Samedi 27 août 2022, 22h, Paris. Arrivé expressément du Japon, le soba choko ancien de porcelaine d’Imari, dans la version courante et notoire « flèche », est choisi pour montrer comment le digital de l’exposition à venir (digital) Soba Choko à La Borne est aussi et peut-être d’abord une manière de dire désigner, exhiber et manipuler, et aujourd’hui de pointer le workshop #motifs avec Anne Reverdy qui a lieu là-bas dans une semaine.
Étiquette : porcelaine
Transiter (Ch. 99)
Lundi 12 juillet 2021, 22h, Aix-les-Bains. Un hôtel à l’abandon depuis des années, Le Continental, est repris par une coopérative qui vend des produits bios et qui va ouvrir un café-restaurant. Pour cultiver la clientèle, une visite des travaux est proposée. Ayant à l’esprit une collecte des duos sucrier crémier, j’aperçois un pot à lait en porcelaine que je pense connaître. On me l’offre, il a bien l’inscription Colditz, Made in GDR. Le service pour l’hôtellerie nommé Rationell a été dessiné par Margarete Jahny et Erich Müller au début des années 1970. Sur une ligne qui se réclame plus ou moins ouvertement du Bauhaus, les pièces sont fonctionnelles : utilisables d’une seule main, bec verseur sans gouttes, empilement et agencements possibles, couvercle retenu, etc. Au début des années 90, dans le train vers Karlsruhe ou, plus loin, vers Linz, on a aimé les wagons-restaurants Mitropa, qui avaient été une exclusivité de la RDA. La vaisselle était cette Rationell, avec notamment l’emblématique petite verseuse, la Kännchen. Mon pot à lait n’est pas retrouvé sur les sites de brocante en ligne, mais le plus petit s’y trouve, et avec la marque Mitropa. Coïncidence significative : l’affiche et le catalogue de l’exposition qui vient d’ouvrir à Bâle, chez Vitra, « Deutsches Design 1949-1989, Zwei Länder, eine Geschichte », présente la serveuse Mitropa comme modèle historique du design d’Allemagne de l’Est.
Marquer (Ch. 93)
Mercredi 20 janvier 2021, 18h. En porcelaine, je suis marqué Thomas Germany. On m’a désigné comme Zuckerdose mit Deckel. Sucrier, j’ai été transporté vers la France avec mon crémier assorti, je ne saurais pas dire quand, il y a quarante ans peut-être. Notre duo a attendu sur un rayon des Chantiers Valoristes, à Drumettaz-Clarafond. Aujourd’hui vers 16h, on a été vendus un euro chacun. Celui qui nous emportait dans un sac en plastique marchait le long d’un grand terrain lorsqu’il est tombé subitement en glissant sur un talus argileux très humide. Nous avons frappé le dessus de sa main gauche et je me suis cassé la couronne dorée, un peu. À l’arrivée, il y a eu un constat photographique.
Se laver (Ch. 81)
Vendredi 5 juillet 2019, 13h13, 93bis. Il est arrivé en passant péniblement par le bureau de poste Sainte Marguerite, il a été envoyé depuis Munich avec la Deutsche Post et DHL par Maria sous le tracking number LB753887839DE, de la « boutique » Vintage mit Sahne, du réseau de vente Etsy, le petit crémier parfaitement dessiné par Suzanne Öhlén, du service en porcelaine Clair de lune, produit de 1983 à 1994 par la fameuse et très ancienne firme Röstrand, Suède, qui fut définitivement fermée en 2005. Au sortir du sérieux colis de carton, du bull pack et du papier froissé, il faut passer dans le bain de savon noir et de javel pour rejoindre une étagère de la collection.
La réparation (Ch. 12)
Mercredi 28 juillet 2010, 23h30. Sur le bureau depuis plus de quatre ans, il vient de la boutique d’antiquités de la Petite Pagode de l’Oie sauvage de Xi’an (en Chine). Un pot de porcelaine ainsi cassé et réparé, avec ses agrafes de fer et ses cicatrices bien visibles, c’est ce qu’il fallait pour permettre de croire, non pas tant à une authenticité forcément opaque, mais tout simplement à une longue vie intéressante.
La blessure (Ch.8)
Samedi 27 février 2010, 8h. Elle a été la candidate (voir : http://jlggb.net/blog2/?p=258) et, sans que ce soit ouvertement dit, la favorite. La mug de Xi’an connaît aujourd’hui ce qu’est l’existence d’une immigrée. L’existence est un lave-vaisselle. L’ébréchée risque la relégation.
La candidature (Ch.6)
Dimanche 13 décembre 2009, 9h. On en était là : les mugs Muji s’imposaient, malgré une défaillance (voir jlggbblog 1, « La maladie, 21 mai 2009). La remise en cause est venue d’une circonstance extérieure. Une soirée trop occupée, ou bien la fatigue : le lave-vaisselle n’a pas été lancé. Le matin, une candidate s’est présentée. Retour quelques semaines plus tôt, le 21 octobre 2009 avant midi, dans le bureau du directeur des études de l’Académie des Beaux-Arts de Xi’an. H.D. a passé plusieurs années à Paris. On est familier avec lui. Sa tasse à couvercle, où il tient toujours un thé chaud, a un air de parenté avec la défunte Spode. C’est que les chinoiseries sont retournées en Chine. Pas seulement pour la récente délocalisation de la fabrication de la Spode (voir jlggbblog 1, « La jalousie », 4 septembre 2008), mais il y a plus d’un siècle, par un métissage Orient-Occident des formes et des motifs. La tasse qui est là, de fabrication récente, à une forme cylindrique à grosses cannelures, une anse baroque et ergonomique, un motif « chinois » simplifié et géométrisé, mais elle évoque l’Angleterre, ou l’Autriche, ou la Turquie, aussi bien l’Impératrice Tseu-hi que la Reine Victoria. Elle incarne une idée de La Chine qui a prospéré ailleurs. Elle est en porcelaine épaisse mais amincie au bord, pas en faïence comme la mug Spode mais avec très exactement les mêmes dimensions. Robuste, un peu vulgaire, mais elle a du caractère et de l’élégance. En oubliant son chapeau, elle a fait une très bonne candidate mug, version retour à la tradition. Elle est partie pour Paris.
Dans le bureau de H.D. à Xi’an, le 21 octobre 2009, un peu avant midi.
Pour celles et ceux qui voudraient la même : la marque de la tasse à couvercle chinoise, 冠福股份, Guangfu.
La fabrique est dans le Fujian : Fujian Guanfu Modern Co., Ltd.