Mercredi 26 août 2015, 22h30, atelier. La collection de photos de Pékin pour mémoire, avec ses enchaînements, peut aujourd’hui être vue comme « plagiat par anticipation »* de Google Street View. Caroline Delieutraz a démontré avec Deux visions (http://www.delieutraz.net/deux-visions/) comment on pouvait y faire du Depardon. Sauf que Pékin pour mémoire était marqué par Aspen Moviemap, inventée entre 1978 et 1980 par des chercheurs du MIT sur commande d’une « carte tactique » par l’armée américaine (notre collègue Michael Naimark : http://www.naimark.net/projects/aspen.html). Sauf que cette même période remettait en avant une pratique de la « mission héliographique » du milieu du XIXe siècle (http://expositions.bnf.fr/legray/arret_sur/1/index1d.htm). Différence en fin de compte : l’installation Pékin pour mémoire ne cherche pas à cartographier mais à inscrire une histoire particulière, même si elle confronte des prises de vues d’apparence automatique à d’autres qui seraient dans le maximum du pittoresque exotique. Le numérique s’était introduit dans la photographie par le « dos dateur », l’inscription indélébile de l’heure et de la date dans la pellicule. C’est en particulier par là que je suis entré dans le monde des « métadonnées ».
*Pierre Bayard a écrit ce livre éclairant sur l’inventivité : Le Plagiat par anticipation (Minuit, 2009).
Mois : août 2015
Pittoresque du 23 septembre 1985
Pittoresque du 21 septembre 1985
Pittoresque du 19 septembre 1985 après-midi
Pittoresque du 19 septembre 1985 matin
Mùlù, 目录
Le pavé numérique
Lundi 24 août 2015, 20h, atelier. Le bricolage est la façon d’adapter les archives. Pékin pour mémoire fut le deuxième vidéodisque à vocation artistique et expérimentale, après Le Bus, et il fut exposé à la Biennale de Venise de 1986. Les quelque 1000 photos qu’il agence furent prises les 19, 21 et 23 septembre 1985 sur un trajet — théoriquement le plus direct — reliant les quatre autels des quatre points cardinaux de Pékin : Autel de la Terre au nord, du Soleil à l’ouest, du Ciel au sud, de la Lune à l’ouest. Une photo par minute, douze heures de marche en photographiant toujours devant moi. Un deuxième appareil prenait des images pittoresques. L’installation doit être remontrée pour son trentième anniversaire. Sur une table, carré dressé sur son angle , cinq boutons sont les quatre points de départ avec, au centre, celui pour voir les photos « cachées » derrière le trajet. Le programme répond aux cinq chiffres 1, 3, 5, 7, 9. Choix arbitraire, si ce n’est qu’il figure le carré sur un « pavé numérique ». Le « circuit imprimé » du clavier a été déplié et les contacts détournés vers de vrais et solides boutons. La mémoire digitale fonctionne, j’y retrouve notre marche. On pourrait ici publier des photos ?
La puissance de la parole
Samedi 22 août 2015, 14h30, Passage Saint-Pierre Amelot, Paris 11e. Dans ce quartier qui fut très occupé par la Poste, ce très intéressant bâtiment de figures de béton moulé, années 70. C’est un siège de la direction d’Orange. Je revois le titre du court-métrage que donna Godard en 1988 à France-télécom, La Puissance de la parole, librement inspiré de la nouvelle d’Edgar Poe.