Sur mon étagère : erlenmeyer en verre pyrex de 50 mL, made in France, breveté sgdg


Mardi 24 janvier 2012, 23h55. Ce flacon, employé en chimie et en biologie, un erlenmeyer à ouverture étroite (inventé en 1861 par Emil Erlenmeyer, 1825-1909), me suit depuis les années soixante. Il ne provient pas des travaux pratiques du Lycée du Parc de Lyon ni de la Faculté des sciences de Grenoble. Je l’avais acheté à l’époque pour la clarté de sa forme, et peut-être comme signe de mon attachement aux études scientifiques au moment où je m’en écartais.

Le réchauffement de la planète


Vendredi 6 janvier 2012, 16h, café Le Flore en l’Île, Île Saint-Louis, Paris, 4e. Si on s’arrête ici, en faisant abstraction de l’accordéon parisien et du prix de l’expresso — pour justifier ce prix, on nous sert des truffes au chocolat hors limite et deux verres d’eau du robinet —, c’est pour les rayons de soleil. Le réchauffement de la planète y est vu par le petit bout de la lorgnette : cet hiver, on n’a pas d’hiver.

On avait perdu de vue la Spatz Molla


Samedi 31 décembre 2011, 13h-15h, Centre Pompidou, collections du 4e étage du Musée national d’art contemporain : Roger Tallon (1929-2011), Chaise Standard, Module 400 et Chaise Échiquier, 1966, fonte d’aluminium poli, mousse de polyuréthane alvéolée, édition galerie Lacloche, achat 2010. Je n’aurais pas photographié ces chaises sans l’accroche de la Spatz Molla. Car le « vrai nom » de cette mousse est Spatz Molla. Nous avions, dans les années 70, des matelas de camping en Spatz Molla, ce matériau ultramoderne de la maison Spatz, à Zürich : http://www.spatz.ch. Nous l’avions perdue de vue. C’était toute une époque.

Dossier de presse de la galerie Jousse Entreprise, 2005 : Le « Module 400 » (1965) fut conçu pour l’aménagement d’une boîte de nuit. Occupant un ancien garage, le lieu devait évoquer un tronçon d’autoroute. Tallon en quadrilla le sol de dalles métalliques de 400 x 400 mm de côté.

Roger Tallon est celui par qui on a entendu l’expression esthétique industrielle, avec précisément pour moi l’image de la caméra Sem Veronic 8mm (1957). Ensuite, on a connu l’escalier hélicoïdal (1964), le téléviseur Téléavia (1966), la maquette de la revue Art Press (1973), les dernières montres Lip (1973-75), les trains Corail, le TGV, l’Eurostar — mais Tallon devait déclarer en janvier 2011 à Télérama : « La SNCF détruit tout mon travail. Je ne lui pardonnerai jamais. » Il avait fondé en 1963 le département design de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs, où il enseigna pendant 30 ans.

Sur mon étagère : une femme et un enfant en figurine


Mardi 27 décembre 2011, 0h50. Sur mon étagère, il y a, « depuis toujours », une figurine qui habitait un quai de gare ou un wagon d’un train mécanique ou électrique de la marque Hornby. Achetée au début des années 50, elle faisait partie d’une boîte Hornby de sujets en matière plastique qui reprenaient — on apprend cela aujourd’hui sur Internet de la part des nombreux nostalgiques et collectionneurs, ou encore des vendeurs sur e-Bay, de ma génération, qui croient posséder des trésors — des modèles précédents en aluminium que j’ai vus lors de ma récente visite de l’exposition du Grand Palais, « Des jouets et des hommes ». Autre chose : je m’étais efforcé, au cours d’une série de photos entreprise à Noël 1967 à Marseille et poursuivie jusque dans les années 80 et au-delà, sous le titre : Marseille, jamais que pour ça — voir : 31 décembre 2007, http://jlggb.net/blog/?p=177, de placer cette femme et cet enfant avec bagages, cette dame et ce garçon, cette mère et son fils, dans la photo d’une sculpture allégorique du grand escalier de la gare Saint-Charles où ma mère, ma sœur et moi avions été pris en photo par mon père en 1951, lors d’un premier voyage à Marseille, le premier grand déplacement en train. Remarque : l’image de la trotteuse du réveil indique que le temps de pose a été de 8 secondes.



Marseille, escalier de la gare Saint-Charles en 1951 et le 31 décembre 2007 (la figurine se trouve véritablement posée là, ce n’est pas un montage).

Dossier : Retour sur la lampe Tolomeo


Les pièces constitutives de la lampe Tolomeo Micro (Artemide).


Jean-Louis Pradel a reçu Michele De Lucchi (designer milanais) le 24 novembre 2011, dans le cadre de ses Ateliers de rencontre de l’Ensad. Il y est question des lampes Tolomeo et de leur succès.

Voici une rétrospective des apparitions de la lampe Tolomeo dans jlggbblog :


« Composition colorée », 27 novembre 2008, http://jlggb.net/blog/?p=836


« Ambiance de travail, bis », 15 juin 2009, http://jlggb.net/blog/?p=3855


« Le regroupement familial (Vie des objets. Ch.5) », 5 août 2009, http://jlggb.net/blog/?p=4680


« Decentrata », 9 janvier 2010, http://jlggb.net/blog2/?p=685

Dans des expositions :
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JLB, Mémoire de crayons, installation avec 1024 crayons, un ordinateur et une base de données, Centre Pompidou, 2001. Les deux lampes Tolomeo video ont été offertes par Artemide.


Jean-Michel Géridan, Lipstick Traces, installation interactive, Jouable, Ensad, 2004. La scénographie de cette exposition employait exclusivement des lampes de bureau Tolomeo.

 

Sur mon étagère : machine de capture, machine de mémoire



Dimanche 11 décembre 2011, 23h, Paris. Sur mon étagère, il y a, depuis des années, un appareil photo que j’ai emprunté à Frank Popper. C’était en 1983, nous préparions l’exposition Electra pour le Musée d’art moderne de la Ville. F.P. m’avait demandé de chercher et de classer des photographies dans son bureau qui se trouvait sous les toits, quai des Grands Augustins. Il s’interrogeait sur une éventuelle pellicule qui se trouverait dans cet appareil étrange, petit, très lourd, nommé Robot, comportant un mouvement à ressort et un solide bouton pour le remonter. C’est que cet appareil peut capturer les images en rafales. Il y avait une pellicule mais elle ne donna rien. Aujourd’hui, Frank vient, avec Aline, nous rendre visite. La vue de l’objet lui dit quelque chose, mais il ne se souvient pas d’où il le tenait. Ce que l’on peut comprendre de cet appareil photo, c’est qu’il a rapport à la guerre, à l’aviation. L’objectif est un Schneider-Kreuznach Tele-Xenar f : 3,8 – F=7,5 cm. Le viseur présente un cache qui réduit le champ pour l’adapter au téléobjectif. La visée se fait ou bien par l’oculaire arrière ou bien par l’oculaire de côté. Les négatifs font 22 mm de large sur 23 mm de haut. Ici, l’inscription gravée sur les appareils Robot II F embarqués, « Luftwaffen-Eigentum » (Propriété de l’Armée de l’air — voir un document trouvé sur Internet), a été grattée. Il y a un numéro à l’intérieur, qui est en bakélite : F 55783-5. Car on peut apprendre qu’un tel appareil — qui gagna un Grand Prix à l’Exposition universelle de Paris en 1937 — fut fabriqué à 20 000 exemplaires (voir le site consacré à l’histoire du modèle Robot : http://www.robot-camera.de/ROBOT_Historie/robot_historie.html) pour équiper les avions allemands engagés dans la guerre, et notamment ceux qui avaient pour cibles les villes et la population de Grande-Bretagne (http://www.robot-camera.de/ROBOT_Kameras/Robot_II/Robot_II_Luftwaffe/robot_ii_luftwaffe.html). C’est ici qu’il faut rappeler que F.P. a fui Tannwald, en Tchécoslovaquie, en juillet 1938 (il avait 20 ans), pour Londres où il a cherché et finalement obtenu un engagement volontaire dans la RAF, non pas comme Photointerpreter, comme il le souhaitait, mais comme Wireless Operator (lire son livre Réflexions sur l’exil, l’art et l’Europe, Klincksieck, 1999, pp.61-62 et l’article de jlggbblog du 22 mars 2009 : http://jlggb.net/blog/?p=1895). Frank Popper m’a dit, cet après-midi, qu’il souhaiterait écrire un curriculum vitæ, non pas l’énumération de tous ses articles, de toutes ses conférences, mais la suite de tous les instants qui ont marqué son existence, qui ont marqué sa mémoire. Je fais l’hypothèse que l’objet qui est sur mon étagère provient d’un avion tombé en Angleterre et récupéré par F.P.

1290 ℃ — 20 s


Cette tasse de porcelaine provient du Department of Crafts & Design de la National Taiwan University, dont le directeur est Chi-Chang Lu (呂琪昌). Elle nous a été offerte le vendredi 4 novembre 2011, lors de la cérémonie de clôture du workshop « À condition d’en sortir » (voir aussi : http://jlggb.net/blog2/?p=7445). M. Lu est spécialiste de la céramique chinoise antique. Il a récemment développé des méthodes d’émaillage à partir de matières naturelles de Taïwan. La glaçure de la tasse (78 mm de diamètre, 72 mm de haut), en « gouttes de pluie vitrifiées », est obtenue grâce à l’oxyde de fer noir et à une prolifération de gouttelettes d’huile, à une température de cuisson de 1290 °C. C’est l’occasion d’un exercice photographique : l’objet est éclairé avec une lampe de poche mouvante, pendant un temps de pose de 20 s.