Chine

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Mercredi 28 juillet 2010, 23h30. Sur le bureau depuis plus de quatre ans, il vient de la boutique d’antiquités de la Petite Pagode de l’Oie sauvage de Xi’an (en Chine). Un pot de porcelaine ainsi cassé et réparé, avec ses agrafes de fer et ses cicatrices bien visibles, c’est ce qu’il fallait pour permettre de croire, non pas tant à une authenticité forcément opaque, mais tout simplement à une longue vie intéressante.

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Dimanche 30 mai 2010, 22h, 93bis. Dans le chapitre 9, deux pots à crème anglais étaient entrés en scène pour affirmer l’ancienneté (et la permanence ?) du « Super Normal ». Dès le 1er chapitre (4 sept. 2008), un pot (mug) en verre, fabriqué en Chine, avait signifié, sans le dire trop fort, que la vie des objets avait basculé dans le XXIe siècle. On doit se rendre à l’évidence, le « pitcher » (c’est le mot qui nous manquait, qui attaque par surprise; c’est ce qui est inscrit sur l’étiquette Muji : Heatproof Glass Milk Pitcher, Made in China, 125 Ml) rejette dans le XXe siècle, et même avant, le très beau « creamer » de Johnson Bros, par son minimalisme, l’évidence de sa forme et de son matériau, la justesse de ses dimensions. Et aussi sa modernité « globale » et « durable » : fabriqué en grande série, il porte malgré tout des signes du « fait main »; en verre modeste, il se confond dans la cohorte des recyclables.

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Samedi 27 février 2010, 8h. Elle a été la candidate (voir : http://jlggb.net/blog2/?p=258) et, sans que ce soit ouvertement dit, la favorite. La mug de Xi’an connaît aujourd’hui ce qu’est l’existence d’une immigrée. L’existence est un lave-vaisselle. L’ébréchée risque la relégation.

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tasse-de-xianDimanche 13 décembre 2009, 9h. On en était là : les mugs Muji s’imposaient, malgré une défaillance (voir jlggbblog 1, « La maladie, 21 mai 2009). La remise en cause est venue d’une circonstance extérieure. Une soirée trop occupée, ou bien la fatigue : le lave-vaisselle n’a pas été lancé. Le matin, une candidate s’est présentée. Retour quelques semaines plus tôt, le 21 octobre 2009 avant midi, dans le bureau du directeur des études de l’Académie des Beaux-Arts de Xi’an. H.D. a passé plusieurs années à Paris. On est familier avec lui. Sa tasse à couvercle, où il tient toujours un thé chaud, a un air de parenté avec la défunte Spode. C’est que les chinoiseries sont retournées en Chine. Pas seulement pour la récente délocalisation de la fabrication de la Spode (voir jlggbblog 1, « La jalousie », 4 septembre 2008), mais il y a plus d’un siècle, par un métissage Orient-Occident des formes et des motifs. La tasse qui est là, de fabrication récente, à une forme cylindrique à grosses cannelures, une anse baroque et ergonomique, un motif « chinois » simplifié et géométrisé, mais elle évoque l’Angleterre, ou l’Autriche, ou la Turquie, aussi bien l’Impératrice Tseu-hi que la Reine Victoria. Elle incarne une idée de La Chine qui a prospéré ailleurs. Elle est en porcelaine épaisse mais amincie au bord, pas en faïence comme la mug Spode mais avec très exactement les mêmes dimensions. Robuste, un peu vulgaire, mais elle a du caractère et de l’élégance. En oubliant son chapeau, elle a fait une très bonne candidate mug, version retour à la tradition. Elle est partie pour Paris.

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Dans le bureau de H.D. à Xi’an, le 21 octobre 2009, un peu avant midi.

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Pour celles et ceux qui voudraient la même : la marque de la tasse à couvercle chinoise, 冠福股份, Guangfu.
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La fabrique est dans le Fujian : Fujian Guanfu Modern Co., Ltd.

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Vendredi 13 février 2009. Cette fois, c’est la mug Cornish Blue qui est retrouvée brisée. L’usure du temps, certes. Mais, ce vendredi 13, il faut comprendre ce qui peut pousser à bout une mug.
Les faïences Cornish Blue ont été fabriquées depuis 1926 par TG Green & Company à Church Gresley, Derbyshire, Angleterre. Le nom Cornish Blue se réfère aux couleurs du sud de l’Angleterre, pas à la région de fabrication. Les bandes blanches s’obtiennent par découpe et décollement de la couche bleue, avant glaçure. Dans les années 60, la fabrication traditionnelle avait été modernisée par la designeuse Judith Onions. La tasse ici cassée fait partie de cette série. Mais la fabrique victorienne n’a cessé de décliner. Vendue par la famille Green en 1964, elle a fait faillite en 2007. Puis, le patron de la firme d’ustensiles de cuisine Chomette, Charles Rickards, associé au consultant en design et en marketing Haydn Perry Taylor, dont l’épouse Vik est une fervente collectionneuse de Cornishware, ont repris la ligne classique aux bandes bleu et blanc. Depuis octobre 2008, elle est de nouveau vendue, fabriquée désormais en Chine « to the same high standards as ever ». Cet aveu de la Chine est ici, mais pas .

On l’a vu au chapitre précédent (La jalousie), la mug de Spode, elle aussi un classique anglais, est maintenant fabriquée (très mal) en Chine.

En 2009, TG Green ouvre une poterie artisanale dans sa maison traditionnelle de Derbyshire pour créer, en édition limitée, de nouvelles pièces au nouveau design.
Mais c’est dans l’environnement social qu’il faut chercher les vraies raisons de la dépression. Porté par le bon goût des nouveaux moyens-riches, le regain des valeurs sûres d’une tradition confortée par un design et un commerce choisis (les années 80, Conran, Habitat) s’est dispersé : retour nostalgique aux racines paysannes et nationales (poterie de Cliousclat « savoyarde »), création branchée connotant la petite série semi-industrielle (chopes Assoiffé de Tsé-Tsé en porcelaine de Limoges un peu grise), modernisme exotique chic (gobelets à soba japonais) — et la mug en verre minimaliste « super-normale » de Muji n’est même pas dans le champ.

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