre exposée (d’ordinaire) au Musée Picasso, premier étage, salle 3, 65,1 x 54 x 2 cm. Le qualifier : transport affectif.
Se pointer (Ch. 187)


Lundi 14 avril 2025, 18h30, Paris et lundi 23 décembre 2024, 15h30, supermarché MaxValu, Ogaki. La (très) grande surface d’alimentation est parcourue in extenso. Pour y faire les courses dans les temps qui viennent, il faut en prendre connaissance, la déchiffrer. En marge du champ visuel, un objet accroche avec, tout de suite, l’affirmation « Super Normal ». Confirmation : il est juste là à sa place sur un rayon de la bibliothèque, dans l’ouvrage de Fukasawa et Morrison, Super Normal, 2008, le numéro 30 (sur 210), pages 69-71, est Table salt shaker. Avec cette notice : « 30 Table salt shaker. In days gone by, the general store on the street corner was called a tobacco shop, and salt was always sold there along with cigarettes. This table salt shaker is one that seems to hark back to that time. Since then, salt has been revamped, with a new bottle making the scene. But when you get down to it, this stable conical shape is still an icon for table salt. Many shakers, whether by coincidence or not, have the same kind of shape. What they share is that, while having a functional shape, they also have a gentleness, a softness about them. »
Ressembler (Ch. 186)

Dimanche 6 avril 2025, midi, Paris. Un bol à riz de porcelaine, avec un haut pied cylindrique creux, de style ancien semble-t-il, s’est fait admirer dans la cafétéria d47, à Shibuya. Lui, qui lui ressemble, a été rapporté de Kyoto, acheté le 7 février, 3000 yens, à la boutique Angers du magasin d’alimentation chic Yaoichi. Il porte la marque Claska, nom repris pour sa galerie en 2003 par un studio créatif, d’un hôtel « moderne et branché » du quartier de Meguro à Tokyo, aujourd’hui fermé « pour cause de vétusté ». Il se présente plutôt comme un « bol à nouilles ». Il est fabriqué à Hasami, Kyushu. Dimensions : 15 x 9 cm.
Fusionner (Ch. 185)
Choisir (Ch. 184)
S’exposer (Ch. 183)

Vendredi 14 février 2025, midi, résidence Rist, Ogaki. Si le poisson est très présent au Japon, de la mer aux poissonneries, les sardines interviennent dans le talent japonais de l’emprunt à d’autres cultures. La boite de sardine est luxueuse et, en s’exposant dans l’assiette, elle compose un beau tableau symétrique.
Voir, 2013 : https://jlggb.net/blog3/?p=6354
Persévérer (Ch. 182)

Jeudi 13 février 2025, 15h30, Université d’art et design de Nagoya. On constate que l’ancienne table scolaire est ici aussi « à la retraite », mais encore présente et active pour la collectivité. Elle est de la marque Kokuyo, notre préférée pour les cahiers. C’est elle, en plusieurs exemplaires, qui était dans notre exposition « L’Exercice du moment » au Kyoto art center en 2000.
Voir : https://jlggb.net/blog9/2025/03/08/actualite-du-kac/
Oser (Ch. 181)
Jeudi 6 février, 20h15, passage Senba Shinsaibashi, Osaka. On cherche à manger, ce soir, dans ce fameux très long passage commerçant. On ose entrer dans le Wagyu Beef Yakiniku, petit restaurant intensif de viande grillée. De petites assiettes de porcelaine se présentent, attractives par l’évidence de leurs motifs, de style cursif mais de design plus que de dessin, imprimé industriellement. On pense en voler une, mais surtout pas.
Fermer et Ouvrir (Ch. 180)


Dimanche 2 février et lundi 3 février 2025, IAMAS, Ogaki. Au rez-de-chaussée du bâtiment, une porte dispose d’un kanji dont une partie mobile, rouge ou verte, fait dire à la porte qu’elle se ferme ou qu’elle s’ouvre. Cet utilitaire qui emploie intelligemment l’assemblage variable qui fait les caractères n’a jamais été remarqué ailleurs et n’est pas trouvable sur Internet. On peut tenter d’en savoir plus.
Suivre (Ch. 179)


Mercredi 29 janvier 2025, midi, Takashima, côte ouest du lac Biwa.Il s’agit de faire le tour du lac Biwa. En train et aussi par la marche. Dont cinq kilomètres de la plage de Omi-Imatsu à la gare Shin-Asahi de Takashima. La route très droite est strictement soulignée de lignes blanches est vue dans l’axe du côté ouest puis dans son axe médian. Une façon de prendre conscience de cet objet particulier qu’est une route à suivre.









