L’installation Pékin pour mémoire est exposée à la Biennale de Venise en 1986.
Roy Ascott, connu lors de l’exposition Electra (Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 1983-1984, commissaire : Frank Popper) avec son installation La Plissure du texte, m’invite à la Biennale de Venise en 1986 pour exposer l’installation Pékin pour mémoire (Tom Sherman, Roy Ascott, — au centre de la photo ci-dessus — et Don Foresta étaient les commissaires de la section « Tecnologia e Informatica »). Reproduction lors de la Biennale de Shanghai, novembre 2012.
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Pékin pour mémoire, installation vidéo interactive, 1985-1986. Version pour la Biennale de Venise, 1986.
Pékin pour mémoire, installation vidéo-interactive, 1985-1986.
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Schéma du trajet effectué les 19, 21 et 23 septembre 1985, 12 heures de marche, 720 + 280 = 1000 photographies.
FICHE TECHNIQUE
Table chinoise classique construite spécialement avec 5 boutons poussoirs, ordinateur Thomson TO9, lecteur de vidéodisques, moniteur vidéo, vidéodisque (laserdisc), programme de pilotage.FICHE GÉNÉRIQUE
Pékin pour mémoire,
installation interactive avec vidéodisque, 1986
Version de la Biennale de Venise, 1986
Conception et réalisation : Jean-Louis Boissier.
Programmation informatique : Jean-Paul Mazeau.
Production : Université Paris 8, Biennale de Venise, Festival d’Automne à Paris.L’ensemble comporte 1000 photos, dont 720 décrivant le trajet de façon systématique à raison de une photo par minute et 280 photos « pittoresques ». Les dates et minutes ont été inscrites automatiquement dans les photos par les dos dateurs des deux appareils.
Exemple, les 16 premières photos du trajet « TERRE-SOLEIL », le 19 septembre 1985, de 10h à 12h30
Exemples de 2 photos simultanées au trajet ci-dessus, de la série « pittoresque ».
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Documents textes
1.
Jean-Louis Boissier
Pékin pour mémoire
Vidéodisque interactif, 1985-1986Le texte ci-dessous est la reprise sans retouches de la présentation publiée en 1986.
Pékin, pour mémoire, Pékin, en guise de mémoire, parce que cette ville est une mémoire d’images enfermées les unes dans les autres, alors même qu’elle est en plein bouleversement. Pékin, pour mémoire, pour ne pas oublier bien sûr, pour en noter quelques simples traces. Pour mémoire, c’est aussi : peut-être est-il bon que vous voyez un peu cela (nos archives, qui auraient pu rester privées), à côté de ce que vous-mêmes vivrez, ou avez déjà vécu de la Chine.
Il s’agissait de traiter ce matériau qu’est la réalité de la ville dans toute sa complexité, sans pourtant le moindre souci d’exhaustivité, mais avec des dispositifs de saisie des apparences formellement définis. Il s’agissait moins de décrire que de simplement accumuler des images. Faire du vrai documentaire, mais d’abord donner à voir l’expérience du contact avec le réel : images élaborées, notées, ou simplement cueillies, récits de trajets, inventaires, collections, personnages croisés, vestiges ou installations éphémères.
Le tour de Pékin, au rythme de la marche, selon le trajet «carré dressé» qui relie les 4 temples situés aux 4 points cardinaux de la vieille ville, Autel de la Terre, Autel du Soleil, Autel du Ciel, Autel de la Lune.
Une marche de 12 heures très exactement, le 19 septembre 1985, de 10h à 12h 30 «de la Terre au Soleil», et de 15h à 17h 30, «du Soleil au Ciel», le 21 septembre de 9h à 12h 30, «du Ciel à la Lune», le 23 septembre (jour de l’équinoxe d’automne voué aux sacrifices à la Lune), de 12h 30 à 16h, «de la Lune à la Terre».
Un premier appareil prenait systématiquement une photographie par minute, toujours droit devant soi, dans l’axe du déplacement. Un deuxième appareil notait simultanément ce qui, dans ce déplacement, accrochait notre regard, le pittoresque, à droite ou à gauche. Les deux appareils inscrivaient date, heure, minute, dans la photographie même : preuve d’exactitude et principe de classement synchrone.
Donc, une collection de 1000 images : 720 photos (720 minutes du trajet), plus 280 photos (les à-côtés pittoresques).
Enregistrées dans le vidéodisque, les images sont restituées sous le pilotage d’un ordinateur. Quatre boutons situés sur un plan permettent de choisir pour point de départ l’un des quatre temples, les images du trajet défilent alors sur l’écran au rythme de la seconde (le tour de Pékin en 12 minutes). Mais, à chaque instant, on peut voir une autre image cachée , celle de l’à-côté de l’endroit où l’on se trouve. On l’obtient en pressant un bouton qui ressemble au déclencheur d’un appareil photo.
Le trajet des quatre temples sur vidéodisque est sous forme d’une installation associant une table chinoise où sont les commandes et d’un écran vidéo où apparaissent les images.
En contrepoint, sont exposées des photos carrées en couleurs et en noir et blanc, prises sur des trajets qui eux rayonnent à partir du centre de Pékin (L’école des Beaux-Arts), au cours de cinq séjours, de 1983 à 1987. Ces images carrées présentent des lieux simplement rencontrés mais longuement regardés, vestiges anciens ou modernes, réminiscences des plus vieilles photographies connues de la ville.
Le vidéodisque est la version intégrale et interactive d’une installation multimédia présentée au Théâtre National de Chaillot, en marge de Spectacles dans une maison de thé (Festival d’Automne à Paris, 1986). Il a été présenté notamment à la Biennale de Venise 1986 (Tecnologia e informatica); aux rencontres de la photographie d’Arles, 1988; à l’Espace Chine, Paris, 1988; au Musée de l’Élysée, Lausanne, 1990.2.
Jean-Louis Boissier
Pékin pour mémoire
CD-ROM, 1985-2003En septembre 2001, 16 ans, jour pour jour, après les prises de vues-performances de septembre 1985, je suis retourné en divers points des quatre trajets de Pékin pour mémoire.
On sait que la ville a été, le mot est faible, bouleversée. Cependant, si l’horizon est généralement méconnaissable, si l’ambiance des rues est «modernisée», on se retrouve parfois devant des détails inchangés, dans les structures d’un «texte» urbain qui se donne à relire avec un sentiment de familiarité.
Avoir conçu cette investigation «pour mémoire», avec le projet affirmé d’avoir à l’actualiser de nouveau plus tard, sans effet nostalgique mais dans une volonté d’inscription d’un processus de saisie, n’est pas pour rien dans l’impression procurée par la visite de septembre 2001.
Car il s’agit bien d’un projet explicitement inscrit dans un temps relativement long. La notion de work in progress est ici sans doute la plus adaptée.
Les 1000 images du vidéodisque de 1986 ont été numérisées et montées dans un programme sur CD-ROM.
Ce CD-ROM étant placé sur un petit ordinateur portable, le retour sur les lieux a consisté en un ré-affichage des images datant de 16 ans.
L’ordinateur disposant d’une caméra intégrée, j’ai saisi les observateurs, sollicités ou rencontrés fortuitement sur les lieux-mêmes, avec bien sûr cet argument : 16 ans plus tôt.
Les courtes séquences vidéo sonores ainsi enregistrées, mais aussi des photographies prises sans protocole autre que la réminiscence et le sentiment de preuve de la présence, constituent une nouvelles couche de Pékin, pour mémoire, sans en épuiser le projet qui reste ouvert à de nouveaux «monuments» — au sens de ce qui entretient la mémoire — à recueillir et à assembler.
Il reste aussi à trouver de nouveaux usages à cette entreprise.
2015 Version avec images numérisées et projection
Pékin pour mémoire, 1985-2015
Installation, vidéodisque interactif (version avec ordinateur et vidéo-projecteur)
Ars Electronica, Linz, septembre 2015, Campus Exhibition: Université Paris 8 http://www.aec.at/postcity/campus-paris/
Vidéodisque exposé pour la première fois à la Biennale de Venise : http://jlggb.net/jlb/?page_id=113
Autres présentations : Festival d’Automne, Théâtre de Chaillot, Paris, 1986; Espace Chine, Paris, 1988; Rencontres de la photographie d’Arles, 1988; Musée de l’Élysée, Lausanne, 1990.
Générique de la version 2015 :
Jean-Louis Boissier, conception et réalisation
Jean-Noël Lafargue, programmation
Ye Xin, calligraphie
Télécharger les images pour la presse : http://jlggb.net/jlb/wp-media/presse_boissier_linz_2015.zip
Ci-dessous, photographies haute résolution
Jean-Louis Boissier, Pékin pour mémoire, 1985-2015, installation vidéo interactive. Crédit © Jean-Louis Boissier
Version pour Ars Electronica 2015, Campus Exhibition: Université Paris 8, Linz, 3-7 septembre 2015.