ubiquité 2016-2018

Ubiquité

École nationale supérieure de la photographie, Arles.
Opération de recherche, février- octobre 2016.
Application #Ubiquité conçue par Matthieu Cherubini pour l’opération « Ubiquité Reconnaissance des formes », expérimentations, expositions, workshops, Laboratoire Prospectives de l’image, Caroline Bernard, École nationale supérieure de la photographie, Arles.

Exposition et workshop Ubiquité, galerie Arena, conçus avec Caroline Bernard.
Avec le concours de la Ville d’Arles et d’Octobre numérique 2016.
Avec la contribution de l’association Transports.

ubiquite arena 2016
Exposition Ubiquité, Arena, ENSP, octobre 2016.

ubiquite_semaine_2016_10-1
Publication : numéro « Ubiquité » de Semaine, édité par Analogues.
Télécharger : Ubiquite_Semaine_2016_10.pdf
http://www.analogues.fr/?p=8605

Argument
L’idée d’ubiquité
L’ubiquiste est partout, autrement dit aussi en des places particulières. Ubiquitous bamboo, désigne d’abord une variété, un bambou commun. L’ubiquité des plantes est leur répartition étendue, leur réitération, leur  dimension de colonie (1). Si une plante est clonée, et beaucoup de plantes le sont ou l’ont été, elle est la même en divers lieux et en divers temps. L’écriture se distingue de la langue par sa portabilité d’un individu à l’autre. Sa reproductibilité lui confère autonomie et ubiquité (2). Dans l’un de ses premiers écrits, Henri Michaux dit : « Magazines, cinéma, téléphones, électricité ont à l’’homme contemporain fait don d’Ubiquité.(3) ». Le texte marquant pour l’épistémologie de la reproduction ubiquiste est celui de Paul Valéry, La Conquête de l’ubiquité : « Ni la matière, ni l’espace, ni le temps ne sont depuis vingt ans ce qu’ils étaient depuis toujours. Il faut s’attendre que de si grandes nouveautés transforment toute la technique des arts, agissent par là sur l’invention elle-même, aillent peut-être jusqu’à modifier merveilleusement la notion même de l’art.(4) » Le terme d’ubiquité numérique s’est imposé dans les années 90 pour viser à l’intégration transparente des environnements numériques dans leur contexte physique : localisation, aide-mémoire, applications de rencontre. L’ubiquité réticulaire allait l’emporter, nous y sommes. JLB

1. Francis Hallé, Éloge de la plante, Seuil, Paris, 1999.
2. Michel Melot, Une brève histoire de l’Écriture, J.-C. Béhar, Paris, 2015.
3. Henri Michaux, « Chronique de l’aiguilleur », 1922, Œuvres complètes, Gallimard, La Pléiade, Paris, 1998, p. 12.
4. Paul Valéry, La Conquête de l’ubiquité, 1928, Œuvres, t. II, Paris, Gallimard, La Pléiade, Paris, 1960, pp. 1284-1287. Il est notoire que ce premier paragraphe est placé en épigraphe de L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique de Walter Benjamin, 1939.

 

Bambou ubiquiste

Autorisation d’une lisibilité du monde
Performances, prises de vues et installation à Kyoto, mai-septembre 2016
8 tirages photographiques, 8 séquences vidéo de 30 s en réalité augmentée

Argument
La capacité d’un modèle numérique à rendre compte de l’architecture et du processus de croissance d’une plante est remarquable chez le bambou. Ceci n’est pas étranger aux méthodes que la peinture classique de lettrés chinoise et japonaise a instaurées à partir de caractères pour « écrire l’idée » du bambou : 个 unité, 介 entre, 分  diviser, 竹 (zhu en chinois, take en japonais) le bambou lui-même, marque de l’entre-nœuds qui génère sa croissance (1). 人 pour humain (ren, hito) entre aussi en ligne de compte.
Lors d’une marche de quatre journées dans Kyoto, des bambous sont trouvés devant des maisons et explorés avec l’application de reconnaissance des signes #Ubiquité (2). Une photographie ne peut en être prise que si un kanji de l’« écriture bambou » est reconnu. Une photographie est alors plus qu’une inscription, elle devient une autorisation.
Une expérience semblable est effectuée par dix participants d’un workshop à la Nagoya University of the Arts. Associant sur un clipboard la calligraphie d’un kanji de leur choix et un smartphone, ils opèrent quant à eux une recherche et une reconnaissance perceptives et mentales. La réalité augmentée est là pour restituer et faire partager ces performances (3).

1. Jean-Louis Boissier, « Pour que poussent les images », « Les chemins du virtuel », numéro spécial, Jean-Louis Weissberg et Martine Moinot (dir), Cahiers du CCI, Centre Pompidou, 1989. Repris dans La Relation comme forme, Mamco, Genève, 2009, pp. 31-44.
2. Application #Ubiquité conçue par Matthieu Cherubini pour l’opération « Ubiquité Reconnaissance des formes », expérimentations, expositions, workshops, Laboratoire Prospectives de l’image, Caroline Bernard, École nationale supérieure de la photographie, Arles.
3. Responsable du workshop à la Nagoya University of the Arts : Hajime Takeuchi. Développement de l’application #Kanji Clipboard : Takehisa Mashimo.

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Jean-Louis Boissier, Bambou ubiquiste, diptyque N°1, kanji take (bambou), Kyoto, 2016

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Jean-Louis Boissier, Bambou ubiquiste, diptyque N°8, kanji hito (humain), Kyoto, 2016

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Bambou ubiquiste, installation en réalité augmentée, exposition Materiality-Immateriality, galerie ddd, Kyoto, 8 septembre – 29 octobre 2016.

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Bambou ubiquiste, installation en réalité augmentée, exposition Ubiquité, galerie Arena de l’ENSP, Arles, 11 octobre – 2 novembre 2016.


Jean-Louis Boissier, vidéo de la performance et de l’installation en réalité augmentée Bambou ubiquiste, 2016, Vimeo, 2mn 40s.

 

Camargue codée

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Jean-Louis Boissier, Camargue codée, vue de la série de 8 diptyques, Arena, École nationale supérieure de la photographie, octobre 2016.
Avec le concours de l’École nationale supérieure de la photographie, de la Ville d’Arles et d’Octobre numérique 2016.
Avec la contribution de l’association Transports.

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Prise de vues pour Camargue codée, clipboard associant deux smartphones, l’un pour l’application #Ubiquité, l’autre pour la vidéo, 11 juin 2016. Photo Liliane Terrier.

Camargue codée

Traduction hyper-photographique
Performances, prises de vues et installation à Arles, juin-septembre 2016
8 diptyques de tirages en couleurs et tableaux de signes

L’application #Ubiquité est conçue par Matthieu Cherubini pour l’opération « Ubiquité Reconnaissance des formes », expérimentations, expositions, workshops, Laboratoire Prospectives de l’image, Caroline Bernard, École nationale supérieure de la photographie, Arles.

Argument
Avec son ouvrage Camargue secrète (1), Lucien Clergue exerce des tentatives de décryptage du paysage, des marais, des plantes et de leurs reflets, en forme de photographies qualifiées de « calligraphiques ». Cependant, tout en la donnant pour impossible, il incite à la lecture d’un texte qui obéirait à un agencement secret. Retourner vers son objet en s’équipant d’une intelligence artificielle rudimentaire pourrait être d’une instructive distanciation quant à ce qu’est devenu le photographique (2). La part la plus active de l’ubiquité est sans doute le langage écrit, surtout s’il s’associe à cette ubiquité qu’est la saisie reproductive.
La suite de signes graphiques installés dans l’application résulte d’une analyse des photographies de Camargue secrète. Ce sont des pictogrammes qui géométrisent des relations : rencontres, croisements, séparations, bifurcations, répétitions, symétries, etc. Actifs comme conditions de la prise de vue, ils se reconnaissent dans la perspective optique et vont s’accumuler en des tableaux de signes qui peuvent être pris, avec respect et avec ironie, comme des certification de l’écriture Clergue. De telles traductions hyper-photographiques se substituent aux « photographies au iPhone 6s » que vante aujourd’hui une campagne publicitaire.

1. Lucien Clergue, Camargue secrète, Belfond, Paris, 1976. 75 photographies.
2. Voir Lucien Clergue/Photographies, catalogue d’exposition, Archives départementales, Grenoble, 17 septembre — 30 octobre 1966, « La leçon de Clergue », texte de Jean-Louis Boissier, Marie-Jésus Diaz, Michel Séméniako, commissaires.

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Lucien Clergue, Canal d’Arles à Bouc, hiver 1962, double page de Camargue secrète.

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32 signes graphiques issus de photographies de Lucien Clergue pour l’application #Ubiquité dans les prises de vues de Camargue codée, 2016.

Impression
Jean-Louis Boissier, Camargue codée, diptyque N°3, 2016.


Jean-Louis Boissier, vidéo de l’installation Camargue codée, 2016, Vimeo, 3mn 20s. Prises de vues : Liliane Terrier, JLB.

 

Papyrus rudiments


Papyrus rudiments
Reconnaissance de signes, 2017
Première présentation dans l’exposition Haunted by Algorythms, Jeff Guess et Gwenola Wagon commissaires, galerie Ygrec, Les Grands Voisins, Paris, 21 janvier — 5 mars 2017.

Application #Ubiquité* de reconnaissance de signes selon un « alphabet » spécifique associée à la prise de vues.
Ensemble de papyrus sur une table devant un mur blanc éclairé.
Clipboard présentant 12 calques imprimés de groupes de signes reconnus dans les papyrus présents.

Les papyrus comportent des signes qui relèvent de leurs apparences mais qui renvoient plus fondamentalement à leurs architectures, à leurs croissances, à leurs comportements, à leurs échanges. Ces signes d’articulations relationnelles sont perçus spécifiquement par le cerveau où ils instaurent des systèmes d’intellection distincts des langues, tout en contribuant aux écritures. L’application #Ubiquité donne à exercer la reconnaissance et la collecte de ce code de façon à révéler les rudiments d’un infra langage graphique et à les inscrire sous la forme d’un volume de notes.

* Application #Ubiquité conçue par Matthieu Cherubini pour l’opération « Ubiquité Reconnaissance des formes », expérimentations, expositions, workshops, Laboratoire Prospectives de l’image, Caroline Bernard, École nationale supérieure de la photographie, Arles.

 


Sur une invitation de Luc Courchesne, dans l’exposition iX Immersion-Experience de la SAT — Société des arts technologiques de Montréal — le dispositif Papyrus Rudiments est exposé du 29 mai au 2 juin.

Première page du clipboard imprimé donnant accès aux films de reconnaissance de ces signes dans les papyrus.


Exemple d’une vidéo vue en réalité augmentée.

Symposium iX (l’eXpérience Immersive), « La conquête du Réel » du 29 mai au 2 juin 2018, Société des arts technologiques, Montréal
Version 2018 avec réalité augmentée de Papyrus Rudiments
Conception et réalisation : Jean-Louis Boissier
Production : École nationale supérieure de la photographie, Arles, laboratoire de recherche de Caroline Bernard, avec le concours du Labex Arts-H2H et de l’association Transports, Paris
Développement : Matthieu Cherubini et Takehisa Mashimo.

Argument
Les papyrus comportent des signes qui relèvent de leurs apparences mais qui renvoient plus fondamentalement à leurs architectures, à leurs croissances, à leurs comportements, à leurs échanges. Ce sont des signes qui géométrisent des relations : rencontres, croisements, séparations, bifurcations, répétitions, symétries, etc. Ces pictogrammes d’articulations relationnelles sont perçus spécifiquement par le cerveau où ils instaurent un système d’intellection, un langage de signes non verbal, tendant vers une écriture. Une application de capture photographique donne à exercer la reconnaissance de ces systèmes et à en collecter des éléments qui peuvent s’inscrire en forme de livres de lecture pour l’apprentissage de ces rudiments. Cette proposition expérimentale et emblématique a conduit à concevoir une caméra dont le déclenchement est subordonné à la reconnaissance de signes graphiques et à développer une application compatible avec des smartphones performants mais standards. Ce dispositif et sa problématique sont ainsi proposés dans un esprit d’investigation artistique, analytique et critique d’une intelligence artificielle située à la rencontre immersive de l’actuel et du virtuel.