Exposition : projection, collection, expérimentation, activation, fabrication


Ce soba choko ancien, de porcelaine d’Imari, dans la version notoire des « flèches », montre l’une des significations de digital dans (digital) Soba Choko : désigner, exhiber et manipuler. ©Jean-Louis Boissier

Dimanche 27 novembre 2022, midi, Centre céramique contemporaine La Borne, Cher. Selon le principe énoncé, « (digital) Soba Choko est un scénario ouvert à des opérations originales et distinctes, résultant de diverses initiatives inventives, dont la conjugaison peut constituer elle-même une proposition artistique », le projet de recherche a donné une somme d’objets, de démarches et d’expériences artistiques, une exposition que l’on peut considérer elle-même comme une œuvre. Ici à La Borne, la préparation a commencé il y a quatre ans, mais l’idée a existé depuis dix ans, avec une amorce il y a vingt ans. Six casiers montrent 216 pièces, huit tables donnent à observer près de 300 pièces. Les céramiques des casiers ont été spécialement collectionnées ou empruntées. Une centaine de personnes sont intervenues pour la création des céramiques des tables.

PRÉSENTATION SUR LE SITE DE L’EXPOSITION

(digital) Soba Choko
Exposition au Centre céramique contemporaine La Borne
du 26 novembre au 31 décembre 2022

Une recherche qui a une vocation artistique s’est développée à partir d’un objet, une tasse ou plutôt un gobelet qui existe depuis plus de 300 ans au Japon : le soba choko (soba comme sarrasin et choko comme récipient ou bouche). La géométrie et les dimensions du soba choko sont particulièrement stables : un tronc de cône de 6 cm de haut et 6 cm de base, de 8 cm d’ouverture. Cette fixité porte paradoxalement une grande diversité de matières, de textures, de motifs, de signes et encore d’usages. Cette singularité suscite un attrait de découverte et de collection mais témoigne aussi d’un caractère populaire, à l’écart du précieux et du luxe.

Si la poterie s’est trouvé des outils qui en assurent la géométrie, elle a conforté une maîtrise des gestes de la main et des doigts. Le terme digital, qui dit numérique en anglais, nous rappelle que compter avec ses doigts a vu naître les chiffres et que les chiffres ne sont pas étrangers à la poterie. Ne s’agit-il pas alors, pour que se génère un objet, de compter sur ses doigts, aux deux sens du terme ? La notion (digital) Soba Choko étant choisie, elle permet de poursuivre intelligemment une poétique qui est celle de la construction, de l’apparition, de la désignation, de l’interaction, qui relèvent aussi bien du digital comme faisant appel à la main et à la pensée que du digital comme méthode d’organisation et comme contexte. Le signe # est très présent, tracé au bleu de cobalt, sur la porcelaine des soba choko classiques. C’est le pictogramme, en japonais comme en chinois pour signifier un puits et les quatre poutres de sa tête. Une façon de dire « je prends source ici » que l’on retrouve abondamment sur les réseaux avec #sobachoko.

L’exposition est une affaire de nombres, avec le numéro index de chaque pièce. D’abord 6 casiers de 36 cubes, pour classer des soba choko anciens et actuels venus du Japon, mais aussi, d’ici et d’ailleurs, des gobelets pièces uniques ou ordinaires, tant il est vrai que le gobelet est historiquement le récipient personnel universel. Ensuite 8 tables, tables rondes pour donner à consulter les gobelets de type soba choko qui résultent d’expériences : les ateliers spécifiques des écoles d’art, les invitations faites aux céramistes et artistes. Enfin, 2 établis à destination des visiteurs : comment se servir d’un soba choko, selon un rituel ou plus librement ; comment fabriquer un soba choko, à la main, avec des outils ou à l’aide d’un robot.

Le collectif de recherche (digital) Soba Choko s’est fondé à l’initiative de Jean-Louis Boissier, professeur émérite de l’Université Paris 8 en arts, dans l’intention d’une approche pluridisciplinaire de l’objet japonais soba choko et de ses interprétations. Il rassemble des enseignantes et enseignants, des chercheuses et chercheurs et des étudiantes et étudiants de l’École supérieure d’art et de design TALM-Le Mans, sous la responsabilité de Felix Agid, Olivier Chouteau, Ianis Lallemand et Natsuko Uchino, et de l’École supérieure d’art et de design d’Orléans sous la responsabilité d’Olivier Bouton, Virginie Péchard et Caroline Zahnd. Au Japon, le collectif comprend Fanny Terno, artiste chercheuse à l’Université d’art de la Ville de Kyoto et Thomas Vauthier, artiste chercheur à l’Université des arts de Tokyo, qui ont étudié et rassemblé des pièces et ont réalisé un film, ainsi que Hajime Takeuchi, professeur à l’Université des arts de Nagoya, qui a conçu un dispositif de réalité augmentée.

Au Centre céramique contemporaine La Borne, les workshops de tournage et de décoration à destination des étudiantes et étudiants ont été conduits par Claire Linard et Anne Reverdy. Une invitation à contribuer à l’exposition a été adressée à des artistes et céramistes de La Borne, de Cliousclat et de Paris. L’exposition a pour commissaire Jean-Louis Boissier, pour scénographe Béatrice Selleron et pour rédactrice Liliane Terrier.

 

CONTACT

Centre céramique contemporaine
25 Grand’ Route – 18250 La Borne – France
02 48 26 96 21
contact@laborne.org
www.laborne.org

Commissariat
boissier.jl[at]orange.fr

[2022/11/26]

 

Scénographie : Béatrice Selleron, 2022

DESCRIPTIF

(digital) Soba Choko
Exposition au Centre céramique contemporaine La Borne
du 26 novembre au 31 décembre 2022

Le gobelet particulier nommé soba choko a une histoire ancienne et populaire au Japon. Le projet de recherches artistiques « (digital) Soba Choko » est centré sur cet objet qui permet  d’expérimenter un moment d’échanges culturels et artistiques, techniques et commerciaux, et aussi d’observer l’imbrication actuelle et historique du digital comme faisant appel à la main et à la pensée et du digital comme méthode d’organisation et comme contexte.

L’exposition donne lieu à un livret documentaire et à une liste d’identification à destination des visiteurs.

Certaines pièces sont proposées à la vente.

L’exposition a 5 sections : projection, collection, expérimentation, fabrication, activation.

1. Projection

Un diaporama présente une collection de 1000 gobelets soba choko anciens, qui diffèrent avant tout par leurs motifs.

2. Collection

Un mur de petits casiers individuels carrés présente des soba choko et gobelets de référence :

— Des soba choko japonais anciens ;

— Des soba choko japonais actuels de style populaire et traditionnel ;

— Des soba choko actuels de divers styles édités au Japon ;

— Des soba choko signés de céramistes japonais contemporains ;

— Des gobelets de céramistes, principalement français ;

— Des gobelets divers d’usage courant.

3. Expérimentation

À la différence de la section Collection, la section Expérimentation ne présente que des pièces réalisées spécialement pour l’exposition.

Un ensemble de 8 îlots constitués de tables circulaires proposent les soba choko résultats de plusieurs expérimentations :

— Des gobelets de type soba choko de diverses terres et finitions créés spécialement par des céramistes de La Borne en s’appuyant sur la Charte de contribution ;

— Des gobelets de type soba choko en terre vernissée décorés à la poire et à la pointe, créés spécialement par des céramistes spécialisés dans la Drôme et en Haute-Savoie ;

— Des gobelets de type soba choko de porcelaine moulés et décorés de motifs au bleu de cobalt à la main ou au robot par des étudiants des Beaux-Arts du Mans, 2020-2022 ;

— Des gobelets de type soba choko de porcelaine tournés et décorés dans des workshops à La Borne, animés par des céramistes de La Borne, 2022 ;

— Des gobelets de type soba choko à l’imprimante céramique 3D comportant des variations aléatoires réalisés dans un workshop des Beaux-Arts d’Orléans, 2022 ;

— Des gobelets de type soba choko divers créés par des étudiants chercheurs de l’Université des beaux-arts de Tokyo, 2022 ;

– Des expérimentations comparatistes et de croisements de données conduites à l’atelier de recherche de Paris avec le concours du laboratoire de recherche en arts TEAMeD de l’Université Paris 8 — Saint-Denis, 2020-2022 ;

— Des gobelets de type soba choko peints par des artistes dans l’atelier de recherche de Paris.

4. Activation

Une table de documentation et de démonstration accueille divers moments d’usages et de performances autour du soba choko. Des films illustrent ces situations.

5. Fabrication

Une table de documentation et de démonstration permet de prendre connaissance de divers procédés de fabrication de gobelets de type soba choko. Des films illustrent ces opérations.

[2022/10/30]

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COLLECTION PRÉSENTÉE DANS LES CASIERS

Photos ©Jean-Louis Boissier

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