Mardi 14 avril 2015, 12h30, autoroute entre Neuchâtel et Bienne, Suisse. Avant, la route était étroite, traversait des villages, des places, croisait de petites routes le long du lac de Neuchâtel puis du lac de Bienne. Ici, à la hauteur de La Neuveville, le désir urgent de noter des idées qui me viennent. C’est d’ici que l’on prend le bateau pour rejoindre l’idyllique Île de Saint-Pierre, l’île de Rousseau et de ses « notes en crayon ». Mais c’est désormais une autoroute presque entièrement souterraine, qui vous aspire, qui vous impose ses vitesses et ses présélections, qui vous interdit tout arrêt. Une seule solution, une étroite aire d’arrêt d’urgence du tunnel.
Voir : « Am Bielersee » http://jlggb.net/blog/?p=3069
Catégorie : Lieu
Le cerisier et les platanes
Mardi 31 mars 2015, 17h30 (heure d’été), Jardin des plantes. Déjà pris le 4 avril 2008 (http://jlggb.net/blog/?p=270) et le 6 avril 2010 (http://jlggb.net/blog2/?p=1745), le cerisier du Japon qui s’appuie largement au sol se confronte au réseau des platanes (http://jlggb.net/blog4/?p=835 et http://jlggb.net/blog3/?p=1496) et aux nuages.
Au sol
À la Kunsthalle de Berne
Mercredi 11 février 2015, 15h — 30h30, Kunsthalle, Helvetiaplatz, Berne. La première visite était en septembre 1967, avec Georges Béjean, Philippe Nahoum et Jean-Louis Boucher, pour rencontrer le conservateur Harald Szeemann, dans la perspective d’une exposition à la Maison de la culture de Grenoble. En mars 1969, ce fut l’exposition, de Harald Szeemann, Quand les attitudes deviennent forme, qui me marqua définitivement. Voir : http://jlggb.net/blog3/?p=5900. Le célèbre pont métallique qui relie directement la vieille ville à la Kunsthalle fut lié, en 1989, à une très intéressante installation de l’artiste américain Max Neuhaus, Time piece. L’amplification progressive des bruits environnants, coupée à chaque heure, donnait à entendre un silence à la place d’une sonnerie de cloches. Aujourd’hui, je consulte les archives pour retrouver le catalogue de l’exposition 12 environnements, de l’été 1968, dont j’avais retenu d’abord les volumes de Piotr Kowalski, « À être environnés chez vous ».
Care of
Vendredi 30 janvier 2015, 15h, fondation C/O, Amerika Haus, Hardenbergstraße, Berlin. Blow Up. Antonioni’s Classic Film and Photography, une intéressante exposition dans un bâtiment très bien restauré — des années 50, un lieu qui a eu une histoire mouvementée, jusqu’à ce qu’il soit repris par la Ville de Berlin et qu’il accueille ce centre culturel —, avec une bonne cafétéria sur la rue (Site : http://www.co-berlin.org). Je note que la façon de planter la fourchette dans le gâteau semble nationale (mais ici plus discrètement qu’à Hambourg : http://jlggb.net/blog4/?p=1144)
Le shifter comme utopie
Samedi 24 janvier 2015, 17h, Paris, 6e. Il y a une semaine, Tiphaine m’a dédicacé son livre, qui fait événement, Roland Barthes, biographie au Seuil, 720 pages, 15 x 24 cm. Elle écrit « qui a connu » car je lui ai dit qu’en 1966 ou 1967, logeant au 11 rue Servandoni chez Annie P. et Boris P., — amis de mon ami Hervé B. —, j’avais croisé R.B. sous le porche. Il habitait au dernier étage de l’escalier B. Après 1975, lisant Roland Barthes par Roland Barthes, je fus retenu définitivement par ce passage, pages 168 et 169 :
Le shifter comme utopie
Il reçoit une carte lointaine d’un ami : « Lundi, Je rentre demain. Jean-Louis. »
Tel Jourdain et sa prose fameuse (scène au demeurant assez poujadiste), il s’émerveille de découvrir dans un énoncé aussi simple la trace des opérateurs doubles, analysés par Jakobson. Car si Jean-Louis sait parfaitement qui il est et quel jour il écrit, son message, parvenu jusqu’à moi, est tout à fait incertain : quel lundi ? quel Jean-Louis ? comment le saurais-je, moi qui, de mon point de vue, dois instantanément choisir entre plusieurs Jean-Louis et plusieurs lundis ? Quoique codé, pour ne parler que du plus connu de ces opérateurs, le shifter apparaît comme le plus retors — fourni par la langue elle-même — de rompre la communication : je parle (voyez ma maîtrise du code) mais je m’enveloppe dans la brume d’une situation énonciatrice qui vous est inconnue; je ménage dans mon discours des fuites d’interlocution (ne serait-ce pas, finalement, toujours ce qui se passe lorsque nous utilisons le shifter par excellence, le pronom « je » ?). De là, il imagine les shifters (appelons ainsi, par extension, tous les opérateurs d’incertitude formés à même la langue : je, ici, maintenant, demain, lundi, Jean-Louis) comme autant de subversions sociales, concédées par la langue, mais combattues par la société, à laquelle ces fuites de subjectivité font peur et qu’elle colmate toujours en imposant de réduire la duplicité de l’opérateur (lundi, Jean-Louis), par le repère « objectif » d’une date (lundi 12 mars) ou d’un patronyme (Jean-Louis B.). Imagine-t-on la liberté et si l’on peut dire la fluidité amoureuse d’une collectivité qui ne parlerait que par prénoms et par shifters, chacun ne disant jamais que je, demain, là-bas, sans référer à quoi que ce soit de légal, et où le flou de la différence (seule manière d’en respecter la subtilité, la répercussion infinie) serait la valeur la plus précieuse de la langue ?Roland Barthes par Roland Barthes, Seuil, Paris, 1975
Procrastination
Mardi 30 décembre 2014, 23h, 93bis. Un texte à finir depuis des jours. La deadline est demain, alors il reste de la place pour procrastiner. Ce pan de mur (88 cm x 66 cm) est sur le palier juste à côté de la porte. Il y a des mois, il a été creusé pour voir d’où venait l’humidité (on peut lire 40% dans le coin supérieur droit). Construction de plus d’un siècle, tout un travail de signes sur le plâtre et de la peinture rouge sur le bois (un reste dans un pinceau). La lumière est « naturelle », une seule ampoule au plafond. C’est pour ne pas manquer la fin de l’année que cette photo et ce billet n’ont pas été remis à demain.
Hypothèse
Jeudi 18 décembre 2014, 11h. La Sorbonne, salle Jean- Baptiste Duroselles, petite salle de soutenance des doctorats. Pause dans la soutenance de Johanna en esthétique et sciences de l’art. Il y est question de la « révolution numérique et de ses effets esthétiques ». C’est problématique : on peut penser que le numérique a contribué à quelque chose et que ce quelque chose n’est pas exactement une révolution.