Immergés

ars electronica
Vendredi 4 septembre 2015, 15h, Linz. La grande salle de projection en haute définition du centre Ars Electronica nommée Deep Space a un écran qui occupe le sol. Enfin un moyen d’oublier les sièges qui ont fait confondre le cinéma avec le théâtre ou l’opéra. On y voit des monuments archéologiques menacés de destruction saisis au laser et « conservés » en nuages de points en 3D. Voir ici.

Réalité augmentée

airbus-ipad-2015
Mardi 1er septembre 2015, 14h42, Airbus Lufthansa à destination de Francfort (transit pour Linz). On nomme réalité augmentée des informations, des images, qui viennent se superposer aux vues directes. La jeune fille à côté de moi filme le décollage avec son iPad. Elle a la place pour ça, le hublot. Mais je vois le paysage vu d’avion comme un film en direct et en contexte, avec, qui plus est, une version plus classique de la réalité augmentée, le reflet de son visage à lunettes.

La puissance de la parole

orange-paris-11e-2015
Samedi 22 août 2015, 14h30, Passage Saint-Pierre Amelot, Paris 11e. Dans ce quartier qui fut très occupé par la Poste, ce très intéressant bâtiment de figures de béton moulé, années 70. C’est un siège de la direction d’Orange. Je revois le titre du court-métrage que donna Godard en 1988 à France-télécom, La Puissance de la parole, librement inspiré de la nouvelle d’Edgar Poe.

Lieux d’adieu au langage

nyon-fontaine-usine-2015
nyon-enfants-grille-2015
nyon-arbre-ponton-2015
Lundi 20 avril 2015, 13h, Nyon. Révision d’endroits fréquentés depuis longtemps. En août 1997, on y filmait la petite Goton et Mlle de Vulson, Julie et Saint Preux, pour le CD-Rom Moments de Jean-Jacques Rousseau. Et surtout, Adieu au langage, le film-poème stéréoscopique de Godard, en a formé des images, proches mais aussi transportées dans le rêve.

Godard stéréoscope

godard adieu aquarelle
godard adieu panneau
Dimanche 4 janvier 2015, 19h — 20h, cinéma rue Cujas, Paris 5e. Revoir le dernier film de Godard, Adieu au langage, pour étudier sa façon de traiter la stéréoscopie cinématographique. Il a été beaucoup dit qu’il la « maltraitait ». Mais c’est d’une invention extrême, un bricolage au sens fort, un hacking poétique. Les plans avec le chien sont faits simplement, semble-t-il, avec une caméra-téléphone binoculaire. Parfois l’image de gauche et l’image de droite sont découplées et elles inscrivent deux vues distinctes de la même scène. Les focales, les mises au point, les incidences, les réflexions sont libérées des normes aujourd’hui conduites par le 3D numérique. Il y a encore des décalages dans le temps qui font toucher à une quatrième dimension. Mais surtout, et c’est ça que j’ai observé de près et compris, l’écart et l’angle entre les deux objectifs sont variables et souvent supérieurs à la distance « naturelle » entre les yeux. Tout se passe alors comme si l’observateur, le spectateur, question d’échelle, était plus grand que ce qui est filmé. Cette distanciation à la fois optique et artistique est géniale, les personnages sont à la fois « très en relief » et perçus comme petits, comme des figurines vivantes. Vers la fin du film, Godard et Miéville manipulent un stylo Pelikan et de l’aquarelle.

Vue + voix = fiction

fact corbusier lavabos
fact barbican porte
Dimanche 21 septembre 2014, 18h, Centre culturel suisse, rue des Francs Bourgeois, Paris 3e. Le bénéfice du doute est le titre de la suite de deux films du Collectif_fact (Annelore Schneider, née en Suisse en 1979, vit à Londres et Claude Piguet, né en 1977, vit à Genève). Hitchcock presents (2010) et The Fixer (2013) ont en commun de réunir des images et des textes qui ont des existences indépendantes pour les faire énigmatiquement signifier ensemble. Les vues filmées de la Maison blanche de Le Corbusier à La Chaux-de-Fonds sont avec la voix d’Hitchcock donnant l’intrigue de son film Psycho. Les photographies de l’intérieur du Barbican Centre (on y était il y a quelques jours, c’est troublant) sont avec la voix d’un « script doctor », homme chargé de corriger un scénario en éliminant des personnages ou des scènes, que l’on peut prendre pour un tueur en puissance. La salle présente deux éléments de décor, papier peint et lampe, qui viennent des lieux réels.

Sils Maria Luxor 2.0

sils assayas louxor micro
sils assayas louxor video
Mercredi 20 août 2014, 20h, cinéma Le Luxor, Barbès-Rochechouart, Paris. Sortie du film Sils Maria, en présence du réalisateur, Olivier Assayas. Observés d’en haut, la plupart des spectateurs ont eu leur smartphone à la main et l’ont consulté. Le film aussi évolue par écrans mobiles en réseaux, Google, Skype, Youtube, etc. Avant d’aller voir le film, j’ai cherché dans Wikipédia : les stars 2.0 ont, Chloë Grace Moretz 17 ans et Kristen Stewart 24 ans. La star classique Juliette Binoche 50 ans, Olivier Assayas bientôt 60. Le « serpent du col de Maloja », qui donne dans le film la pièce Maloja Snake, je le situe sous Google Maps, comme le grand hôtel de luxe Waldhaus (où une bouture de crassula fut prélevée le 23 juillet 2009 : http://jlggb.net/blog/?p=4567). Les nuages, ils étaient déjà sur jlggbblog numéro 1 : http://jlggb.net/blog/?p=4485, avec l’idée réglementaire de l’éternel retour. Le Louxor, ouvert en 1921 a connu l’affluence et le déclin, avant de finir en boîte de nuit puis d’être restauré avec un grand souci d’authenticité et rouvert en 2013 (http://www.cinemalouxor.fr/histoire-du-louxor/). Les sièges sont à l’ancienne, inconfortables. Au parterre, il faut renverser la tête pour voir l’écran. Au premier balcon, il faut éviter le premier rang car le garde-corps barre la vue, et on ne voit pas la « scène » qui doit donc être projetée en vidéo directe. La projection en haute définition numérique se heurte à une tentative de cinéma maintenu dans son passé.  Si on entend cloud  comme dans cloud computing, le titre anglais Clouds of Sils Maria confronte un lieu hautement marqué dans le passé avec la virtualisation des situations. Sils Maria est un très bon film, il montre ce qui change avec le temps — le vieillissement — comme un phénomène météorologique que l’on peut accepter.